les vœux de Gilles Sainati pour 2012


article de la rubrique démocratie > sur le blog de Gilles Sainati
date de publication : mercredi 11 janvier 2012
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Gilles Sainati : « Je souhaite qu’on puisse s’identifier à la Déclaration des droits de l’Homme, qu’on revienne aux principes fondamentaux. C’est-à-dire une justice indépendante, contradictoire, efficace, démocratique et qui rende des comptes en dehors d’un débat démagogique. » [1]

Gilles Sainati est juge des affaires familiales à Béziers. Membre du Syndicat de la magistrature dont il fut le secrétaire général entre 1998 et 2000, puis vice-président en 2001, 2002 et 2004, il a publié plusieurs ouvrages sur le Droit dont La machine à punir : pratiques et discours sécuritaires en codirection avec Laurent Bonelli aux éditions L’esprit frappeur (2001) et La décadence sécuritaire, avec Ulrich Schalchli (2007) aux éditions La Fabrique.

Invité par la section de Toulon de la LDH, Gilles Sainati sera à Toulon, lundi 23 janvier 2012, de 18h30 à 20h, amphi 300 de la Fac de droit, pour une conférence-débat , sur le thème :

Contre l’arbitraire du pouvoir
Un avenir pour nos enfants : la Déclaration des droits de l’Homme


Une affichette de présentation : http://www.ldh-toulon.net/IMG/pdf/a....

[Mis en ligne le 2 janvier 2012, mis à jour le 11]



Pour une justice qui retrouve l’esprit des Lumières

le 1er Janvier 2012

2011 s’achève avec tristesse et espoir mêlés pour la justice française.
D’un coté nous constatons toute cette instrumentalisation du malheur humain qui conduit à faire régresser notre idéal de justice : chaque fait divers dramatique est prétexte à un recul des principes fondamentaux du droit et toutes ces manipulations de l’exécutif et de ses affidés pour privilégier la cour et ses intrigues de notre monarque électif réduisent le périmètre de notre Etat de droit.

De l’autre des indignations qui expriment l’intolérable, la volonté de changement et la soif de justice et de liberté, celle de cette conférence des procureurs de la République qui réclame plus d’indépendance, celles de ces juges et fonctionnaires de justice qui résistent aux manipulations médiatiques d’un pouvoir qui se sait aux abois… comme à Nantes ou à Paris.

2012, sera l’année du renouveau de la justice et celle des idéaux de 1789 ou de son basculement vers la barbarie et l’animalité comme l’exprime Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix 2010 dans sa philosophie du porc celle "qui se vautre dans la satisfaction immédiate de ses désirs … à rebours de tout idéal." [2]

Dans les prochains jours s’égrènera les cérémonies de voeux dans les juridictions, les bilans de l’année 2011, tous expliqueront à quel point leur service a été efficace, leur taux d’évacuation des affaires en progression avec toujours moins de moyens humains et matériels… mais sera oublié l’essentiel ; l’humain, ses drames, ses limites, ses absences, ses qualités, cette zone irrépressible qui conduit toujours l’homme à rebondir vers l’égalité et la liberté et construire son propre salut…

Bien plus, seront félicités les services qui traitent le plus souvent les individus comme des boucs- émissaires, ceux qui sont chargés de faire du chiffre avec les étrangers… au profit d’une politique migratoire suicidaire et caricaturale.

Nous sommes à la croisée des chemins, car ce qui est atteint ce n’est pas le confort de quelques fonctionnaires de justice dont certains médias et politiques se plaisent à souligner le corporatisme, ce qui est atteint en ce moment est le renoncement à tous nos principes issus de l’esprit des Lumières.
Tous les prétextes les plus fallacieux sont mis en œuvre pour nous faire régresser :

  • La gestion des flux judiciaires, comme si les drames qui déroulent devant la justice, les citoyens ( victimes ou prévenus, locataires ou bailleurs, consommateurs…) qui y sont jugés sont des numéros, des matricules, de simples dossiers : l’anonymisation de la souffrance humaine est le début d’une dictature…Les tenants du new public management sont les apprentis sorciers des nouvelles régressions en cours.
  • La caricature de cette souffrance qui devient non pas sujet à soins et à sollicitude mais instrument d’un nouvel asservissement soit de manière délibéré comme on peut l’observer dans le cortège législatif sécuritaire voté ces dix dernières années soit de manière plus latente dans toutes ces intentions législatives dont le seul but évident est de pénaliser encore plus une société complexe et qui se déchire.

La justice des Lumières que je nous souhaite de mes voeux pour 2012 va de pair avec le renouveau de l’Etat social, celui de l’universel, de la clarification et de l’équilibre des droits et devoirs tels que posés par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, bref une justice et une République qui renouent avec la liberté, l’égalité et la fraternité…

Tous mes voeux aux citoyen[ne]s engagé[e]s dans ce renouveau.

Gilles Sainati
Syndicaliste et magistrat
Citoyen et militant


Notes

[1Lire la suite sur le quotidien La Marseillaise du 9 janvier 2012 : http://www.lamarseillaise.fr/le-fai....

[2Voir la tribune d’Eddy Plenel : http://www.mediapart.fr/journal/int....


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