les cathos anti-IVG contre le CSA


article de la rubrique extrême droite > l’extrême droite catho
date de publication : jeudi 7 août 2014
version imprimable : imprimer


La droite catholique anti-IVG a lancé une campagne contre le CSA à qui elle reproche d’avoir adressé un message de réprimande à des chaînes ayant diffusé une vidéo jugée non adaptée.

Cette vidéo met en scène des enfants atteints de trisomie 21. Initialement lancée sur internet le 13 mars dernier, la vidéo a été reprise par plusieurs chaînes à l’occasion de la journée mondiale de la trisomie 21. Suite à des protestations suscitées par ces diffusions, le CSA était intervenu auprès des chaînes en leur demandant de veiller, à l’avenir, à mieux encadrer et contextualiser la « diffusion des messages susceptibles de porter à controverse ».

Cette intervention du CSA a choqué les commanditaires de la vidéo, notamment l’association Jérôme Lejeune, une fondation d’inspiration chrétienne qui milite contre l’avortement, ainsi que des politiques, comme le député Jean-Frédéric Poisson, président du parti Chrétien-Démocrate.


Les anti-IVG montent au créneau après les réprimandes du CSA

par Aude Deraedt, Libération le 31 juillet 2014


Le CSA est intervenu auprès de M6, D8 et Canal+ après la diffusion d’un clip sur la trisomie 21 en mars dernier. La réaction chez les anti-IVG est vive et n’est pas sans rappeler leurs précédentes campagnes.
« Chère maman, ton fils pourra être heureux comme je le suis. » Dans une vidéo diffusée en mars sur trois chaînes de télévision et sur Internet, une dizaine d’enfants atteints de la trisomie 21 s’adressent aux futures mamans pour les rassurer. Jusque-là, le message de sensibilisation n’a rien d’alarmant. Sauf que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) est intervenu le 25 juillet auprès de ces chaînes (M6, D8 et Canal+) suite à des plaintes déposées par plusieurs téléspectateurs. En cause, les auteurs du clip : des associations pour la plupart anti-IVG, qui sont aussitôt montées au créneau.

Durant un mois à partir du 21 mars, date de la journée mondiale de la trisomie 21, M6, D8 et Canal+ ont diffusé au milieu de leurs pages publicitaires la vidéo « Chère future maman », également disponible sur YouTube. Depuis sa mise en ligne, le clip a été visionné plus de 5 millions de fois. Mais la polémique n’a pas tardé. Car deux des associations à l’origine du projet se sont rendues célèbres pour leurs positions anti-IVG : la Fondation Jérôme Lejeune et Les amis d’Eléonore.

C’est justement sur ce point que le CSA a tranché, rappelant que la fondation Jérôme Lejeune a notamment comme « vocation » « la lutte contre l’avortement ». Dans sa décision, la haute autorité de l’audiovisuel « considère que ce message ne relève pas de la publicité » et qu’il « ne pouvait être inséré au sein des écrans publicitaires ». Elle ajoute que « bien qu’ayant été diffusé à titre gracieux, [ce spot] ne peut pas non plus être regardé comme un message d’intérêt général ». Selon le CSA, il aurait fallu insérer cette vidéo dans un contexte, « au sein d’émissions » par exemple. Le clip n’a toutefois pas été interdit. Le CSA a simplement demandé aux chaînes « de veiller aux modalités de diffusion des messages susceptibles de porter à controverse ».

Face aux critiques, une mise au point a été publiée jeudi soir sur le site de la haute autorité. Elle a tenu à préciser qu’elle avait « constaté que ce message présent[ait] un point de vue positif sur la vie des jeunes trisomiques et encourage[ait] la société à œuvrer à leur insertion et à leur épanouissement ». Elle a ajouté que « ce message était susceptible de troubler en conscience des femmes qui, dans le respect de la loi, avaient fait des choix de vie personnelle différents », justifiant ainsi la décision du 25 juillet.

LES ANTI-IVG DÉNONCENT UNE DÉCISION « SANS EFFET »

Quelques jours à peine après cette intervention, les réactions sont vives chez les opposants à l’avortement. La Fondation Jérôme Lejeune a publié deux communiqués depuis la décision du CSA, qu’elle estime « sans effet ». L’un d’eux, mis en ligne le 31 juillet, reprend les propos de la mère d’un enfant trisomique, qui affirme que cette intervention représente « un énorme coup de poing dans le ventre ». Sur le site des Amis d’Eléonore, un communiqué accuse le CSA de « contribu[er] à la politique étatique de stigmatisation qui conduit à l’élimination avant leur naissance de la quasi-totalité des enfants ayant une trisomie 21 », reprenant des termes utilisés par la Fondation Jérôme Lejeune.

Le député et président du Parti chrétien démocrate, Jean-Frédéric Poisson, s’est lui aussi offusqué de cette décision. Dans une tribune publiée sur le site du Figaro, il s’adresse au président du CSA et lui demande de revenir sur cette intervention. Il estime cette réponse « carrément à côté de la plaque » et « faiblarde sur le plan juridique », et appelle à faire tourner cette vidéo sur les réseaux sociaux.

UNE TECHNIQUE DE COMMUNICATION BIEN RODÉE

Depuis cette intervention du CSA, les courriers et déclarations des anti-IVG se multiplient sur les réseaux sociaux. Alors que la haute autorité de l’audiovisuel se contente d’une réprimande, les associations et leurs représentants crient à la censure. Au point que le collectif Les amis d’Eléonore a lancé un appel « à toutes les personnes qui ont vu et apprécié cette vidéo à écrire au CSA pour manifester leur désaccord ». Louis-Georges Barret, vice-président du Parti chrétien démocrate et opposant au mariage pour tous, a d’ailleurs déjà fait parvenir aux médias un courrier dans lequel il fait part de son opposition à la décision du CSA. Une manière d’opérer qui n’est pas sans rappeler le comportement des associations et représentants anti-IVG lors du passage de la loi Taubira et de la bataille sur la théorie des genres.

A LIRE AUSSI : Manif pour tous, la vraie photo de famille.


Jean-Frédéric Poisson, qui avait amendé à de nombreuses reprises le projet de loi sur l’égalité hommes-femmes, s’était rendu célèbre lors de ses prises de positions contre le mariage pour tous. Il est aussi l’un des premiers à s’être offusqué lors du débat sur la théorie des genres, communiqués au rendez-vous. En y regardant de plus près, les noms des opposants de première ligne à la théorie du genre, à la PMA, à la GPA et au mariage pour tous sont les mêmes que ceux qui réagissent à cette décision du CSA.

Compte-tenu des précédents en termes de mobilisation des principaux communicants de la Manif pour tous et des anti-IVG, dans les prochains jours, le CSA risque de recevoir de nouvelles lettres à l’image de celles rédigées par Jean-Frédéric Poisson et Louis-Georges Barret.

Aude Deraedt



Suivre la vie du site  RSS 2.0 | le site national de la LDH | SPIP