extrême droite en Europe


article de la rubrique extrême droite
date de publication : vendredi 12 janvier 2018
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Le 15 décembre, l’extrême droite revenait au pouvoir en Autriche, le lendemain, les partis d’extrême droite européens se réunissaient à Prague. La résurgence de mouvements fascistes affecte de nombreux Etats membres.


**Le graphique ci-dessous, paru en 2016 sur les pages de France Culture, illustrait une « poussée extrémiste ni uniforme, ni convergente » et qui n’a pas pour corollaire immédiat la crise économique ou un fort taux de chômage.
 [1]

"Le 15 décembre 2017, l’extrême droite est revenue au pouvoir en Autriche, presque 18 ans après le Gouvernement Schüssel. Le Freiheitliche Partei Österreichs (FPÖ) a beau abriter des néo-nazis, tenir des discours ouvertement racistes et islamophobes, siéger comme le Front national au sein du groupe Europe des Nations et des Libertés au Parlement européen, seuls les socialistes français et européens ont à la fois dénoncé son entrée au Gouvernement et le fait qu’il obtienne pas moins de trois ministères régaliens, l’intérieur, la défense et les affaires étrangères parmi six ministères au total.

La droite européenne se félicite de cette coalition. Et comme M. Wauquiez en France, la droite européenne regarde son avenir vers l’extrême droite : c’est ce qui explique que M. Orbán, soit toujours protégé par le Parti Populaire européen, comme si la politique menée en Hongrie était conforme aux valeurs fondamentales." [2]

***"Des dirigeants de partis d’extrême droite européens, dont Marine Le Pen et Geert Wilders, se sont réunis le 16 décembre, à Prague pour une conférence controversée, au milieu de mesures de sécurité renforcées face à l’annonce de manifestations contre la xénophobie.

Alliés au sein de l’Europe des nations et des libertés, un groupe politique du parlement européen fondé il y a deux ans, les partis déclarent se concentrer sur la coopération en Europe, en dehors des structures de l’Union européenne, lors de cette conférence intitulée "Pour une Europe des nations souveraines".

Marine Le Pen, qui a perdu la finale de l’élection présidentielle française au bénéfice d’Emmanuel Macron en mai, et Geert Wilders, à la tête du Parti néerlandais pour la Liberté, y siégeront aux côtés de Lorenzo Fontana de la Ligue du Nord italienne ou de Georg Mayer du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ). Les organisateurs citent parmi les participants le Belge Gerolf Annemans, le Polonais Michal Marusik, ainsi que Marcus Pretzell de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) et Janice Atkinson, ancien membre du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (Ukip).

La police tchèque a renforcé ses mesures de sécurité suite à des annonces de manifestations de groupements de gauche, dont un blocus de la banlieue de Prague où la conférence doit se tenir. La police devra aussi veiller à la sécurité personnelle de Geert Wilders, confronté à des menaces de mort pour ses propos hostiles à l’islam.

- Montée de l’extrême-droite -

La conférence se tient deux mois après que le parti d’extrême droite tchèque SPD (Liberté et Démocratie Directe) de l’homme d’affaires Tomio Okamura, né à Tokyo, a bénéficié du soutien de 10% des électeurs lors du scrutin législatif, grâce à son discours fermement anti-islam et anti-UE, dans un contexte de montée des mouvements d’extrême-droite en Europe.

Soutenu par Marine Le Pen, le SPD a gagné 22 sièges au parlement tchèque, qui compte 200 députés.

Tomio Okamura a bénéficié du soutien du président tchèque Milos Zeman, un homme de gauche connu pour son discours pro-russe, pro-chinois et anti-musulman, qui a assisté à un congrès du SPD le week-end dernier.

Milos Zeman, qui a déjà comparé la crise migratoire à "une invasion organisée" et considère les musulmans comme des gens "impossibles à intégrer", est le grand favori de l’élection présidentielle en janvier 2018.

La République tchèque, qui s’oppose avec véhémence au système européen des quotas de relocalisation des migrants, a accueilli seulement 12 migrants sur son sol, dans le cadre de ce programme. La minorité musulmane est quasi inexistante dans ce pays de l’UE de 10,6 millions d’habitants.

Les différents partis tchèques comptent malgré tout capitaliser sur la crainte du terrorisme et des dépenses sociales potentielles, pour muscler leurs campagnes électorales avec des accents anti-musulmans et anti-immigrés." (AFP - 16/12/2017)

***En septembre 2017, les élections législatives en Allemagne se sont traduites par la montée de la formation d’extrême droite AfD (Alternative pour l’Allemagne). Avec 13,5 % des voix, ce parti devrait envoyer 86 à 89 députés au Bundestag. Partisan d’une sortie de l’Allemagne de l’euro, l’AfD prône des positions traditionnelles sur la famille (…), réclame l’annulation de Paris sur le climat (…) et remet en cause le consensus mémoriel des Allemands fondé sur le repentir. M Gauland n’a pas hésité à vanter les « performances des soldats  » de l’armée d’Hitler.

Marine Le Pen (…) a salué la percée du parti d’extrême droite, y voyant « un nouveau symbole du réveil des peuples européens ». [3]

***Dans les «  Billets du temps perdu  », de septembre 2017, Guillaume Gendron, Mathieu Ait Lachkar, Ariane Debernardi, recensent les manifestations de la montée de l’extrême droite dans le monde dont, en Europe. [4]

Des extraits ci-dessous :

" A Berlin , 500 nostalgiques du IIIe Reich étaient de sortie, toujours mi-août, pour célébrer le trentième anniversaire de la mort de Rudolf Hess, grand camarade de Hitler.

Début septembre, en Angleterre cette fois : dans les environs de Birmingham, la police arrêtait, en vertu de la loi antiterroriste, quatre soldats suspectés d’être membres de l’organisation néonazie National Action, récemment interdite.

La Grèce, elle, se débat depuis deux ans avec le procès de 69 militants et députés du parti néonazi Aube dorée, accusés d’avoir « formé une organisation criminelle ».

En Suède, les fascistes en chemises blanches et cravates noires du Mouvement de résistance nordique (MNR) entendent à nouveau défiler, le 30 septembre, cette fois devant une synagogue de Göteborg, le jour de Yom Kippour, avec la bénédiction des autorités. (...) Ragaillardi, le MNR, aussi connu sous le nom de « Nordfront », se fait de plus en plus visible et bruyant, y compris chez les voisins finlandais et norvégiens , et notamment en ligne (...).

En Pologne, dans une relative indifférence médiatique, les phalanges du Camp national-radical, groupuscule prohibé par les autorités et connu pour brûler des effigies de juifs hassidiques en public, ont paradé par centaines dans le centre de Varsovie, en chemises brunes et brassards verts courant avril. Pour les médias polonais, il s’agissait du premier défilé nazi dans la capitale depuis 1945.

Et puis, de l’autre côté de l’Atlantique, il y a eu à Charlottesville. Ce grand raout raciste à deux heures de route de Washington DC conclu, le 12 août, par la mort de Heather Heyer, militante antiraciste, passée sous les roues de la voiture bélier d’un sympathisant de Vanguard America, groupe ouvertement nazi.

Ainsi le Jobbik (fondé en 2003 sur les bases d’un mouvement étudiant ultranationaliste) a créé en 2007 une organisation de type paramilitaire, la « Garde hongroise », tout en s’implantant durablement au Parlement hongrois malgré l’existence d’un parti d’extrême droite plus mainstream, le Fidesz, dont le leader de Jobbik, Gábor Vona, est d’ailleurs issu. En 2014, Jobbik obtenait 20 % aux législatives (et 23 sièges) avec une rhétorique anti-roms et son vieux fond antisémite.

En Slovaquie, LSNS raflait en 2016 aux dernières législatives 14 des 150 sièges, surfant sur la popularité de son leader négationniste de 36 ans, Marian Kotleba, crâne rasé et fine moustache, adepte de l’uniforme fasciste."(...)

"Néanmoins, ce qui réussit le mieux aux néonazis, ce sont les élections européennes. En 2014, des partis ont pu accéder pour la première fois au Parlement européen, notamment le Parti national-démocrate allemand (un élu) et Aube dorée (trois). Le Jobbik y est présent depuis 2009. Outre la légitimation problématique offerte par Bruxelles, se pose la question du financement par l’Union européenne : « Aube dorée a dû obtenir pas loin de 300 000 euros grâce aux élections », estime ainsi Angélique Kourounis. Des limites de la démocratie."

****De son côté, l’AFP avait dressé en mars 2017, un « Panorama des principaux partis d’extrême droite dans l’Union européenne au lendemain des élections législatives aux Pays-Bas. » [5]

Voir extraits ci-dessous :

- Pays-Bas - Le Parti pour la liberté (PVV) anti-islam de Geert Wilders est devenu mercredi la deuxième force du Parlement néerlandais, derrière les Libéraux, avec 20 sièges sur 150 (résultats provisoires), soit cinq élus de plus que lors du dernier scrutin de 2012.

- France - Le Front national (FN), cofondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen, est présidé depuis 2011 par sa fille Marine, candidate à la présidentielle des 23 avril et 7 mai. (...) Le FN qui compte deux représentants à l’Assemblée nationale et deux au Sénat, a été le grand vainqueur du premier tour des élections régionales de décembre 2015 (27,7% des suffrages), mais a échoué à conquérir une région au second tour.

- Hongrie - Le Jobbik (Mouvement pour une meilleure Hongrie) présidé par Gabor Vona, est la deuxième force du parlement avec 24 députés.

- Autriche - Le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ) fondé en 1956 par d’anciens nazis est traversé tant par des courants pangermanistes que libéraux. (...) Le FPÖ compte 38 députés au parlement national.

- Allemagne -L’Alternative pour l’Allemagne (AfD), présidée par Frauke Petry,
formation populiste anti-migrants créée en 2013, flirtant avec l’extrême droite, ambitionne, à l’occasion des législatives du 24 septembre, de devenir le premier parti de droite dure à faire son entrée au Bundestag depuis 1945.

- Italie - La Ligue du Nord, vieux mouvement sécessionniste, s’est transformée sous l’impulsion de Mattero Salvini qui en a pris les rênes début 2014, en un parti anti-euro et anti-immigrés.(...)

- Belgique - Le Vlaams Belang (VB, Intérêt flamand) prône l’indépendance de la Flandre, province néerlandophone de la Belgique. Il occupe depuis juin 2014 trois des 150 sièges à la Chambre des représentants, en net recul, voyant son électorat siphonné par le parti nationaliste Nouvelle alliance flamande (N-VA).

- Grèce - Aube dorée (AD), le parti néonazi et xénophobe de Nikos Michaloliakos, a engrangé un nouveau succès aux législatives de septembre 2015 avec la réélection de 18 députés. (...)

- Suède - Les Démocrates de Suède (SD) ont réalisé une percée historique en septembre 2014 en devenant la troisième force du pays avec 13% des voix. Ils comptent 48 sièges au Parlement sur 349 après avoir exclu début février une députée pour antisémitisme. Créé en 1998 et présidé par Jimmie Åkesson, ce parti nationaliste et anti-immigration a pris ses distances avec les groupuscules racistes et violents, très actifs dans les années 1990.

- Slovaquie - Notre Slovaquie (LSNS), parti néo-nazi de Marian Kotleba, lancé en 2012, a tiré profit de la crainte des migrants pour faire en mars 2016 son entrée au Parlement, avec 14 sièges sur 150.

- Bulgarie - L’Union nationale Attaque (Ataka), dirigé par Volen Siderov, s’en prend aux minorités nationales, notamment Roms. Il a remporté en 2014 11 sièges au parlement, en net recul par rapport au scrutin précédent.

- Royaume-Uni - Le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (Ukip), sans être qualifié d’extrême-droite, est farouchement anti-immigré et europhobe.
Il s’est trouvé fin novembre 2016 un nouveau patron, Paul Nuttall, pour succéder à Nigel Farage, acteur-clé du Brexit."


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