Les déclarations xénophobes ont toujours existé. Mais aujourd’hui elles s’affichent publiquement, sans gêne, comme à
Lorgues (Var), le 4 septembre dernier : à l’occasion de la journée des associations, un stand de l’UFAC proposait à la vente des tee-shirts comportant l’inscription “La France aux Français”.
La Commission européenne contre le racisme et l’intolérance du Conseil de l’Europe l’avait écrit dans son dernier rapport sur la France : « plusieurs propos tenus notamment sur les questions d’immigration et d’intégration par les responsables politiques, y compris par des élus et des membres du gouvernement, ont été ressentis comme encourageant l’expression du racisme et particulièrement de la xénophobie ». [1]
Voir la mise à jour ci-dessous
Lorgues : la xénophobie étalée
[Source : le blog de la section de Draguignan de la LDH ]
Jeudi 9 septembre 2010
C’était à Lorgues, dans le Var, samedi 4 septembre, à l’occasion de la journée des associations. Entre des stands vantant les joies du sport et de la musique ou les charmes des promenades provençales, des membres de l’UFAC (Union Française des Anciens Combattants) vendaient des tee-shirts, exposant en toute quiétude une infecte xénophobie.
Le maire de la bourgade, passant par là et que visiblement le slogan ne choquait guère, discuta aimablement avec les vendeurs, tandis qu’un mannequin virevoltait autour du groupe, l’odieux message étalé sur la bedaine.
Sur le tee-shirt, au dessus de la phrase, un sigle et des initiales ANT TRN correspondant à l’ Association Nationale des Titulaires du Titre de Reconnaissance de la Nation.
Le Titre de Reconnaissance de la Nation est réservé à qui a participé pendant au moins 90 jours à un conflit et donnant droit à la constitution d’une rente mutualiste majorée par l’Etat qui bénéficie d’avantages fiscaux, à la qualité de ressortissant de l’office national des anciens combattants et victimes de guerre, au privilège de recouvrir le cercueil d’un drap tricolore et au port de la médaille de reconnaissance de la Nation.On peut penser, à priori, que ces bénéficiaires-là n’ont pas le cœur, sous la médaille, à souffler sur les braises de la haine raciale.
Quant à l’UFAC, qui proposait les tee-shirts, c’est une association française, reconnue d’utilité publique et qui assure la défense des droits moraux et matériels de toutes les catégories d’anciens combattants et de victimes de guerre, toutes générations confondues, vis-à-vis des pouvoirs publics. Au plan international, l’UFAC fut cofondatrice de la fédération mondiale des anciens combattants en 1950 et participe activement à ses initiatives en faveur de la paix et des droits de l’homme ainsi qu’à la mise en œuvre des principes directeurs des droits fondamentaux des anciens combattants et victimes de guerre présentés aux Nations Unies.
Des initiatives en faveur de la paix et des droits de l’homme ???
Cherchez l’erreur !
Alors de deux choses l’une, soit l’ANT TRN et l’UFAC sont des repaires de xénophobes hargneux et se livrent en toute conscience à la propagande ultra nationaliste, soit le groupuscule lorguais agit de sa propre initiative, raffermi dans son opinion par la certitude d’être en terrain favorable.
Car ce n’est pas la première fois qu’à Lorgues, par ailleurs charmante bourgade, on se laisse aller à l’insulte raciste. L’hiver dernier, elles étaient anonymes. Elles étaient homophobes aussi, visant un jeune peintre et une conseillère municipale.
La section LDH de Draguignan dénonce vigoureusement ces méthodes inacceptables.
Mise à jour (1er octobre 2010)
Contactées, les deux associations nationales ont réagi.
L’ANT-TRN – Alain Couperie, président national de l’ANT TRN a adressé aujourd’hui le courriel suivant :
J’accuse bonne réception de votre courrier.
En effet je suis au courant de ce qui s’est passé et j’ai réagi immédiatement en prenant contact téléphonique avec le président de cette section ANT-TRN dans le VAR pour savoir ce qui s’est passé.Bien entendu je ne cautionne pas cette chose et ne tolère pas qu’on associe notre logo national avec des idées personnelles cette initiative de création n’est pas une directive du siège national.
Je descends dans la dernière semaine d’octobre dans le VAR et je vais régler ce problème.
L’UFAC – Union Française des Anciens Combattants, a répondu par une lettre datée du 27 septembre dont vous trouverez la reproduction sur le site de la LDH de Draguignan : http://ldhdraguignan.blogspot.com/2....
[1] On lira également l’entretien avec Jean-Pierre Dubois, président de la LDH, « Politique sécuritaire : “une légitimation de la parole raciste” », publié le 3 septembre 2010 sur le site Public Sénat.