Le chef de l’Etat est venu à Toulon, le 1er décembre 2011, pour prononcer un grand discours sur la crise et l’Europe.
Est-ce le président de la République qui s’est exprimé devant un parterre de plusieurs milliers de spectateurs, dont une bonne part de militants arrivés en car, ou s’agissait-il alors d’un futur candidat à l’élection présidentielle ?
D’après le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) l’orateur était à 41 % président de la République et à 59 % un futur candidat.
Ce meeting a eu un coût. La question se pose : qui paiera ?
Il semblerait logique que 59 % des dépenses soient à la charge du futur candidat ...
Lorsqu’un maire reçoit le président de la République il est de tradition qu’il mette gracieusement à sa disposition la salle des fêtes ou un local lui permettant de rencontrer la population. Le 1er décembre, la salle Zénith Oméga a été “prêtée” par la mairie de Toulon [1] pour recevoir un public choisi. Est-ce aux Toulonnais de financer la pré-campagne d’un futur candidat ?
Le député René Dosière, spécialisé dans les comptes de l’Elysée, évalue le coût total du déplacement de Toulon à 300 000 euros, dont la part la plus importante est imputable à la mobilisation des forces de l’ordre – part que le ministère de l’Intérieur refuse de préciser, estimant que ces coûts sont liés aux manifestations de protestation et non au déplacement présidentiel.
Il n’y pas eu la moindre manifestation de protestation dans Toulon ce jour-là [2]... Est-ce aux contribuables de contribuer à la promotion du parti présidentiel ?
Dix mille invitations
Quelque 10 000 invitations auraient été envoyées alors que la capacité de la salle ne dépasse pas les 8 000 places. Parmi les destinataires figurent tous les élus (maires, sénateurs et députés, conseiller généraux et régionaux) de Provence-Côte d’Azur. Pour assister à un discours à dominante économique, les chefs d’entreprises, les artisans, les auto-entrepreneurs, les représentants syndicaux et ceux des chambres consulaires n’ont bien entendu pas été oubliés.
Le quartier autour du Zenith de Toulon bouclé
[À 16h41] – Le quartier autour du Zenith de Toulon est en train d’être bouclé pour la venue ce jeudi de Nicolas Sarkozy.
Un important dispositif de sécurité a été mis en place autour de la salle de spectacle. Huit camions de CRS ont été positionnés devant la gare SNCF, dix sur l’avenue Montebello, huit autour de l’hôpital Sainte-Anne ainsi que dix véhicules de gendarmeries sur le parking des Lices.
Le tunnel piétonnier sous les rails est bloqué par une vingtaine de policiers nationaux. Il faut montrer son carton d’invitation pour pouvoir emprunter le passage qui mène à la salle de spectacle. Même chose du côté du boulevard commandant Nicolas.
Le très cher déplacement de Sarkozy à Toulon
300 000 € – C’est le coût estimé du déplacement de Nicolas Sarkozy à Toulon ce jeudi soir par le député PS René Rosière.
Selon ce spécialiste du budget de l’Elysée, interrogé ce matin sur France Inter, 93.000 € seraient pris en charge par l’Elysée, 10 à 15.000 € par les collectivités locales. Reste la bagatelle de 200.000 € afférente à la présence policière que le parlementaire socialiste qualifie « d’extraordinaire ».
Le PS saisit la CNCCFP –
L’opposition tente de court-circuiter le déplacement présidentiel en affirmant qu’il relève plus d’une campagne électorale que de l’exercice du pouvoir. Le PS a d’ailleurs saisi mercredi la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) sur le coût des déplacements de Nicolas Sarkozy.
"Pas en campagne selon le code électoral" – Questionné par Libération, François Logerot, président de la CNCCFP, a affirmé que « pour le code électoral, Nicolas Sarkozy n’était pas en campagne »
Combien coûtent les déplacements de Nicolas Sarkozy ?
LeMonde.fr, 5 décembre 2011
Aujourd’hui, les partisans du candidat PS veulent connaître le détail des frais d’organisation du discours prononcé à Toulon, pour en montrer le caractère partisan. Location du Zénith de la ville, salle configurée pour offrir 5 000 places assises, frais d’organisation... "Si ce n’est pas payé par l’UMP, c’est un scandale. Un tel meeting coûte, au bas mot, entre 100 000 et 200 000 euros", a accusé Patrick Mennucci, président du groupe PS au conseil municipal de Marseille, jeudi, dans Libération.
Interrogée par Le Monde.fr, la présidence n’a pas souhaité communiquer le montant dépensé ni indiquer si elle avait tout financé, ou non. Le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, Christian Frémont, précise seulement que ces informations se trouveront dans le prochain rapport de la Cour des comptes sur les comptes de l’Elysée.
Un conseiller du chef de l’Etat a assuré à Libération que "tout est à la charge de l’Elysée". Interrogé par Le Monde.fr, le trésorier de la fédération UMP du Var, Jacques Ortega, a toutefois reconnu que sa fédération "a financé l’affrètement d’une quinzaine de cars afin d’assurer le déplacement de [se]s militants". [3]
325 000 euros la visite, en moyenne, selon M. Dosière
Interrogé par LeMonde.fr, René Dosière, député apparenté PS et spécialiste des comptes de l’Elysée, livre une estimation, sur la base des calculs qu’il a opérés, des visites présidentielles, depuis 2007. D’après l’élu de l’Aisne, le "meeting" de Toulon doit avoir coûté autour de 325 000 euros, somme qui correspond, selon lui, à la dépense moyenne engendrée par un déplacement de M. Sarkozy dans l’Hexagone. Son estimation se révèle bien supérieure au chiffre de 93 000 euros livré par la Cour des comptes dans son dernier rapport sur le budget de l’Elysée, rendu public en juillet (en PDF).
Pour M. Dosière, les 93 000 euros cités par la Cour ne représentent que les dépenses directes de l’Elysée. Il faut y ajouter, selon lui, celles assumées par les collectivités d’accueil, le plus souvent pour aménager le site avant la venue du président. "Elles ne sont en général pas remboursées par la présidence de la République", et représentent entre 10 000 et 20 000 euros, affirme-t-il. La troisième ligne de dépense "la plus coûteuse", selon le scrutateur du train de vie de l’Etat, reste la protection policière du chef de l’Etat, évaluée à 220 000 euros en moyenne par déplacement.
[1] La location d’une salle Zénith Oméga se situe entre 10 000 et 25 000 euros selon la ville.
[2] Le seul lieu de rassemblement toléré pour les contestataires ce jour-là a été l’esplanade du Palais de justice, dans un quartier éloigné du Zénith Oméga.
[3] D’après une brève du Monde.fr du 2 décembre, une journaliste politique de France Inter a affirmé jeudi soir, sur Twitter, que "l’Elysée a interdit aux télés de tourner des images de l’arrivée des cars de militants au Zénith de Toulon".