Samedi 22 mars 2003, plusieurs milliers de Toulonnais manifestent contre la guerre en Irak.
Lundi 24 mars, deux manifestants sont condamnés.
Au cours de la manifestation de samedi, un oeuf a été envoyé contre l’enseigne du MacDo. Les forces de l’ordre ont aussitôt menotté le jeune Yann. Les manifestants ont alors encerclé la voiture de police dans laquelle il était détenu et demandé sa libération. Le ton est monté.
Le conseiller général Bruno Maranzana devait déclarer au journal La Marseillaise : "Alors que nous étions venus faire un cordon de protection, un policier me traite de pédé, me donne un coup de genou entre les jambes et me tutoie. Je n’ai jamais vu ça. Les sauvageons ne sont pas que dans les quartiers. Ils sont aussi dans la police." B. Maranzana a fait inscrire l’incident à la main courante. De son côté, le conseiller régional Robert Alfonsi parle de "disproportion de la réaction des forces de l’ordre".
Yann était libéré vers 16h30. Le lendemain, dimanche, il était convoqué au commissariat de police et placé en garde à vue. Lundi 24, il était déféré au tribunal correctionnel de Toulon selon la procédure de comparution immédiate ; il a été condamné pour "rébellion" et "incitation à la rébellion" à un an de prison avec sursis, avec obligation d’effectuer un travail d’intérêt général pour une durée de 240 heures au cours des 18 mois à venir, et un euro symbolique pour un fonctionnaire de police.
Ce même lundi, un autre jeune, Adil, était condamné à la même peine pour "rébellion" ; Adil avait été interpellé à la fin de la manifestation de samedi et avait passé 48 heures en garde à vue.
Lundi soir, Adil et Yann étaient libres. Mais ces deux condamnations, rendues dans une atmosphère lourde, laissent une impression de malaise : le journal Var-Matin les qualifie de "suites judiciaires hors normes". La section de Toulon de la LDH s’interroge devant la sévérité des peines prononcées.
La Ligue des droits de l’homme reste vigilante dans la défense de nos libertés. Elle dénonce dans les lois "sécuritaires" un recul des libertés publiques. Comme l’a dit le bâtonnier de Paris, Paul-Albert Iweins : "Il faut que les gens comprennent qu’un jour ou l’autre ces mesures techniques sont susceptibles de les concerner."
Toulon, le 25 mars 2003