le droit de filmer des policiers en pleine action


article de la rubrique libertés > liberté d’expression / presse
date de publication : jeudi 27 octobre 2011
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Un journaliste est tout le temps en service, c’est ce qu’Emmanuel Raoul a tenté d’expliquer le 18 octobre dernier à des policiers bien peu compréhensifs qui lui reprochaient de les avoir filmés en pleine action.
L’histoire est devenue célèbre, narrée sur Mediapart et par les Inrocks ; nous reprenons ci-dessous le compte-rendu qu’en a donné le blog Big Browser.

Contrairement à ce dont ces policiers tentaient de convaincre le jeune chroniqueur – « Vous ne me filmez pas, vous n’avez pas le droit de me filmer ! » répétait l’un d’entre eux –, il n’existe aucun texte interdisant de photographier ou de filmer les forces de l’ordre en action – un syndicaliste de la police le confirme.

Voila qui éclaire l’action du ministère de l’intérieur qui tente d’empêcher le développement en France du copwatching – “le flicage des flics”. Née aux États-unis en 1990, cette pratique de vigilance citoyenne a pour objectif de prévenir les violences policières et de mettre fin à l’impunité de ceux qui commettent des bavures. Claude Guéant jugeant le principe « extrêmement dangereux pour les policiers » a poursuivi en justice le site Copwatchnord-Idf.org ; dans l’attente d’une décision de la justice sur le fond, il a obtenu en référé son blocage – voir l’Observatoire de la censure.


Source : l’Observatoire de la censure

Filmer la police, attention danger

Big Browser, le 25 octobre 2011


De passage en France en septembre, des indignés espagnols croisent le chemin d’une patrouille de police. Nous sommes dans les galeries du métro parisien, comme le raconte le site Internet Les Inrocks.fr. Les manifestants ibériques sont alors invités à se regrouper pour un contrôle d’identité.

Un journaliste de télévision est là qui prend son téléphone pour filmer la scène. "Au moment où nous arrivons, la situation est très tendue, un policier menace le groupe, bombe lacrymogène à la main, puis se saisit violemment d’un de ces jeunes, qu’il emmène à l’écart", dit-il à la journaliste des Inrocks qui recueille son témoignage.

Le journaliste est ensuite pris à partie par le policier armé de sa lacrymogène. "Le policier qui procède à l’interpellation se jette sur moi, arrache le téléphone de mes mains et le confisque." Le policier finit par effacer le film. "Pendant ce temps, un de ses collègues me prend à part, me palpe et contrôle mon identité".


L’événement peut paraître anodin. Filmer des policiers dans l’exercice de leur fonction n’est-il pas interdit par la loi ? Eh bien non. Dans les colonnes du journal La Croix, Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat majoritaire Unité-SGP Police explique : "Juridiquement, il n’existe pas d’interdiction de publier des photos de policiers dans l’exercice de leurs fonctions. Sauf pour des cas particuliers, comme ceux des policiers protégés par le secret défense ou ceux qui se trouvent en contact avec le grand banditisme. Hormis ces circonstances particulières, le droit à l’image d’un policier est le même que celui de tout un chacun." Une explication qui fait échos à l’article de Slate.fr intitulé Peut-on filmer un policier ?.

La publication de cette vidéo intervient au moment où le débat sur la publicité des fonctionnaires de police est en question. Le site Copwatch Nord-Île de France a été interdit par la justice en octobre. Le ministère de l’intérieur ayant déposé plainte le 4 octobre contre X pour injures et diffamations envers des fonctionnaires de police. Les responsables de ce site "qui nous protège de la police", selon le slogan de la page d’accueil, entendent dénoncer les violences et les bavures policières.


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