les rencontres de Tamaris du 17 au 21 septembre


article de la rubrique démocratie > insoumission
date de publication : jeudi 9 septembre 2010
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Les Rencontres de Tamaris organisent une série de manifestations à La Seyne-sur-Mer (Var), du 17 au 21 septembre 2010, sur le thème Les écrivains et la chanson.

Jean Ferrat et Boris Vian seront évoqués. L’occasion de rappeler que, après avoir été interdit pendant plusieurs années, Le Déserteur est maintenant sans aucun doute la plus célèbre des chansons contre la guerre.

[Page mise en ligne le 4 août 2010, mise à jour le 9 septembre]



Le Déserteur

Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C’est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m’en vais déserter

Depuis que je suis né
J’ai vu mourir mon père
J’ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j’étais prisonnier
On m’a volé ma femme
On m’a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J’irai sur les chemins

Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens :
Refusez d’obéir
Refusez de la faire
N’allez pas à la guerre
Refusez de partir
S’il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n’aurai pas d’armes
Et qu’ils pourront tirer

Boris Vian


La chanson de Boris Vian a été publiée le 7 mai 1954, jour de la défaite de la France dans la bataille de Điện Biên Phủ qui marque la fin de la guerre d’Indochine.

Elle a vite été censurée : en janvier 1955, Paul Faber, conseilleur municipal de la ville de Paris, obtient que Le Déserteur soit interdit d’antenne. Boris Vian réagit d’abord en déclarant que sa « chanson n’est nullement antimilitariste, mais, je le reconnais, violemment pro-civile », puis il adresse à Paul Faber une lettre ouverte où on peut lire entre autres choses [1] :

« “Ancien combattant”, c’est un mot dangereux ; on ne devrait pas se vanter d’avoir fait la guerre, on devrait le regretter – un ancien combattant est mieux placé que quiconque pour haïr la guerre. Presque tous les vrais déserteurs sont des “anciens combattants” qui n’ont pas eu la force d’aller jusqu’à la fin du combat. Et qui leur jettera la pierre ? Non. si ma chanson peut déplaire, ce n’est pas à un ancien combattant, cher monsieur Faber. »

Censurée ou boycottée par la radio et par les maisons de disques, Le Déserteur tombe plus ou moins dans l’oubli. Marcel Mouloudji, qui avait été son premier interprète, est banni de la chanson française et condamné à une sorte d’exil artistique qui dure dix ans ; la censure n’a été levée qu’en 1962, mais Boris Vian était mort trois ans auparavant.

Voici Le Déserteur interprété par Boris Vian :

17 septembre 2010 - 21 septembre 2010
Les Rencontres de Tamaris (direction Jacques Vigoureux)

Les écrivains et la chanson

à la Villa Tamaris, Centre d’art,
et au Centre social et culturel Nelson Mandela,
à La Seyne-sur-Mer (Var)

Parmi les écrivains participants : Frédéric Brun, Belinda Cannone, Stan Cuesta, Bernard Fauconnier, François Taillandier.
Parmi les créateurs et interprètes de chansons Isabelle Aubret pour un hommage à Aragon et Jean Ferrat, Alice Dona pour célébrer un enfant du pays, Gilbert Bécaud, Mona Heftre qui interprètera des chansons de Serge Revzani, Claude Lemesle parolier, Mathilde Mauguière interprète des chansons d’écrivains, Jean-Claude Petit compositeur.
Et deux slameurs, Abdel Haq et Félix Jousserand.
Une exposition sur Jean Ferrat et sur « Les années Canetti » avec des
documents sur Boris Vian.

Les rencontres débutent à la Villa Tamaris, vendredi à partir de 17 heures, dans une scénographie mise au point par les élèves de Véronique Bigo à l’école d’architecture de Paris-La Villette et avec le bonimenteur Georges Perpès, et se poursuivent samedi de 15 à 18h30.

Lundi et mardi, on retrouvera Louis Aragon et Jean Ferrat au Centre social et culturel Nelson Mandela.

Entrées libres – par précaution, il est conseillé de s’inscrire au préalable :
Les Rencontres de Tamaris : 04 94 94 88 49 ou jacquesvigoureux@wanadoo.fr
Les Amis des Rencontres de Tamaris : 06 10 30 27 98 gerard.estragon@wanadoo.fr.

Pour en savoir plus : télécharger le programme [2]


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