la LDH appelle à voter et à faire voter, le 6 mai 2007, pour Ségolène Royal


article communiqué de la LDH  de la rubrique démocratie > la campagne de 2007
date de publication : samedi 28 avril 2007
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La Ligue des droits de l’Homme se mobilise pour faire battre le candidat de la majorité sortante. A ses yeux, Nicolas Sarkozy, ancien ministre de l’Intérieur, est le premier responsable de la « régression continuelle des libertés » à laquelle nous assistons depuis cinq ans.

Vous lirez successivement ci-dessous l’appel de la LDH à voter pour Ségolène Royal, le contenu du tract « Aux urnes, Toulonnais(es) ! » diffusé par la section de Toulon de la LDH, un entretien avec Jean-Pierre Dubois, président de la LDH, puis la présentation de l’édition 2007 de « L’état des droits de l’Homme en France » [1].

[Mise en ligne le 27 avril, mise à jour le 28 avril 2007]

Communiqué LDH

Paris, le 28 avril 2007

Le 6 mai, barrons la route à l’autoritarisme, votons pour défendre les droits et les libertés

Contre-pouvoir et association civique luttant contre l’arbitraire, l’injustice et l’intolérance, la Ligue des droits de l’Homme n’intervient dans le débat électoral que si le bon fonctionnement de la démocratie, l’effectivité de la citoyenneté et le respect des principes de liberté, d’égalité et de fraternité sont en jeu.

Nous venons de vivre cinq années de régression des libertés, de l’égalité et de la fraternité. Tous les pouvoirs ont été accaparés par un seul courant politique. L’autoritarisme, le recours aux moyens d’exception ont accompagné le renforcement du contrôle social, le choix du tout répressif, le recul des droits des justiciables, les attaques contre l’indépendance des juges. L’insécurité sociale a été renforcée pour les plus faibles, la protection sociale fragilisée, la précarité du travail encouragée. Les « marginaux », les « différents », les jeunes des quartiers défavorisés, ont été traités en boucs émissaires, les étrangers traqués jusque dans les écoles maternelles, les familles les plus démunies sanctionnées pour leur pauvreté.

Si Nicolas Sarkozy se voyait confier la plus haute charge de l’Etat, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas : loi durcissant encore la répression pénale, nouvelle loi anti-étrangers, contrat de travail « unique » se substituant au CDI, sans parler du ministère de l’« identitaire » et de l’immigration… Il est de notre devoir d’alerter les citoyennes et les citoyens de ce pays : la poursuite et l’amplification de la politique menée depuis cinq ans ne serait pas un « rêve » mais un cauchemar. Nous ne voulons pas d’une démocratie muselée qui, parce qu’elle laisserait sur le bord de la route des millions de personnes, attiserait le communautarisme, le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie et ouvrirait la voie aux révoltes sociales.

Nous voulons une autre France : fière de sa diversité, soucieuse que chacun puisse réaliser ses aspirations, porteuse des libertés et rénovant sa démocratie. La France n’est jamais aussi grande que lorsqu’elle met ses actes en accord avec son ambition séculaire de voir tous les droits valoir pour tous. Pendant qu’il en est temps, la LDH appelle les électeurs à choisir la solidarité et non la peur, le respect et non les menaces, l’égalité et non les discriminations.

La Ligue des droits de l’Homme appelle à voter et à faire voter, le 6 mai 2007, pour Ségolène Royal.

Aux urnes, Toulonnais(es) !

Nous venons de vivre cinq années de régression des libertés, de l’égalité et de la fraternité.

L’autoritarisme, le recours aux moyens d’exception ont accompagné le renforcement du contrôle social, le choix du tout répressif, le recul des droits des justiciables, les attaques contre l’indépendance des juges.

L’insécurité sociale a été renforcée pour les plus faibles, la protection sociale fragilisée, la précarité du travail encouragée.

Les « marginaux », les « différents », les jeunes des quartiers défavorisés, ont été traités en boucs émissaires, les étrangers traqués jusque dans les écoles maternelles, les familles les plus démunies sanctionnées pour leur pauvreté.

Si Nicolas Sarkozy était élu, des régressions plus graves nous attendent :

  • loi durcissant encore la répression pénale,
  • nouvelle loi anti-étrangers dans le cadre d’un ministère de « l’identité nationale »,
  • contrat de travail « unique » se substituant au CDI,
  • limitation du droit de grève,
  • développement du fichage des citoyens.

La poursuite et l’amplification de la politique menée depuis cinq ans ne serait pas un rêve mais un cauchemar.

Nous ne voulons pas d’une démocratie muselée, laissant sur le bord de la route des millions de personnes, attisant le communautarisme, le racisme et la xénophobie, et ouvrant la voie aux révoltes sociales.

Votez pour préserver et garantir nos libertés, pour défendre l’égalité et les droits sociaux, droits du travail, de l’éducation et de la santé ! Leur maintien dépend de votre vote !

La section de Toulon de la LDH vous appelle à
voter le 6 mai 2007
contre le candidat de la majorité sortante

Toulon, le 26 avril 2007

Nous donnons rendez-vous aux Toulonnaises et Toulonnais, mardi 1er mai à 10h30, place de la Liberté.

Jean-Pierre Dubois : « Sarkozy élu ? Une catastrophe pour la société française »

un entretien publié dans l’Humanité du 25 avril 2007

Selon Jean-Pierre Dubois, son président, la Ligue des droits de l’homme va se mobiliser pour faire battre le candidat de la majorité sortante.

  • Comment analysez-vous les résultats du vote de dimanche ?

Ce qui est un vrai motif de satisfaction c’est la mobilisation citoyenne, très forte et quasiment sans précédent. Les campagnes menées pour que les jeunes s’inscrivent sur les listes électorales dans les quartiers populaires, pour que les gens qui avaient un peu désespéré de ce type d’engagement se mobilisent, ont réussi. En revanche, nous sommes toujours préoccupés par la détérioration du rapport de force politique entre les forces de régression et les forces de progrès. Si l’écart entre la droite et la gauche reste difficile, le second tour n’est pas joué et reste ouvert.

  • La Ligue des droits de l’homme va-t-elle intervenir dans la deuxième campagne ?

Nous allons délibérer d’ici quelques jours mais on peut dès maintenant dire que la Ligue des droits de l’homme va prendre sa place dans le débat pour le second tour. Non pas comme un parti politique mais comme une association qui se préoccupe des questions politiques. Sans vouloir anticiper les positions de notre comité central, je suis convaincu que nous déciderons de barrer la route au danger que représente Nicolas Sarkozy. Nous dirons aux citoyens sur quels critères nous pensons qu’il faut se mobiliser et nous appellerons clairement à battre le candidat de la majorité sortante, dans l’intérêt de la défense des droits de l’homme. Ce n’est pas un engagement partisan mais civique.

  • Quelles sont les conséquences de l’action de Nicolas Sarkozy dans les gouvernements depuis 2002 ?

Nous devons très simplement rappeler quel est son bilan et celui de la majorité qu’il incarne en matière de régression des droits de l’homme, des droits sociaux et de creusement des inégalités. Nous avons vécu cinq années de vision sécuritaire, de lois anti-étrangers, qui ont d’ailleurs développé les sentiments de xénophobie et de racisme dans le pays, de recul de l’indépendance de la justice. N’oublions pas l’aspect social avec la précarisation du travail à travers le CNE, le projet de CPE, les réformes des retraites et de l’assurance maladie. Il n’y a rien eu d’équivalent en France depuis cinquante ans et la guerre d’Algérie.

  • Si Nicolas Sarkozy est élu le soir du 6 mai, comment envisagez-vous l’avenir ?

Recommencer cinq années comme celles-là, qui seront encore aggravées puisque Nicolas Sarkozy aurait désormais les mains libres, ce serait une catastrophe pour la société française. Mais je crois que nous n’avons encore rien vu. Il veut à présent créer un contrat unique de travail qui serait la mort du contrat à durée indéterminée. On sait ce que signifie pour les plus fragiles la manière dont il voit la protection sociale. Je me demande combien d’enfants d’étrangers se feraient arrêter devant les maternelles si M. Sarkozy devenait président de la République. Donner l’essentiel du pouvoir à quelqu’un qui représente ce type de danger, c’est faire courir un risque terrible non seulement aux libertés mais aussi à la cohésion sociale.

  • Si Nicolas Sarkozy est battu, qu’attendez-vous de la gauche ?

Il ne faut pas oublier que derrière la présidentielle, il y a des élections législatives. Et que ce sont elles qui détermineront la majorité. J’ai peur qu’on l’oublie un peu. Pour l’instant, il s’agit d’abord de se rassembler autour de la candidature qui permet de barrer la route à Nicolas Sarkozy. Mais il faudra bien construire ensuite un espoir de changement politique, aux législatives, autour des idées de défense des libertés, de progrès, d’égalité et de cohésion sociale. Ce jour-là, il sera nécessaire que toutes les forces qui voudront se battre dans ce sens puissent se rassembler. Rien ne serait pire que de trop personnaliser les choses et d’oublier les enjeux politiques de fond.

Entretien réalisé par Ludovic Tomas

La Ligue des Droits de l’Homme dénonce l’action de Nicolas Sarkozy

Libération.fr avec AFP - jeudi 26 avril 2007

La Ligue des droits de l’Homme a présenté jeudi l’édition 2007 de son « état des droits de l’Homme en France », déplorant une « régression continuelle des libertés » et condamnant particulièrement le bilan de Nicolas Sarkozy, candidat UMP à la présidence et ex-ministre de l’Intérieur.

Qualifiant la « vision du monde » de M. Sarkozy d’« absolument terrifiante », le président de la LDH, Jean-Pierre Dubois, a laissé peu de suspense sur la prise de position du comité central samedi dans le duel Nicolas Sarkozy-Ségolène Royal. « Il faut réagir avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il martelé, parlant de « grave régression en matière de droits fondamentaux depuis cinq ans ».

« La politique législative de course au sécuritaire à dominante xénophobe sacrifie au report de voix d’extrême droite les droits des étrangers, l’humanité élémentaire et, au bout du compte, les libertés de tous », écrit-il dans ce bilan publié aux éditions La Découverte.

La LDH constate en 2006 une « aggravation de la crise sociale », un « approfondissement de la crise institutionnelle » et une « extension de la crise éthique » qui « se répand au rythme de la contamination de l’ordre républicain par l’agenda lepéniste ».

« L’année 2006, plus encore que les précédentes, fut une très mauvaise année pour les étrangers vivant sur le sol français », estime M. Dubois, selon lequel « la chasse aux sans-papiers s’est intensifiée au rythme de la précampagne présidentielle du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, avec son volet +chasse aux enfants+ particulièrement insupportable ».

L’organisation avertit qu’« agiter le fantasme de l’+immigration subie+ (terme employé par M. Sarkozy), dangereuse, c’est construire le racisme, c’est préparer plus d’affrontements, d’injustices, de violences ».

Elle déplore les effets de plusieurs lois votées en 2006, notamment celle du 31 mars sur « l’égalité des chances » qui a signifié « stigmatisation, sanctions, alourdissement des difficultés pour les familles et les jeunes les plus fragiles ». La LDH assure également que la nouvelle loi Sarkozy sur l’immigration du 24 juillet a signifié « exclusion et précarisation » et s’inquiète de la nouvelle législation visant à restreindre davantage le regroupement familial, annoncée par M. Sarkozy.

Elle qualifie de « point d’orgue de cinq ans de mise en oeuvre législative de pans entiers du programme de Le Pen » la loi sur la « prévention de la délinquance » dont l’inspirateur est, selon la LDH, « toujours (l’ex) ministre de l’Intérieur qui se mêle déjà de justice, de santé, d’éducation, de logement ».

Selon la LDH, ce texte institue « un contrôle social généralisé, un fichage municipal de la population, un système de délation imposé de fait aux travailleurs sociaux et la transformation des maires en shérifs » et « risque de préfigurer un véritable basculement de notre société ». « Les libertés et l’égalité ont ainsi régressé de concert en 2006, au profit non d’une sécurité durable mais d’une idéologie sécuritaire qui augmente l’insécurité qu’elle prétend combattre », affirme encore l’organisation.

Selon elle, en outre certains policiers « ne respectent pas les droits des citoyens » et « se sentent sinon couverts, du moins rarement inquiétés, dans le climat crée par les provocations ministérielles ». La LDH se félicite en revanche de l’avènement en 2006 de « résistances symboliques mais aussi militantes », saluant notamment la « retentissante victoire contre le CPE » et le combat du Réseau éducation sans frontières (RESF) pour protéger les familles sans-papiers grâce au « recours légitime à la désobéissance citoyenne ».

Notes

[1Ed. La Découverte, 124 p., 6.90 €.


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