première journée contre l’homophobie


article de la rubrique discriminations > homosexuels
date de publication : mercredi 18 mai 2005
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La première Journée mondiale de lutte contre l’homophobie a célébré, mardi 17 mai 2005, le quinzième anniversaire de la décision de l’organisation mondiale de la santé (OMS) de retirer l’homosexualité de la liste des maladies mentales. [1]

Lancée par les associations de défense des homosexuels et soutenue par d’autres mouvements, telle la LDH, la journée mondiale de lutte contre l’homophobie est un premier pas vers la reconnaissance mondiale des violences liées à l’orientaion sexuelle et l’identité de genre.


L’homosexualité n’est pas un crime !

Communiqué commun ( 17 mai 2005 ) - extraits

Pour en finir avec la pénalisation de l’homosexualité dans le monde

A l’occasion de la Journée Mondiale de Lutte Contre l’Homophobie, dont la première édition aura lieu le 17 mai prochain, le Cercle d’Action pour la Promotion de la Diversité en France (Capdiv), et la Ligue française des Droits de l’Homme (LDH) avec les signataires de cet appel souhaitent alerter l’opinion publique sur les situations dramatiques vécues par les personnes lesbiennes, gaies, bi ou trans (LGBT) dans tous les pays du monde où l’homosexualité est passible de poursuites pénales.

« Les homosexuels sont pires que les porcs et les chiens » (Robert Mugabe, président du Zimbabwe, 1995)

« Pour les homosexuels, l’islam a prescrit les peines les plus sévères [...] » (Ayatollah Musava Ardelsili, Téhéran, 1998)

Aujourd’hui, dans quatre-vingts Etats au moins, les pratiques homosexuelles sont condamnées par la loi (Algérie, Sénégal, Cameroun, Ethiopie, Liban, Jordanie, Arménie, Koweït, Porto Rico, Nicaragua, Bosnie...), dans de nombreux pays, cette condamnation peut aller au-delà de dix ans (Nigeria, Libye, Syrie, Inde, Malaisie, Jamaïque...), parfois la loi prévoit la perpétuité (Guyana, Ouganda), et dans une dizaine de nations, la peine de mort peut être effectivement appliquée (Afghanistan, Iran, Arabie Saoudite, Mauritanie, Emirats Arabes Unis, Yémen, Pakistan, Soudan, Tchétchénie).

Au-delà des sanctions prévues par la loi, la violence policière ou sociale soumet souvent les personnes LGBT de ces pays à la stigmatisation, à l’intimidation, au harcèlement, à la torture. Leurs pratiques sont jugées contraires à la nature, à la culture, au christianisme, à l’islam, au communisme, etc. Dans les zones urbaines, la clandestinité est de rigueur, et dans les zones rurales, l’isolement prévaut. L’homosexualité est le tabou par excellence. Dès lors, les logiques homophobes se perpétuent dans le silence et dans l’impunité.

Il y a cependant quelques raisons d’espérer. En 1996, avec la fin de l’Apartheid, l’Afrique du Sud où l’homosexualité était naguère un crime, est devenue le premier pays au monde dont la constitution protège explicitement tous les citoyens, quelle que soit leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. Un homme qui participait à la Gay Pride de Johannesburg, il y a quelques années disait : « je ne suis rien qu’une drag-queen de rien du tout ; mais tu sais quoi ? depuis que j’ai entendu parler de cette constitution, je me sens libre à l’intérieur. »

Toutefois, ces initiatives courageuses sont toujours très menacées. Ainsi, en août 2004, 39 travestis, membres de l’association Blue Diamond, ont été arrêtés à Katmandou, et une plainte a été déposée contre cette association qui « cherche à obtenir la légalisation des activités homosexuelles », le code civil népalais prohibant « les activités contre nature ».

Le 17 mai prochain, la Journée Mondiale de Lutte Contre l’Homophobie sera célébrée dans quarante pays à travers le monde. Mais dans tous les pays où l’homosexualité est passible de poursuites pénales, les conditions politiques et sociales rendent la mobilisation particulièrement difficile. Ainsi, le correspondant national de la Journée mondiale au Sénégal a été récemment victime d’une campagne de presse particulièrement homophobe, il a été passé à tabac, et a dû fuir la ville où il habitait jusqu’alors.

Capdiv et la LDH avec les signataires de cet appel s’associent à la Journée mondiale en interpellant publiquement les gouvernements qui continuent à pénaliser l’homosexualité dans le monde.

Nos associations entendent ainsi attirer l’attention de l’opinion publique sur le Sénégal, qui n’est malheureusement qu’un exemple parmi de nombreux autres. Le 17 mai prochain, travaillant en étroite collaboration avec les militants sénégalais, un rassemblement sera organisé devant les locaux de l’ambassade du Sénégal à 17h30. [...]

Parmi les signataires de cet appel :

Act Up,
Aide médicale internationale (AMI),
Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF),
CAPDIV,
Conseil national des associations familiales laïques (CNAFAL)
Fédération internationale de la Ligue des Droits de l’Homme,
France Terre d’Asile,
Ligue des droits de l’Homme (LDH),
Syndicat Magistrature (SM),
Union Syndicale Solidaires (G10).

Un réseau national d’aide aux homosexuels agressés et discriminés

[Le Monde - 17 mai 2005]

Des homosexuels sont morts sous les coups ces dernières années en France parce qu’ils étaient homosexuels, d’autres ont enduré des discriminations : pour leur venir en aide, un réseau national vient d’être créé par une quinzaine d’associations, appuyées par des avocats. L’idée de ce réseau est née en janvier 2004 après l’agression, très violente, d’un homosexuel de 35 ans à Nœux-les-Mines (Pas-de-Calais). Sébastien Nouchet avait été agressé dans son jardin par plusieurs individus qui avaient crié "tu vas crever, sale pédé", avant de l’asperger d’essence et de mettre le feu. Brûlée au troisième degré, la victime avait été longtemps hospitalisée.

Son avocat, Me Jean-Bernard Geoffroy, du barreau de Béthune, préside aujourd’hui le Réseau d’assistance aux victimes d’agressions et de discriminations (Ravad) en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. "Il s’agit d’offrir le soutien moral des associations et le soutien juridique et judiciaire de professionnels du droit", a insisté Me Geoffroy, lundi 16 mai, lors d’une conférence de presse à Paris.

Le réseau, qui devrait être prochainement doté d’un numéro de téléphone et d’un site Internet, n’a pas vocation à engager systématiquement des actions judiciaires, relève l’avocat. "Il peut aider à monter un dossier pour saisir la Halde" (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité), mais aussi essayer de régler un conflit à l’amiable, en toute confidentialité.

"PAS DE PÉDÉ CHEZ NOUS !"

En 2002, François Chenu était battu à mort par trois skinheads, dans un parc de Reims, connu pour être un lieu de rencontres homosexuelles : les agresseurs s’étaient cachés derrière un buisson pour guetter le passage d’un homo... En 2004, à Marseille, David Gros, 26 ans, était frappé à coups de casque de moto et de barre de fer par une bande de jeunes qui lui lançaient : "Pas de pédé chez nous !"

Après cette agression à Marseille, c’est un Collectif contre l’homophobie basé à Montpellier qui avait pris l’initiative d’imprimer un appel à témoins : "Nous avions eu une vingtaine d’appels utiles à l’enquête, rappelle Hussein Bourgi, le vice-président du Ravad, puisque les agresseurs de David avaient déjà sévi au cours des six mois précédents, sans prendre la précaution de cacher leur visage."

Mais le Ravad vise aussi à mettre au jour les discriminations ordinaires. Hussein Bourgi cite le cas d’un élève de Perpignan, frappé et systématiquement traité de "tarlouze" depuis deux ans dans son lycée. Il évoque les humiliations endurées par une factrice de l’Hérault, dont un collègue avait incidemment appris qu’elle vivait avec une femme. Tous les matins, au centre de tri, la factrice lesbienne "trouvait des photographies pornographiques collées sur son bureau, de la morue séchée dans son tiroir", relate Hussein Bourgi. La jeune femme avait souffert d’une dépression, avant de demander à changer de service.

Notes

[1Lire l’article L’homosexualité est-elle normale ? sur le site de Thierry Lenain, auteur d’ouvrages pour la jeunesse.


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