Une fois encore l’impératif de “sécurité” aura prévalu sur le respect des libertés individuelles : l’expérimentation des scanners corporels est lancée avant que la loi qui devrait l’encadrer ne soit adoptée.
Communiqué LDH
Paris, le 22 février 2010
Scanners corporels : le Parlement contourné,
les garanties des droits en souffranceUne expérimentation de « scanners corporels » a commencé ce 22 février à l’aéroport de Roissy sur les vols en direction des Etats-Unis.
Cette mise à l’essai débute alors que le projet de loi dit « Loppsi », dont l’article 18 bis encadre l’expérimentation de ce matériel, a été voté en première lecture par les députés mais n’a pas encore été examiné par le Sénat et est encore loin d’être entré en vigueur. La Ligue des droits de l’Homme constate que les gouvernants continuent ainsi à afficher sans complexes le peu de considération qu’ils éprouvent à l’égard de la représentation nationale.
Sur le fond, le recours à ce dispositif de contrôle porte une atteinte à l’intimité et à la vie privée équivalente à une fouille intégrale. Il ne saurait donc être envisagé que dans des hypothèses très strictement délimitées et avec des garanties précises. Certaines de ces garanties sont mentionnées dans le projet de loi (consentement de la personne, interdiction du stockage des données) mais d’autres sont renvoyées à un décret en Conseil d’Etat (détermination du champ d’application de ce nouveau système de contrôle).
La Ligue des droits de l’Homme appelle à la plus extrême vigilance face aux risques de généralisation de cette technique particulièrement inquisitoriale et à l’anticipation de sa mise en œuvre par rapport aux garanties des droits qui auraient dû l’accompagner.
Les députés ont approuvé, jeudi 11 février 2010, l’expérimentation de scanners corporels pour renforcer la sécurité dans les aéroports français. [1]
L’utilisation des scanners corporels se fera "avec le consentement de la personne" mais si le dispositif est "facultatif", la personne qui le refuse "ne prend pas l’avion", a souligné le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux.
Ce test est autorisé pour une période de trois ans à compter de la promulgation de la loi sur la sécurité intérieure (Loppsi 2).
L’analyse des images visualisées sera effectuée par des opérateurs ne connaissant pas l’identité de la personne et aucun stockage ou enregistrement des images ne sera autorisé.Un décret en Conseil d’Etat déterminera les aéroports et destinations pour lesquels le recours aux scanners sera autorisé.
Un nouveau fichage à l’horizon ?
Georges Moras pose la question. Après avoir abordé les problèmes relatifs à l’innocuité des procédés mis en oeuvre et à la confidentialité des données, il demande dans son blog si nous ne nous dirigeons pas vers un nouveau fichier ?
« Notre carcasse en 3-D,
une sorte d’hologramme, sera-t-elle archivée, mélangée à notre Adn, à
nos empreintes, à notre voix, à notre iris, et j’en oublie forcément,
pour obtenir enfin la traçabilité de l’homme ! »
Que fait la Cnil ? Elle publie un avis “balancé” : http://www.cnil.fr/la-cnil/actu-cni....
[1] Références :