le Parlement européen condamne les lois homophobes en Ouganda, au Nigeria et en Russie


article de la rubrique discriminations > homosexuels
date de publication : mardi 21 janvier 2014
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La loi russe interdisant la "propagande" homosexuelle devant mineurs continue à être l’objet d’une forte controverse – en liaison notamment avec les prochains Jeux olympiques de Sotchi [1].

Le Parlement européen a condamné les menaces, la discrimination et les restrictions envers les personnes LGBTI – lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres ou intersexes – qui se développent dans certains pays. Dans une résolution votée jeudi 16 janvier 2014, les éluEs ont notamment exprimé de sévères critiques à l’encontre de l’Ouganda, du Nigeria et de la Russie pour avoir adopté des mesures législatives qui mettent en péril les droits fondamentaux des personnes LGBTI.
Les relations bilatérales entre ces pays et les États membres de l’Union seront affectées par le vote de lois homophobes et transphobes, indique le Parlement.


Communiqué de presse du Parlement européen [2]

"L’égalité des personnes LGBTI fait partie intégrante des droits fondamentaux", déclarent les députés. Ils appellent les 78 pays qui agissent de la sorte à ne plus considérer comme une infraction les actes consentis entre adultes de même sexe, tout en faisant remarquer que sept d’entre eux appliquent la peine de mort. Ils demandent "au Président ougandais de ne pas promulguer la loi contre l’homosexualité" et condamnent l’adoption et la promulgation de la loi interdisant "les mariages entre personnes de même sexe" au Nigeria.

La Russie devrait abroger la loi sur les "relations sexuelles non traditionnelles" et l’Inde devrait poursuivre le processus juridique visant à interdire une loi de l’ère coloniale concernant l’homosexualité, déclarent les députés. Ils demandent à l’UE d’indiquer sans ambigüité que de telles lois "auront des retombées significatives sur les relations bilatérales que ces pays entretiennent avec l’Union européenne et avec ses États membres". Par ailleurs, ils répètent qu’une "mention explicite de la non-discrimination fondée sur l’orientation sexuelle" devrait être incluse lors de la prochaine révision de l’accord de Cotonou.

Strasbourg, le 16 janvier 2014

L’homosexualité toujours réprimée dans le monde

par Marc Thibodeau, La Presse, le 18 janvier 2014 [3]


Des déclarations controversées du président russe Vladimir Poutine et du chef d’État ougandais Yoweri Museveni sont venues rappeler hier, si besoin était, que les homosexuels de plusieurs dizaines de pays demeurent dans la ligne de mire des autorités en raison de leur orientation sexuelle.

Russie

À Moscou, l’homme fort du Kremlin a profité d’une rencontre avec des bénévoles qui accueilleront les athlètes lors des Jeux olympiques de Sotchi pour revenir sur une loi controversée pénalisant la « propagande homosexuelle » devant mineurs. Il a assuré que les personnes s’adonnant à des « formes non traditionnelles de relations sexuelles » ne risquaient pas d’être appréhendées. « Vous pouvez être tranquilles et détendus, mais laissez les enfants tranquilles », a ajouté le président en insistant sur le fait que la « pédophilie » est interdite dans le pays. L’adoption de la loi en juin dernier a soulevé un tollé à l’échelle internationale et entraîné de multiples appels au boycottage de l’événement sportif. Des hauts dirigeants politiques ont annoncé qu’ils ne seraient pas présents aux cérémonies officielles.

Ouganda

En Ouganda, le président en exercice a semblé vouloir freiner la persécution des homosexuels cette semaine en refusant d’avaliser une loi visant à durcir les mesures pénales existantes. La loi en question, votée par une large majorité de députés en décembre, prévoyait une peine de prison à vie pour les récidivistes. Le dirigeant ougandais a souligné dans une lettre aux élus dévoilée par un quotidien du pays qu’il voyait l’homosexualité non pas comme une « orientation sexuelle alternative » mais plutôt comme une « anomalie » de la nature. « La question au coeur du débat sur l’homosexualité est de savoir ce que l’on fait avec une personne anormale. Est-ce qu’on la tue ? Est-ce qu’on l’emprisonne ? Ou est-ce qu’on la contrôle ? », a-t-il écrit selon le Daily Monitor. Le dirigeant africain a affirmé que certaines personnes devenaient homosexuelles pour des raisons pécuniaires et que les lesbiennes étaient victimes d’un manque de relations sexuelles avec les hommes.

Nigeria

Le Nigeria, un pays fortement religieux comptant 170 millions d’habitants, s’est aussi attiré les critiques de la communauté internationale cette semaine en adoptant une loi très répressive pour les homosexuels. Le texte, largement soutenu par la population, prévoit notamment une peine de 10 ans d’emprisonnement pour les personnes de même sexe qui affichent ouvertement leur relation. Les personnes chapeautant des bars ou des organisations pour homosexuels s’exposent à une sanction similaire. Le porte-parole du président Goodluck Jonathan a indiqué qu’il avait donné son aval à l’initiative parce qu’elle correspond aux « croyances culturelles et religieuses » des Nigérians. Le secrétaire d’État américain John Kerry a affirmé pour sa part que la loi restreignait « dangereusement » la liberté d’expression et d’association de la population. Plusieurs personnes ont été arrêtées dans les jours suivant l’entrée en vigueur de la loi. Selon l’Agence France-Presse, un jeune homme de 20 ans accusé d’avoir eu des relations homosexuelles a reçu une vingtaine de coups de fouet devant une foule dans le nord du pays.

Ailleurs dans le monde

L’Ouganda et le Nigeria sont loin de faire figure d’exceptions en Afrique puisque les relations homosexuelles sont encore considérées comme illégales dans 38 des 54 États du continent, selon Amnistie internationale. Dans un rapport paru l’été dernier, l’organisation relève que l’existence de ces lois et leur application « violent toute une série de normes régionales et internationales en matière de droits de la personne... ». Bien que la région soit souvent montrée du doigt, elle n’est pas la seule à faire preuve d’intolérance. Le Parlement européen a adopté cette semaine une résolution déplorant le fait que 78 pays dans le monde « considèrent toujours les activités consenties entre adultes de même sexe comme un délit » et qu’une demi-douzaine de ces États maintient la peine de mort comme sanction possible. Cette répression a notamment pour effet de freiner la lutte contre le sida puisque les personnes des communautés ciblées craignent d’être dénoncées si elles interagissent avec des professionnels du monde de la santé, ont relevé les élus.

JO de Sotchi : Martina Navratilova critique la passivité du CIO sur les droits LGBT

Source AFP, le 11 décembre 2013 [4]


L’ancienne championne de tennis Martina Navratilova – ouvertement lesbienne – a critiqué mardi la passivité dont fait preuve selon elle le Comité international olympique (CIO) sur la question du droit des homosexuels en vue des jeux Olympiques de Sotchi (Russie) en février prochain.

La loi russe sanctionnant d’amendes et de prison la "propagande" homosexuelle devant mineurs a suscité de vives critiques de sportifs et de responsables politiques, certains appelant à boycotter ces Jeux.
Interrogée lors d’une conférence de presse au siège de l’ONU, Martina Navratilova s’est déclarée "déçue que le CIO ait choisi d’adopter la politique de l’autruche et de ne pas faire de vagues".
"Franchement, le CIO devrait soutenir davantage ses athlètes", a-t-elle affirmé.

Elle a souligné par ailleurs que le Qatar, où doit avoir lieu la Coupe du monde de football en 2022, a une législation "qui punit de prison les activités homosexuelles". Mais, a-t-elle ajouté, "nous devons aussi balayer devant notre porte" car dans 29 Etats des Etats-Unis "il est légal de licencier quelqu’un parce qu’il est homosexuel".

L’ancienne joueuse de tennis, aux 18 titres du grand chelem, ouvertement gay et militante de la cause homosexuelle, a cependant rejeté l’idée d’un boycott de Sotchi, "qui ne nuirait qu’aux athlètes eux-mêmes".

Elle devait participer ensuite à l’ONU à un débat sur l’homophobie dans le sport, à l’occasion d’une journée internationale sur les droits de l’homme, en compagnie du basketteur américain Jason Collins.
Celui-ci, présent à la même conférence de presse, a estimé qu’au moment de choisir un pays pour un événement sportif, la CIO et la FIFA (Fédération internationale de football) devraient "se demander avec qui ils veulent associer leur nom", et ne pas choisir "un gouvernement qui opprime ouvertement son propre peuple".
Jason Collins est devenu en avril dernier le premier athlète en activité dans un sport d’équipe majeur aux Etats-Unis à révéler son homosexualité.

Le CIO a annoncé mardi que les personnes souhaitant manifester pendant les JO de Sotchi, du 7 au 23 février, pourront le faire dans une zone spéciale. Mais il a rappelé aux athlètes que toute forme de publicité ou de propagande leur était interdite sous peine d’être disqualifiés ou exclus des Jeux.

Les Deschiens : le coming out


Notes

[1Voir par exemple l’article du Point du 19 janvier 2014 : http://www.lepoint.fr/monde/sotchi-....

[2Le communiqué – référence : http://www.europarl.europa.eu/news/... – aborde les Droits de l’homme au Cambodge et Laos et les élections au Bangladesh ; nous n’en avons repris que la dernière partie consacrée aux droits des LGBTI.

La résolution adoptée par le Parlement européen : http://www.europarl.europa.eu/sides....

[3Compléments :


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