Florimond Guimard, militant du Réseau Education sans Frontières (RESF), poursuivi pour "violences aggravées sur un agent de la force publique", a été relaxé vendredi 21 décembre 2007 par le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence.
Il était accusé d’avoir tenté de percuter un véhicule des forces de l’ordre avec sa voiture et d’avoir lancé une grille sur un policier lors d’une manifestation contre l’expulsion d’un père de famille algérien sans-papiers, dont les enfants étaient scolarisés dans son établissement. Florimond Guimard, âgé de 31 ans, a toujours nié toute violence lors de cette action, qui a eu lieu le 11 novembre 2006, à l’aéroport Marseille-Provence.
Le 22 octobre 2007, le procureur avait requis une "peine de principe" de deux mois de prison avec sursis (il encourait jusqu’à trois ans de prison et 45.000 euros d’amende).
COMMUNIQUÉ LDH
Paris, le 21 décembre 2007La LDH salue la relaxe de Florimond Guimard
La LDH salue la décision de relaxe de Florimond Guimard, poursuivi pour « délit de solidarité », que vient de prononcer le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence.
Alors que se multiplient les encouragements du pouvoir à la délation et les menaces contre les défenseurs des droits des étrangers, cette décision rendue par des juges indépendants rappelle utilement que s’opposer à la chasse aux sans-papiers est un droit légitime de tout citoyen protégé par les lois et la justice de notre pays.
Plus nombreux seront ceux qui suivront l’exemple de Florimond Guimard et mieux seront garanties les libertés de tous, Français comme étrangers, sur le sol de la République.
Les faits : le 11 novembre 2006, au cours d’une manifestation à l’aéroport de Marignane rassemblant près de 200 personnes contre l’expulsion d’un père de famille de deux enfants scolarisés à Marseille, Florimond Guimard n’a fait que suivre à distance avec sa voiture le véhicule de police qui emmenait un père de famille à expulser. Aucun blessé n’a été déploré ce jour, si ce n’est un jour d’ITT concernant un policier dont le pouce aurait heurté une barrière et quelques éraflures côté manifestants. Le parent d’élève a été libéré le soir même.
Trois à quatre mille personnes selon les organisateurs, mille cinq cents selon la police, s’étaient rassemblées le 22 octobre devant le tribunal à l’appel d’associations, de syndicats et de partis de gauche pour demander la relaxe de Florimond Guimard derrière une banderole où était inscrit : "La solidarité n’est pas un délit".
Le 16 octobre, Florimond Guimard était à Bruxelles pour recevoir le prix Silver Rose décerné au RESF dans les locaux du Parlement européen :
Communiqué de Resf
RÉPRIMÉ À MARSEILLE, PRIMÉ À BRUXELLES !
Le 16 octobre, au siège du Parlement européen à Bruxelles, en présence de
plusieurs centaines d’invités dont de nombreux parlementaires européens de
toutes nationalités, le prix Silver Rose Award (Catégorie Europe)
récompensant l’action d’une personne physique ou morale dans le domaine
du respect des droits de l’homme a été décerné au Réseau éducation sans
frontières pour son action en faveur des jeunes majeurs scolarisés sans
papiers et des familles sans papiers d’enfants scolarisés.Le RESF tient à féliciter les quatre autres lauréats du prix 2007 (Heidemarie
Wiezcorek ; Aminatou Haidar, Human Rights activist Western Sahara ;
Plataforma de Mujeres Artistas contre la violencia de genero), dont l’action
dans leurs domaines respectif suscite son admiration avec une mention
particulière pour les familles palestiniennes et israéliennes du Parents Circle
Families forum qui, par delà les torrents de sang dont on voudrait séparer ces
deux peuples s’acharnent à retisser des liens entre elles.Ce prix, remis par l’ancien premier ministre danois et actuel leader du Parti
socialiste européen (PSE) Paul Rasmunsen est un honneur pour le Réseau
Education sans frontières dont l’action est ainsi légitimée par le jury d’ONG
regroupé dans Solidar et présidé par Harlem Désir. C’est aussi un
encouragement à poursuivre le combat pour le droit des enfants débutant leur
vie dans un pays et y ayant engagé des études à conduire ces dernières
jusqu’à leur terme sans vivre dans la terreur de l’expulsion.A n’en pas douter, trouvant ainsi un écho hors des frontières françaises et bientôt un
relais en Europe faut-il espérer, l’action du RESF va se poursuivre et s’amplifier.Ce prix revêt en outre dans les circonstances actuelles, une importance particulière.
Il a en effet été reçu par Florimond Guimard au nom du RESF qui était ainsi distingué
pour les faits mêmes pour lesquels il sera jugé six jours plus tard. Cet instituteur de
Marseille sera en effet traduit le 22 octobre devant le Tribunal de grande instance
d’Aix-en-Provence pour s’être en novembre 2006 opposé avec succès, avec 200
autres personnes, à l’expulsion du père algérien de deux élèves de son école. Il
risque 3 années de prison et 45000 € d’amende pour les faits mêmes pour lesquels il
a été récompensé à Bruxelles.Les choses sont ainsi claires : la question est de savoir s’il est envisageable que
Florimond soit réprimé à Aix-en-Provence après avoir été primé à Bruxelles.
L’opinion internationale, représentée d’une certaine façon par le jury de Solidar et les
parlementaires européens a d’ores et déjà tranché. Nous ne doutons pas que, le
moment venu, l’histoire tranchera elle aussi. Dans le bon sens.Le 17 octobre 2007
Communiqué de presse de la FSU
C’est le 20 avril, deux jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, que Florimond Guimard, militant de RESF et du SNUIPP-FSU des Bouches du Rhône est convoqué devant le tribunal correctionnel d’Aix en Provence pour avoir, dans le cadre d’une action collective et sans qu’aucun acte de violence n’ait pu être constaté, manifesté contre l’expulsion d’un père d’enfants scolarisés.
Après l’affaire de la rue Rampal à Paris, ce procès est symbolique d’une démarche qui une fois de plus cherche à judiciariser l’action collective et poursuit un militant engagé contre une politique qui bafoue les droits de l’homme et de l’enfant.
La FSU assure Florimond de sa solidarité. Elle entend tout faire pour assurer la réussite des initiatives de soutien prévues ce jour là. Son secrétaire général sera présent à Aix en Provence et elle a déposé un préavis de grève pour couvrir les collègues des zones en activité à cette date qui souhaiteraient participer au rassemblement prévu à Aix en Provence à 10 heures.
Elle exige l’abandon des poursuites et appelle tous les personnels à se mobiliser contre cette atteinte aux droits.
Paris, le 13 avril 2007
Pour la première fois, un enseignant va être jugé pour s’être opposé physiquement à l’expulsion d’un sans-papiers, père d’enfants scolarisés en France. Florimond Guimard, 30 ans, professeur des écoles à Marseille, comparaîtra vendredi devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence pour « violence volontaire sur agent » et « violence en réunion avec arme par destination ». Il risque trois ans de prison et 45.000 euros d’amende.
Le 9 novembre 2006, à Marseille, des policiers tentent de procéder à l’expulsion par bateau d’un Algérien, père d’une fillette de 8 ans et d’un garçon de 3 ans, inscrits dans le groupe scolaire où travaille Florimond Guimard. Des marins refusant d’embarquer le sans-papiers, l’expulsion est repoussée. Deuxième tentative le 11 novembre, par avion cette fois-ci. Mais 200 manifestants s’opposent aux policiers. Une bousculade s’ensuit. Un policier est très légèrement blessé à un pouce (un jour d’interruption temporaire de travail) après avoir heurté une barrière. Un mois plus tard, Florimond Guimard est convoqué par la police. Il lui est reproché d’avoir volontairement blessé le fonctionnaire mais aussi d’avoir suivi en voiture, de façon dangereuse, le véhicule qui emmenait le père de famille à l’aéroport.
« Une tentative d’intimidation des mouvements sociaux »
« Je n’ai fait ni l’un ni l’autre, assure l’enseignant. L’histoire de la poursuite en voiture ne tient pas debout. Quant à la manifestation en elle-même, je n’ai à aucun moment manipulé violemment cette barrière. Des films ont été tournés et montrent bien que je ne suis pour rien dans la blessure du policier. » Militant du Réseau éducation sans frontières (RESF), l’instituteur explique qu’il ne pouvait pas rester insensible à la tentative d’expulsion. « Comment voulez-vous faire classe quand vous savez que le père d’Untel est sur le point d’être renvoyé ? Que seraient devenus sa femme et ses enfants sans lui ? Quelle scolarité sa fille et son fils auraient-ils pu suivre dans de telles conditions ? »
Le jeune professeur se serait bien passé de comparaître, pour la première fois, devant un tribunal. Mais à deux jours du premier tour de l’élection présidentielle, il compte aussi dénoncer ce que Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU (première fédération syndicale de l’éducation), qui se rendra à Aix vendredi, appelle « une tentative de criminalisation et d’intimidation des mouvements sociaux ».
RESF souligne que, ces derniers temps, le nombre de convocations devant un tribunal ou de placements en garde à vue pour avoir soutenu des sans-papiers a augmenté.