Il faut lire :
Vous reprendrez bien un petit prélèvement A.D.N. ? par Swâmi Petaramesh ! Pour vous en convaincre, en voici une brève synthèse.
Cela fait deux soirs successifs que les journaux télévisés nous vantent la merveilleuse histoire d’un violeur et meurtrier (présumé, n’oublions pas le "présumé") qui vient d’être arrêté près de vingt ans après les faits, confondu par un prélèvement A.D.N. à retardement...
Certes, on peut se féliciter avec la famille de la victime que le violeur et meurtrier présumé de leur fille ait enfin été arrêté après tant d’années, et que cette famille puisse espérer voir un jour la fin judiciaire de cette affaire. C’est certainement une bonne chose pour cette famille, et c’est certainement un beau succès policier. Si l’on croit et adhère aux principes et au fonctionnement même de notre système judiciaire et pénitentiaire, alors on pourra même se féliciter à l’idée que le criminel présumé sera prochainement jugé et, le cas échéant, condamné, et incarcéré.
Toutefois, la manière dont ce fait divers nous est aujourd’hui présenté dans les journaux télévisés sonne comme une véritable propagande, une véritable campagne de publicité.
"Le fichier FNAEG permet d’arrêter des criminels" : encore heureux, sinon à quoi cela servirait-il donc ?
Mais à quel coût pour la société ?
A quel coût, non pas en termes financiers, mais en termes de libertés ?
Hier soir à Soir 3, Marie Drucker interrogeait le dirigeant du labo de police scientifique de la Gendarmerie Nationale. Ce monsieur, affirmait que les comparaisons A.D.N. offraient un taux de certitude de 99,9%. On imagine aisément un tel expert utiliser l’argument devant un jury de cour d’assises : « Fiable à 99,9%, mesdames et messieurs les jurés ! »
On imagine aisément l’impact de tels propos sur des jurés, les effets de manches du procureur : « l’A.D.N. ! la reine des preuves ! »
Mais voilà, il suffira peut-être d’être passé deux heures avant un crime, par le plus grand hasard, sur le lieu où se déroulera celui-ci, et d’y avoir laissé un mégot imprégné de notre salive, pour que celui-ci devienne "le mégot de l’assassin", et nous, ah ben merde... l’assassin, tiens. Avec la Reine des Preuves, puisqu’il y a notre ADN dessus [3].
Et maintenant, prêt pour un petit prélèvement A.D.N. avec Swâmi Petaramesh ?
[1] Notez au passage que, dans notre pays, un prélèvement et un fichage A.D.N. peuvent vous être imposés si vous avez affaire avec la police pour les faits les plus insignifiants ou les moins criminels qui soient ... A titre d’exemple : un dangereux syndicaliste qui a refusé d’être génétiquement fiché.
[2] FNAEG : "Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques". Voir une page qui lui est consacrée sur le site du ministère de l’intérieur : http://www.interieur.gouv.fr/rubriq....