la réunion de la Commission consultative des gens du voyage du Var, le 15 juin 2006


article de la rubrique roms et gens du voyage > gens du voyage dans le Var
date de publication : mercredi 21 juin 2006
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La Commission départementale consultative des gens du voyage du Var s’est réunie le 15 juin en préfecture pour faire le point sur l’avancement du schéma départemental. Plusieurs dizaines de personnes étaient venues, représentant les tsiganes voyageurs ou sédentaires (et des associations). Seules huit d’entre elles ont pu participer à la réunion et exposer les multiples difficultés auxquelles les gens du voyage sont confrontés dans le département, ainsi que les brimades dont ils sont trop souvent l’objet, en particulier de la part des services de police.

Vous trouverez ci-dessous un brève synthèse de la réunion à laquelle de nombreuses municipalités étaient représentées, puis deux articles de presse rendant compte de cette matinée.


Le bilan de l’état d’avancement, commune par commune, confirme les inquiétudes que le collectif avait exprimées dans sa lettre ouverte adressée au préfet du Var : les communes varoises n’ont pas toutes fait l’effort qui aurait été nécessaire en ce qui concerne les aires d’accueil et les aires de grand passage. On ne peut que rester très sceptique quant à la possibilité de la réalisation du schéma départemental dans le délai légal (onze mois).

Il est impératif que la loi soit respectée, mais il faut que les pouvoirs publics et les élus locaux montrent l’exemple. Ce sont les gens du voyage qui pâtissent le plus de la lenteur mise à appliquer la loi et ils sont les premières victimes de la situation.

Nous solliciterons un nouvel entretien en septembre prochain afin d’aborder les points qui n’ont pu être évoqués lors de la séance du 15 juin. [1]

Les nomades en quête d’accueil

De combien d’aires d’accueil disposent les gens du voyage dans le département ? Aucune ? Peut-être pas exactement, mais on n’en est pas très loin, même si selon la préfecture le dossier a fait de gros progrès. Les associations et les concernés, de leur côté, ne l’entendent pas de cette oreille, dénonçant l’inertie des pouvoirs publics sur ce sujet.

Hier à l’occasion de la réunion de la commission départementale sur les gens du voyage, de nombreuses associations ont voulu rappeler à l’ordre la préfecture. Dès 9h30, quelques dizaines de personnes se sont rassemblées devant la préfecture à l’initiative du collectif d’associations varoises pour la défense des droits des gens du voyage et des Roms [*], composé notamment de la section toulonnaise de la Ligue des droits de l’homme, ou encore de représentants des communautés tziganes qui siègent aussi à la commission.

« Tous les ans c’est la même histoire. Alors que la loi Besson de 2000 oblige la construction d’aires d’accueil aménagées pour les gens du voyage, la majorité des communes du Var ne veulent pas se mettre en conformité avec la législation en vigueur. Et ce alors qu’un schéma départemental a fixé des objectifs à atteindre en 2007 », explique le président de la section de la LDH, Gilles Desnots.

Déjà en 2001, un rapport faisait le constat suivant : « Dans le Var aucun terrain ne répond à la définition des aires d’accueil aménagées [...]. Seules 14 communes disent avoir une aire désignée ou tolérée [...] ». Et aujourd’hui ? La situation n’a guère évoluée, malgré le schéma départemental adopté en 2003. « Seul 1,82% du programme a été mis en place », déplore Gilles Desnots. Soit 8 places, alors qu’en 2007 le département doit compter 468 places en aire d’accueil et 8 sites d’aire dite de grands passages pour les rassemblements temporaires.

Conflits

De son côté, le préfet ne se fait guère d’illusions : « En mai 2007, tout le schéma ne sera pas mis en application », avouait-il hier à l’issue de la commission. Selon lui, pourtant, « des progrès ont été effectués avec un avancement des dossiers ».

« Si les collectivités, mais pas toutes, manquent de volonté sur la question, il est aussi vrai que certains maires ont été émoussés par des incidents. Il faudrait plus de discipline et de respect des deux côtés », déclare encore Pierre Dartout qui semble avancer en terrain miné.

« Les gens du voyage, les maires n’en veulent pas. Ils
se renvoient continuellement la balle
 », lance un des membres de la LDH. Les conflits entre communautés tziganes et collectivités sont en effet nombreux : les cas d’Ollioules et de Cogolin sont les plus récents. « Mais il n’y a que dans le Var que cela se passe comme ça », dénonce un Rom sédentarisé au Muy depuis plusieurs années. Avant de conclure : « Les gens ne savent plus où aller, c’est intenable. Il faut trouver des solutions et vite ... »

Guillaume de Saint-Vulfran, La Marseillaise, le 16 juin 2006.

L’accueil laisse toujours à désirer

Indésirables jusque sur les marches de la préfecture... La poignée pacifique de bénévoles [*] qui hier matin tentaient, par l’intermédiaire des journalistes, de sensibiliser les Varois aux problèmes des gens du voyage, a été priée de quitter les lieux. Et de rester de l’autre côté des grilles du bâtiment préfectoral. Un petit peu à l’image de ces gens du voyage que l’on n’empêche pas d’exister, pourvu que ce soit ailleurs...

Rassemblement devant la préfecture, jeudi 15 juin 2006. (Photo Gérard Raynaud)

Une délégation des associations a, elle, été admise à assister à la commission consultative départementale des gens du voyage présidée par le préfet Pierre Dartout, et à laquelle étaient conviés notamment les maires, mais pas la presse... «  Les échanges ont été parfois vifs, mais cette réunion a permis aux représentants des gens du voyage d’exprimer leurs difficultés et aux représentants des communes d’exposer les leurs », résumait à son issue François Nadiras, de la Ligue des droits de l’homme.

Selon les participants, le représentant de l’Etat a mis les élus des communes devant leurs responsabilités. A savoir : l’application de la loi sur leur territoire. «  De nombreuses choses sont en train de se réaliser dans le département, mais je suis sceptique sur la possibilité de voir les aires de stationnement prévues se matérialiser d’ici moins d’un an...  » Dans le Var, seulement 1,8 % du schéma départemental
d’accueil a été réalisé. Soit 8 places sur les 440 prévues, selon le collectif, qui s’appuie sur les chiffres du ministère de l’Equipement. Un chiffre dérisoire, pourtant encore supérieur à celui avancé par les services préfectoraux...

Les gens du voyage ont-ils d’autres choix que l’illégalité ?

Non puisque selon les services de la préfecture, aucune place d’accueil homologuée n’est à ce jour disponible dans le Var... On comprend certes les difficultés des maires dans un département touristique où la pression foncière est colossale. « D’autre
part, les incidents survenus ça et là ont émoussé la volonté politique de certains élus, a souligné le préfet. Mais il faut qu’un pas soit fait de chaque côté. » Donc : plus d’empressement de la part des maires, et plus de responsabilité et de respect de la part des gens du voyage. En attendant, personne n’est dupe : Les 440 emplacements imposés par la loi Besson ne seront pas prêts en mai 2007. C’était pourtant le dernier délai...

Des Français comme les autres

« Nous sommes nés dans une caravane et c’est dans une caravane que nous souhaitons mourir. D’ailleurs, nous possédons à Cogolin des caveaux où sont enterrés nos ancêtres. » Expulsés avec d’autres membres de leurs familles du terrain à Cogolin où ils vivaient depuis 15 ans, Christine Pans et Tony Ferrari se battent
depuis pour faire reconnaître leur droit à installer légalement leur caravane quelque part. « Et à vivre en paix comme les autres Français.  »

Un autre père de famille témoigne, lui, de la difficulté de sa famille à s’installer comme autrefois pour quelques semaines dans le Var. «  On nous chasse partout et souvent sans ménagement. Dans le meilleur des cas, nous sommes tolérés sur des terrains jouxtant les décharges. »

Grand voyageur, il cite en exemple te cas de Grenoble et Chambéry. « Ça se passe très bien là-bas. Il y a des aires pour nous avec des sanitaires. On arrive, on s’installe, on paie et on repart. »

Mireille Martin, Var-Matin le 16 juin 2006.

Notes

[1Un rapport sur l’accueil des tsiganes dans le Var été diffusé à cette occasion. Il est téléchargeable au format PDF : http://www.rencontrestsiganes.asso.....

[*Les associations membres du collectif sont : la Ligue des droits de l’Homme, le Secours catholique, Rencontres tsiganes, l’Union diaconale du Var, l’ASNIT (association nationale et internationale tsigane), l’ANGVC (association nationale des gens du voyage catholiques, Tchatchipen et la Confédération paysanne.


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