mouvement lycéen : les parents demandent l’arrêt des poursuites


article de la rubrique démocratie > mouvement lycéen du printemps 2008
date de publication : jeudi 15 mai 2008
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Les parents d’élèves du lycée Beaussier soutiennent “leurs gosses”. La Fcpe demande l’arrêt des poursuites.


Manifestation unitaire devant Beaussier

par Caroline Martinat, Var-Matin, le 14 mai 2008

Serons-nous capables de choisir l’éducation que nous voulons ? C’est cette question qu’ont posé ensemble hier soir, élèves, parents d’élèves et professeurs du lycée Beaussier, réunis pour une manifestation conviviale autour d’un apéritif.

Avec chacun leur préoccupation, leurs moyens d’actions, ils dressent le même constat et ont affirmé leur attachement au même objectif. « Nous voulons sauver les postes et sauvegarder un enseignement de qualité  », résume Patrick Dondeyne, professeur de sciences économiques et sociales. Prenant la parole au nom des parents, Daniel Blech a rappelé les objectifs du comité de parents créé au lendemain des incidents du 30 avril. Ils passent par la défense des huit jeunes interpellés et de leurs familles et l’instauration d’un véritable dialogue avec l’administration de l’Éducation Nationale. « L’absence de dialogue entraîne un durcissement du conflit et on ne s’en sort plus. Nous refusons une attitude peu respectueuse de la future citoyenneté des élèves.  »

Au nom des élèves, Nicolas a remercié les parents pour leur présence vigilante, le matin devant le portail, entre police et administration.

« Pas contre, mais pour » l’Éducation nationale

Enfin Christiane Giraud, professeur de lettres classiques, a rappelé que les mouvements des profs et des lycéens étaient «  convergents mais autonomes ». « En aucun cas nous ne manipulons les élèves » a-t-elle martelé, avant d’insister sur le sens du blocage. « Un blocage non pas contre, mais pour : pour avoir des profs et pour travailler car la réforme de l’Éducation Nationale ne se fait pas avec une calculette mais avec des programmes, de l’intelligence et de la matière grise, de la pédagogie, pour apprendre aux élèves à construire leur pensée. »

Tous ont appelé élèves, parents et profs à être nombreux jeudi matin à 8 heures devant le lycée pour un départ groupé à la manifestation qui aura lieu à Toulon, place de la Liberté à 10 heures à l’occasion de la journée nationale de grèves.

Caroline Martinat

Vendredi 2 mai devant le lycée Beaussier (photo Laurent Martinat, Var-Matin).

« Nous protestons parce qu’on a tapé sur nos gosses »

par Laurence Artaud, La Marseillaise du 12 mai 2008

Mobilisation des lycéens. A La Seyne, des parents du lycée Beaussier s’organisent, avec des enseignants, pour soutenir et veiller sur leurs enfants.

Mireille Laugier, la maman de Nicolas raconte : « Les policiers l’ont menotté, traîné jusqu’à leur véhicule. Son tee-shirt a été déchiré, son pantalon arraché. Il s’est retrouvé en slip...  ».

Son fils aura 17 ans dans dix jours. Il est élève au lycée Beaussier à La Seyne, et ne conçoit pas que les conditions d’enseignement du secteur public se dégradent. En particulier à cause de la suppression de postes de professeurs : ne serait-ce que dans son établissement, ces derniers seront sept de moins, lors de la prochaine rentrée.

A moins que...

Nicolas et ses camarades participent aux manifestations lycéennes et protestent en mettant en place des barrages filtrants à l’entrée de Beaussier (le blocus total a été levé).

Mercredi 30 avril au matin, lors d’un sit-in organisé dans ce cadre, Nicolas est interpellé par des agents de la police nationale. L’arrestation s’avérant plus que musclée, « Antoine, un élève qui rentrait en cours, a, face à une telle violence, le réflexe de s’interposer pour défendre Nico  », relate encore Mireille Laugier.

Rébellion et outrage

Embarqué lui aussi. Le lycéen est majeur. «  Il est inculpé pour violence. Il passera en jugement à la fin du mois  », poursuit la mère de Nicolas.
Quant à ce dernier, après sa garde-à-vue au commissariat de La Seyne, prélèvement d’ADN compris (si, si !), il est présenté au tribunal pour enfants. «  Le procureur a demandé une mise sous contrôle judiciaire, heureusement, le juge n’a pas suivi  », précise la maman. Toutefois, ajoute-t-elle, «  il est inculpé pour rébellion et outrage. Il devra travailler dans une association avant de passer en jugement, ultérieurement  ».

En attendant, le mouvement de protestation des lycéens se poursuit. Et à l’entrée du lycée Beaussier, les élèves maintiennent le barrage filtrant.
Mais échaudés, certains parents ont « décidé de ne plus les laisser seuls  », déclare Mireille Laugier. Chaque matin, à tour de rôle et en compagnie d’enseignants, ils assistent à l’ouverture du lycée.

Un élan spontané

«  Nous ne nous mêlons pas, mais nous sommes là  », explique une autre mère. «  Le mouvement appartient aux jeunes. Nous, nous protestons parce qu’on a tapé sur nos gosses  », renchérit un père. Les parents se sont ainsi regroupés dans un élan « spontané » en «  comité de parents relais  ». Parmi eux des adhérents d’associations de parents d’élèves, mais pas tous. C’est en tant que «  papas et mamans  » qu’ils agissent.

Après deux réunions, et avant une troisième programmée demain, « parents, enseignants et lycéens mobilisés » ont investi le centre-ville et son marché durant le week-end. Tracts à l’appui, ils ont soumis une pétition aux passants. Environ 1.500 signatures ont déjà été recueillies.

Le grand-père de Nicolas était là, lui aussi. Et il tient à le dire : «  Derrière la revendication des jeunes se profile la défense du service public en entier. Ces enfants nous ont donné un exemple de courage. Ils m’ont redonné espoir en l’avenir ».

Laurence Artaud

Motion votée le 12 mai 2008 au congrès de la Fcpe à Epinal

Non à la répression des lycéens
Arrêt des poursuites

Alors que la mobilisation des lycéens, des enseignants et des parents
contre les suppressions de poste et les réformes prévues à la rentrée
scolaire 2008 ne cesse de grandir, le gouvernement reste sourd à leurs
revendications concernant le service public d’éducation et choisit de
réprimer l’expression des lycéens lors de leurs actions.

Intervention musclée des forces de l’ordre qui n’hésitent pas à utiliser
flash-ball et matraques, garde à vue, mise en examen, prélèvements
ADN sont les réponses de l’Etat à ces jeunes.

Conseils de discipline, exclusions sont les seules réponses de
l’Education nationale aux lycéens les plus mobilisés.

La FCPE juge intolérable le recours à la répression à l’égard des jeunes
qui, en toute indépendance, font acte de citoyenneté et de
responsabilité en se mobilisant pour leur avenir.

Les parents d’élèves FCPE réunis en congrès national à Epinal les 10,11
et 12 Mai 2008 exigent l’arrêt immédiat de la répression et des
poursuites à l’égard des lycéens. Ils réclament l’ouverture de véritables
négociations sur la base de leurs revendications.


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