les quatre interpellés de Forcalquier sont libres après passage en garde à vue


article de la rubrique justice - police > antiterrorisme
date de publication : jeudi 21 mai 2009
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Quatre personnes ont été interpellées lundi 18 mai 2009 à Forcalquier (Alpes de Haute-Provence) après la diffusion d’un tract considéré comme une menace pour le Directeur central du renseignement intérieur Bernard Squarcini – il aurait comporté des informations concernant une résidence dignoise du directeur de la DCRI. Tous seraient membres ou proches du Comité de sabotage de l’antiterrorisme (CSA), groupe de soutien au groupe de Tarnac et à Julien Coupat, incarcéré depuis six mois dans l’enquête sur les sabotages de ligne SNCF à l’automne 2008.

Tous quatre ont été libérés le 19 – de son côté, leur ami Bruno, mis en garde à vue le soir du 18, a été libéré le 20. Rien n’a été retenu contre aucun d’entre eux.

Faut-il voir dans ces interpellations de “malheureux excès de zèle” ou de nouveaux exemples du recours à la garde à vue comme moyen d’intimidation ? Le maire de Forcalquier, Christophe Castaner, s’est déclaré « surpris, car dans un pays démocratique on n’interpelle pas les gens au petit matin parce qu’ils ont diffusé un tract contre ce qu’il estime être un acharnement judiciaire. » Il ajoute que « l’extrême-gauche a le droit de s’exprimer. » [D’après la Provence]

[Mise en ligne le 19 mai, mise à jour le 21 mai]



Communiqué des fédérations LDH 13 et LDH 04

Marseille, lundi 18 mai 2009

Mensonges et atteintes à la liberté d’expression

Nous étions, vers 18h, une cinquantaine de personnes devant l’Hôtel de Police (l’évêché) pour soutenir Johanna Bouchardeau, François Bouchardeau, Samuel Autexier, Héléna Autexier, mis en garde à vue, depuis le matin, suite à leur engagement dans un comité de sabotage de l’Anti-terrorisme qui est de fait un comité de soutien, aux inculpés de Tarnac, à Forcalquier.

Une délégation (Andrée Reversat élue Verts au Conseil régional, Philippe Dieudonné, vice-président de la fédération des Bouches du Rhône de la LDH, Bruno Chiambretto du comité de Forcalquier) a été reçue par Mr Gauze, directeur interrégional de la Police judiciaire et deux de ses adjoints.

Après avoir affirmé « que ce n’était pas l’affaire du siècle, que tout était transparent, » il a précisé que les quatre personnes étaient entendues à la demande du parquet de Digne, suite à la diffusion d’un texte pour lui « anodin » comportant une photo. Cette photo représenterait un pilier du portail d’entrée de la résidence secondaire, à Digne, de Mr Squarcini (Directeur Central du Renseignement Intérieur). La police voulant déterminer « quelles étaient leurs intentions »., et qu’« ils seront vraisemblablement relâchés, le temps que l’on examine leurs ordinateurs ».

Bruno Chiambretto ayant demandé des nouvelles de la santé de ses amis, le directeur l’a invité à rester dans le bureau cependant que les deux autres membres de la délégation sortaient rendre compte de l’entrevue. De fait il s’agissait d’un piège pour mettre Bruno Chiambretto en garde à vue.

La LDH condamne fermement de tels procédés visant une personne qui est venue de son plein gré et qui n’avait rien à cacher. Le fait que ce piège ait été mis en œuvre par un haut fonctionnaire d’un service public représente pour la LDH une circonstance aggravante.

La LDH dénonce une fois encore des méthodes et des procédures d’exception débouchant sur la violation de principes fondamentaux de l’Etat de droit au constat notamment de la disproportion évidente entre les moyens mis en œuvre et une affaire concernant l’exercice de la liberté d’expression.

La LDH estime que ce nouvel épisode s’inscrit dans une instrumentalisation d’un pseudo terrorisme visant, dans une période pré électorale, à détourner l’attention sur les conséquences catastrophiques au plan social et économique de la politique actuellement conduite.

La LDH demande la mise en liberté immédiate de ces cinq personnes.

Arrêtés à Forcalquier pour un tract contre l’anti-terrorisme

La Provence, le 18 mai 2009 à 16H23


C’est un tract diffusé la semaine dernière à Forcalquier invitant à une journée contre l’anti-terrorisme le 8 mai qui a mis le feu aux poudres. En tête de l’affichette, une photo représentant la plaque d’entrée de la résidence dignoise de Bernard Squarcini, directeur central du renseignement intérieur.

Vers 6 heures ce matin, dans la commune des Alpes de Haute-Provence, quatre personnes du "Comité de sabotage de l’anti-terrorisme" ont été interpellées par le SRPJ de Marseille. Il s’agit de François Bouchardeau et sa femme, responsables d’HB Editions, une maison indépendante spécialisée dans la littérature contemporaine, ainsi que Samuel Autexier et sa sœur Héléna, qui animent la revue militante Marginales.

A travers ce Comité de sabotage de l’antiterrorisme (CSA), tous les quatre soutiennent le groupe de Tarnac et Julien Coupat, incarcérés depuis six mois dans l’enquête sur les dégradations de ligne SNCF à l’automne 2008.

Dans les milieux gauchistes, comme de source policière ils sont présentés comme "déterminés" mais "pas du genre têtes brûlées". "Ils n’ont pas le profil des encagoulés de fin de manifs, rapporte un militant. La violence, ce n’est pas leur truc".

Christophe Castaner, le maire PS de Forcalquier, a réagi à ces interpellations. L’élu considère que "dans un pays démocratique comme le nôtre, on n’interpelle pas les gens au petit matin parce qu’ils ont diffusé un tract dénonçant un acharnement judiciaire. On a quand même le droit d’émettre des réserves sur une décison de justice."

Des personnes que Castaner n’a "jamais vu violentes. Juste contestataires notamment contre moi puisque j’incarne le pouvoir."
"Une chose est sûre, c’est que ce sont, dans ma commune, des acteurs de la politique du livre."
Les quatre interpellés ont une culture politique forte et militent pour défendre leurs idées et "en tant que maire et citoyen", le socialiste rappelle que "l’extrême-gauche a le droit de s’exprimer."

Un rassemblement de soutien [était] organisé [lundi] soir à 18 heures devant l’évêché à Marseille.

Xavier Cherica et Karine Portrait


P.-S.

[Note du 23 mai] - Les huit personnes arrêtées lundi 18 mai (4 à Forcalquier, une à Marseille et 3 autres à Rouen) ont toutes été libérées sans être mises en examen (voir Libération).