Certains prétendent que le Front national aurait changé. Il n’en est rien : il a conservé ses vieux réflexes, comme le montre l’actualité.
Dans son programme de campagne pour l’élection présidentielle de 2002, le FN proclamait dans la rubrique « Libérer la création » sa volonté d’« assurer la promotion de toutes les bonnes musiques », précisant :« rap et techno, qui ne sont pas des expressions musicales, seront évidemment privés de tout soutien public ». Douze ans plus tard, ce point de son programme est en train de se réaliser au Luc, petite ville du Var dont il a pris le contrôle lors des dernières élections municipales et dont le maire fait annuler le festival AmnéZik.
Le 20 février 2014, l’ancienne municipalité du Luc en Provence donne son accord de principe pour l’organisation du Festival AmnéZik sur le circuit automobile du Var.
Le 25 juin, Philippe De La Grange, nouveau maire du Luc, émet un avis défavorable à destination de la Préfecture du Var et du Syndicat Mixte du Var (en charge du circuit) s’appuyant sur un prétendu rapport de la police municipale :
« Le rapport émis par la Police Municipale près des services de Gendarmerie et de Pompiers m’amène à émettre, pour ma part, un avis défavorable à la tenue de de cette manifestation.
« Celle-ci réunirait, 5000 participants, trois soirées de suite, au cœur de l’été et du Massif des Maures. Nous ne maîtrisons pas le plan de circulation, ni la consommation potentielle d’alcool et de stupéfiants sur une zone en risque majeur d’incendie, en cette période de l’année.
« S’ajoutent des problèmes de stationnement, de débit de boissons de seconde catégorie et de nuisances sonores provoquées par ce type de manifestation. »Philippe De La Grange
Le 27 juin, la préfecture du Var émet une lettre à l’intention de Philippe De La Grange, qualifié de façon inexacte de “Président du syndicat mixte du circuit du Luc”, lettre dans laquelle est émis un avis défavorable sur les mêmes bases que la mairie. Voici la fin de cette lettre :
Qui l’a écrite ? ... l’avenir nous l’apprendra peut-être, mais une chose est certaine : la lettre est à l’en-tête du Préfet du Var, mais ce n’est pas lui qui l’a signée.
Le 3 juillet, la sous-commission départementale de sécurité ERP/IGH, composée de représentants des Pompiers, de la Gendarmerie, de la DDPP, de la préfecture et de la mairie du Luc, émet un avis favorable.
Le 8 juillet, suite à une réunion organisée sur le circuit en présence du Sous-préfet de Draguignan, des représentants de la Gendarmerie, de la mairie du Luc et du Syndicat mixte en charge du circuit, il est signifié à ce dernier qu’il devait être co-organisateur de l’événement.
Le délai étant trop court pour reprendre toutes les démarches administratives, le Syndicat mixte informe l’association Movin’Project de son refus d’organiser le festival (lettre recommandée reçue le 15/07/2014).
Le 17 juillet, un communiqué du maire du Luc annonce l’annulation du festival, une décision prise dans l’intention de « protéger les personnes et l’environnement ».
Une cinquantaine d’artistes internationaux étaient programmés pour jouer durant le week-end sans parler de toute la partie logistique et technique... soit au total près de 200 000 euros de budget. Pas sûr que les organisateurs se relèvent de cette annulation...
En guise de conclusion, laissons la parole au président de l’association Movin’Project et fondateur du festival AmnéZik, Anthony Lasagna, qui voit dans ces péripéties « la réalité politique du Front national, à savoir abolir les expressions artistiques alternatives et empêcher toute initiative originale à destination de la jeunesse. »
Revue de presse (19 juillet 2014)