il ne faut pas baillonner Bastien Cazals


article de la rubrique démocratie > désobéissance & désobéissance civile
date de publication : vendredi 26 juin 2009
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Quartier libre

J’ai mis mon képi dans la cage
et je suis sorti avec l’oiseau sur la tête.
- Alors, on ne salue plus ? a demandé le commandant.
- Non, on ne salue plus, a répondu l’oiseau.
- Ah bon. Excusez-moi, je croyais qu’on saluait, a dit le commandant.
- Vous êtes tout excusé, tout le monde peut se tromper, a dit l’oiseau.

Jacques PREVERT


« Je crois que la force principale d’un peuple est la capacité d’insoumission, la capacité à ne pas recevoir une information sans la passer au crible de la critique. La discipline est la force principale des armées. L’esprit critique est la force principale des peuples. C’est la fonction de l’école. »
Albert Jacquard [1]


Après la révocation de ses fonctions de directeur d’école de Jean-Yves Le Gall, après les convocations en commission disciplinaire d’Erwan Redon et d’Alain Refalo pour les 7 et 9 juillet, c’est Bastien Cazals qui se trouve à nouveau dans la ligne de mire des autorités académiques.

Directeur d’une école maternelle à Saint-Jean-de-Védas, près de Montpellier, Bastien Cazals a déjà été sanctionné de 36 jours de retrait sur salaire pour avoir dénoncé les réformes mises en oeuvre par l’ancien ministre de l’Education nationale [2]
– il fait partie des 200 directeurs d’école qui refusent le logiciel Base élèves.

Mais c’est de liberté d’expression qu’il s’agit maintenant : un courrier de l’Inspecteur d’Académie de l’Hérault, daté du 23 juin, intime à Bastien Cazals « l’ordre de ne communiquer avec aucun media pour tout sujet ayant rapport avec [ses] fonctions » [3].

Cet ordre est-il bien conforme à la loi 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires ?
On peut poser la question et rappeler avec Anicet Le Pors que les fonctionnaires sont des « citoyens de plein droit ».

Constatons avec Pierre Frackowiak, inspecteur honoraire de l’Education nationale, que le «  développement de l’autoritarisme dans le fonctionnement du système éducatif au niveau du premier degré [est sans précédent] dans l’histoire contemporaine », et qu’« il serait temps que le ministère [...] reprenne le dialogue et la réflexion sur la pédagogie et sur les politiques éducatives globales » [4].

P.-S.

Dernière minute

Le 9 juillet 2009, le Tribunal Administratif a ordonné la suspension des 24 jours de retrait de salaire infligés à Bastien Cazals.

Notes

[2Bastien Cazals a engagé un recours au tribunal administratif contre les sanctions financières qui lui ont été infligées (une audience est prévue le 6 juillet à 15h).


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