les points noirs, tout en bas, à l’extrême droite


article de la rubrique extrême droite
date de publication : lundi 10 mars 2008
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De bons observateurs l’avaient écrit avant le premier tour des élections municipales : « dans le Sud-Est, les voix d’extrême droite suscitent toutes les convoitises. »
L’appareil Front national est mort, mais ses thèmes sont maintenant repris par la droite, le département des Alpes-Maritimes en est le triste exemple.

Dernière minute - Nicolas Sarkozy sera demain mardi 11 mars à Toulon, où une liste de droite sans complexe conduite par Hubert Falco a été élue dès le premier tour.


H. P. (Cuverville, juillet-août 1997)

En Vaucluse

Orange aime les vestiges du passé

Jacques Bompard (extr. droite) 60,97 % [29 élus]
Union de la gauche 21,86 % [4 élus]
UMP 12,05 % [2 élus]
DVD 5,13 %

Dans les Bouches du Rhône

Marignane refuse le recyclage

Eric Le Disses (DVD) 38.16 %
Daniel Simonpieri (maire sortant UMP ex FN-MNR) 28.20 %
Gomez (PS) : 25.26%
Adoucet (MODEM) : 6.04%
Petit (SE) : 2.34%

Et Vitrolles oublie les Mégret

Union de la gauche 48,41 %
UMP 27,58 %
FN 9,74 %
MoDem 6,68 %
Ext. gauche (2 listes) 7,59 %

Les Alpes Maritimes

Détecter les parents sans papiers au moment où ils inscrivent, en mairie, leurs enfants à l’école, Brice Hortefeux en avait peut-être rêvé, mais Jacques Peyrat, maire sortant (UMP suspendu, ex-FN), avait tenté de le mettre en pratique à Nice. Dans la perspective de la rentrée scolaire 2008, les mairies de quartier ainsi que le service des affaires civiles procèdent en effet à des préinscriptions d’enfants. Mais, d’après Resf 06, « alors qu’auparavant il n’était demandé au parent qu’un livret de famille et un certificat de vaccination, il est maintenant exigé, à Nice, un document d’identité avec photo de la personne qui vient solliciter une inscription ».
Jacques Peyrat avait écrit au préfet le 24 janvier dernier, expliquant que « l’usager sollicitant l’inscription de son enfant sera amené à présenter à l’agent municipal un document d’identité pouvant laisser présumer que sa présence sur le sol français est illégale… ». Et le sénateur maire de demander au préfet s’il ne lui semble pas « opportun qu’une procédure d’alerte entre les services de la mairie de Nice et l’État soit mise en place sur la base de ces éléments ». Autrement dit, il demandait son feu vert au préfet pour que le guichet des inscriptions scolaires, obligatoires, puisse devenir le bureau des dénonciations de sans-papiers. [1]

Le ministre de l’Outre-mer et président du conseil général des Alpes-Maritimes, Christian Estrosi, propose une « suspension exceptionnelle du droit du sol à Mayotte où l’immigration clandestine est un problème majeur (…) de façon à ce que tout enfant né de parents en situation irrégulière ne puisse pas demander la nationalité française » [2]

Nice et ses deux crocodiles

Christian Estrosi (UMP) 35,80 %
Jacques Peyrat (maire sortant DVD)23,14 %
Union de la gauche 22,30 %
Div. gauche 6,48 %
FN 4,16 %
MoDem 3,11 %
N.I.S.S.A. (Ext. droite) 3,03 %
Ext. gauche 1,98 %

Le Cannet plébiscite le “passé glorieux de la France en Algérie

Michèle Tabarot (maire sortant UMP) 64,96 % [36 élus]
Union de la gauche 21,37 % [4]
Div. droite 13,66 % [3]

Cagnes sur Mer garde son conseiller municipal ancien commando delta de l’OAS

Louis Nègre (maire sortant UMP) 56,17 % [34 élus]
Santinelli (Union de la gauche) 22,86 % [5]
FN 11,81 % [2]
MoDem 9,16 % [2]

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Dans le Sud-Est, les voix d’extrême droite suscitent toutes les convoitises

par Paul Barelli et Michel Samson, Le Monde du 2 mars

Jean-Marie Le Pen, le président du Front national, est venu vendredi 29 février à Marseille soutenir le candidat de son parti à la mairie de la ville, Stéphane Ravier. Déroulant le fil habituel de son discours sur l’immigration et l’insécurité, il a brocardé "la débâcle sondagique" du président Sarkozy. Il a réglé ses comptes avec le maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin, dont il a rappelé par deux fois qu’il ne lui "pardonne toujours pas d’avoir dit un jour : "Il ne doit pas y avoir un député du Front national à l’Assemblée nationale"".

Autant dire que, s’ils dépassent la barre des 10 %, en particulier dans deux secteurs détenus par la droite (3e et 6e), ses amis se maintiendront pour le second tour, ce qui pourrait faire chuter le maire de Marseille.

Si le FN conserve un pouvoir de nuisance important à Marseille et dans quelques cités de Provence-Alpes-Côte d’Azur, le temps n’est plus celui de 1995, où il avait conquis quatre municipalités de la région. Battu en mars 2001 à Toulon, Jean-Marie Le Chevallier a, depuis, quitté la politique et la France. Dans le Vaucluse, Jacques Bompard, passé au Mouvement pour la France (MPF), se présente sans étiquette à Orange. Dans les Bouches-du-Rhône, Catherine Mégret, l’ancienne maire (FN), a abandonné Vitrolles, tandis qu’à Marignane, Daniel Simonpieri, passé du FN au MNR et désormais inscrit au groupe UMP du conseil général, a reçu l’investiture de l’UMP pour les municipales.

L’extrême droite organisée n’a aucune chance de conquête en PACA. Cette disparition, parfois attribuée aux crises internes du FN, a peut-être une autre raison, qu’avait exprimée quelques mois avant le scrutin de mars 2001 un adjoint de Jean-Marie Le Chevallier : "Au fond, on est peut-être incapables de gérer une grande ville."

Le mandat de M. Le Chevallier, vilipendé, sur la fin, par le FN lui-même, s’est terminé dans un grand désordre : une société d’économie mixte en déshérence, des centres de loisirs fermés pendant des semaines, des institutions culturelles sabotées, une majorité explosée avec quatre listes d’extrême droite en compétition.

Jean-Louis Bouguereau, le candidat FN au scrutin du 9 mars, revient sur cette fin sans gloire : "Je savais que quand je critiquais Jean-Marie Le Chevallier, je me tirais une balle dans le pied, mais je devais dénoncer ses dérives." Aujourd’hui, pour discréditer le maire sortant UMP Hubert Falco, il tente de remettre à l’honneur le bilan de l’extrême droite à la tête de la municipalité, mais personne n’a oublié qu’il en dénonçait violemment "le clientélisme" en 2000. La fin de Catherine Mégret, maire FN de Vitrolles entre 1997 et 2002, n’a pas été plus glorieuse. Son mari, Bruno Mégret, président du MNR, élu en 1995 mais frappé d’inéligibilité et remplacé par sa femme, a été condamné, en 2006, pour avoir utilisé les moyens de la mairie pour financer sa campagne présidentielle de 2002. Robert Alfonsi, candidat PS à la mairie de Toulon, le répète volontiers : "L’appareil Front national est mort, les associations satellites aussi, mais les idées n’ont pas disparu." Il les entend tous les jours dans sa campagne. Vers quels candidats ces voix de l’électorat d’extrême droite vont-elles se déplacer ?

Jacques Peyrat, maire sortant de Nice, ex-député FN passé à l’UMP puis suspendu de ce parti, se présente en dissident contre le secrétaire d’Etat à l’outre-mer, Christian Estrosi. Il connaît bien ces électeurs. Nicolas Sarkozy a "siphonné le Front national en 2007", dit-il, persuadé que, chez eux, la déception "est très grande aujourd’hui". Lui qui bataille depuis 1965 au sein de la droite niçoise détaille les catégories, à ses yeux, les plus déçues : "Les pieds-noirs, les anciens combattants, les petits commerçants avalés par les grandes surfaces." Pourtant, il ne croit pas que ces gens-là puissent revenir vers le FN niçois : "Il manque un leader charismatique et des militants accrocheurs." Et il conclut : "Les plus intelligents vont revenir vers moi."

A Toulon, l’ancien électorat frontiste ne devrait pas peser beaucoup non plus : Jean-Louis Bouguereau vise les 10 % qui lui permettraient de se maintenir au second tour, mais il faudrait que le maire sortant, Hubert Falco, soit en bien mauvaise posture pour cela change le sort des urnes. A Marignane, le Front national, incapable de présenter une liste, appelle discrètement à "faire barrage à Simonpieri". Mais le soutien de Jean-Claude Gaudin offre au maire une respectabilité qui devrait suffire à le faire réélire.

Paul Barelli et Michel Samson

P.-S.

Toulon réélit Hubert Falco dès le premier tour, à la tête d’une liste de droite sans complexe :

Hubert Falco (maire sortant UMP) 65,20 % [53 élus : +4]
Robert Alfonsi (PS) 14,10 % [4 élus]
FN 6,55 % [2 élus : +2]
MoDem 4,36 %
PC 4,30 %
Verts et Ecolo (2 listes) 4 %
LCR 1,40 %

Notes

[1L’Humanité, le 28 février 2008

[2L’Humanité du 25 février).


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