Des permis ont été délivrés pour la prospection et l’exploration des sous-sols de plusieurs zones en France concernant du gaz de schiste, sans concertation avec les élus locaux. Si les permis accordés par le gouvernement sont utilisés, les travaux devraient commencer dès le premier semestre 2011.
Les conséquences pour l’environnement risquent d’être considérables. Les techniques mises en oeuvre pour extraire les gaz de schiste sont extrêmement brutales : forages à grande profondeur, injection de très grandes quantités d’eau et de produits chimiques afin de fracturer la roche – la fracturation entraînant naturellement des fissures dans la roche, d’où un fort risque de contamination des nappes phréatiques.
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Le collectif varois “Le Var dit NON au gaz de schiste” multiplie les actions pour que cessent les projets d’exploitation de cette ressource énergétique. Il demande le retrait pur et simple des permis d’exploration déposés par une société texane, pour un vaste secteur, allant de Digne-les-Bains à Toulon et d’Aix-en-Provence à Nice, baptisé « Permis Brignoles » dans les documents administratifs.
Mise à jour (13 novembre 2011)
La lutte contre l’exploitation du gaz de schiste se poursuit dans le Var. Certes trois permis ont été abrogés (Nant, Villeneuve de Berg et Montélimar) mais c’est sans conséquence pour le département du Var qui n’est concerné que par le permis Brignoles (voir la carte ci-dessous).
Afin de poursuivre l’information, le Collectif Var organise une séance de projection du film GASLAND suivie d’un débat, jeudi 8 décembre 2011 à 20 h, au cinéma Le Royal à Toulon.
Contacts : nonaugazdeschiste83@gmail.com – 06 33 44 10 02 – 06 74 41 89 81
Le site du collectif : http://gazdeschiste-collectif-var.o...
La salle du Moulin à huile du Val peinait à contenir, vendredi soir, l’audience de la première réunion publique consacrée à l’exploitation du gaz de schiste dans le Var.
Une première qui pourrait bien en appeler de nombreuses autres… Plus de 75 % du sous-sol varois (6785 km²) fait ainsi l’objet d’une demande d’exploitation de cette énergie fossile (notre édition de vendredi).
Plusieurs figures régionales du mouvement Europe écologie - Les Verts et des citoyens pionniers dans ce " nouveau combat ", se sont succédé pour présenter ce "scandale, honteux à tous les niveaux ".
Les " risques environnementaux majeurs pour l’eau et l’air " et autres risques sanitaires ont évidemment été abordés. " Le procédé de fracturation hydraulique nécessite l’utilisation moyenne d’une quinzaine de millions de litres d’eau par puits. Cette eau étant par ailleurs chargée de nombreuses substances chimiques ", fait ainsi remarquer le docteur Pierre Souvet. Les "erreurs d’une stratégie énergétique qui consisterait à exploiter une autre énergie fossile, insuffisante, épuisable à terme et polluante" ont également été pointées.
Mais surtout, "il est temps d’en finir avec ces méthodes du secret. Le gouvernement, en harmonie avec les industriels, décide de tout ça en douce, derrière notre dos", lançait la députée européenne Michèle Rivasi. "Borloo a délivré en mars 2010 les premiers permis en France, en catimini. Dans le même temps, le code des mines a été révisé, l’étude d’impact n’est plus obligatoire !"
"Après les OGM, les farines animales, l’amiante, les médicaments, etc., rien n’a changé. Mais quand on a vu Gasland
[3], cela devient une idée fixe : on ne peut pas laisser faire ça chez nous ! ", estime François Pecqueur, citoyen à la tête d’un collectif marseillais contre les gaz de schiste.
"Quelle est la position du conseil général ?"
Si un moratoire a été décrété, "c’est uniquement grâce à la pression de la population, et pour gagner du temps alors qu’approchent les élections. Mais les experts missionnés pour étudier le problème, comme souvent, sont juge et partie", note encore Michèle Rivasi. "Où sont les grands principes du Grenelle ? L’exploitation des gaz de schiste en France, c’est zéro concertation, et zéro évaluation d’impact ! Nous sommes ici devant un déni de démocratie. À la manière de Stéphane Hessel, j’ai envie de dire : “Indignez-vous !” "
Michèle Rivasi souligne notamment que "le conseil régional bouge, certaines communes vont bouger, l’Europe commence aussi. Mais on n’entend pas les députés sur ce problème. Pire encore, quelle est la position du conseil général, dont les trois quarts du territoire sont concernés ? Nous avons une chance historique : nous sommes en période électorale ! La population doit s’approprier ce combat, qui dépasse les partis politiques, et demander à ses élus et candidats d’exprimer leurs positions sur cette exploitation de nos sous-sols."
La lutte contre l’exploitation des gaz de schiste fait déjà l’objet d’importantes mobilisations citoyennes, notamment dans le Larzac ou en Ardèche. Dans le Var, un premier collectif devrait voir prochainement le jour à Brignoles.
Le PDG de Total "agacé"
Le PDG de Total Christophe de Margerie s’est dit "agacé" vendredi soir par la polémique lancée par les écologistes sur le gaz de schiste, qui n’a selon lui "pas lieu d’être".
"On ne sait pas s’il y a des gaz de schiste en France, c’est bien de parler des problèmes que cela peut poser – si un jour il y en a – mais aujourd’hui, il n’y en a pas" a dit Christophe de Margerie lors de la présentation des résultats annuels de Total. Le gouvernement a accordé l’an passé des permis d’exploration de gaz de schiste, notamment à Total et GDF Suez. La ministre de l’Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet et son homologue de l’Industrie, Éric Besson, ont annoncé jeudi qu’il n’y aurait aucun forage avant le mois d’avril au moins.
Alors qu’une entreprise demande à pouvoir prospecter ce fossile dans le département, Europe écologie-Les Verts dénonce une réelle menace écologique.
C’est le sujet n° 1 qui brûle la bouche des écolos de tout poil : les gisements de schiste. Le feu a été allumé par Jean-Louis Borloo qui, avant de quitter le ministère de l’Environnement, a autorisé la recherche de ces « gaz non conventionnels » dans le sous-sol français. Comme un retour de flamme, le département du Var s’est trouvé en première ligne. L’entreprise Schuepbach Energy LLC a déposé en 2008 au ministère un permis de recherche exclusive afin de prospecter une zone qui couvre 6781 km² (allant d’Aubagne à Grasse et de Cuers jusqu’au Verdon). Soit 75 % du département du Var.
Kosciusko-Morizet fait machine arrière
Pourquoi précisément le Var ? « a priori, on a un sous-sol intéressant », répond Christian Desplats, conseiller régional Europe-écologie-Les Verts (EELV). « Notre département concentre pas mal de richesses, de réserves convoitées », précise de son côté Jean Matéo, ancien ingénieur pétrolier et candidat d’EELV aux cantonales à Besse. « Même si la preuve n’est pas encore faite de la rentabilité économique, on va souvent retrouver ces permis dans des régions où il y avait une activité minière. »Autant dire que les écologistes locaux sont chauffés à blanc. Et toujours pas refroidis après le récent rétropédalage de la nouvelle ministre Nathalie Kosciusko-Morizet elle a suspendu tous travaux de prospection jusqu’en juin et créé, le 4 février, une mission « chargée d’évaluer les enjeux environnementaux ». Promettant également qu’« aucune autorisation de travaux sur le gaz de schiste ne sera donnée ni même instruite avant le résultat de cette mission. »Malgré cette assurance, les écologistes restent sur leurs gardes. Des plateformes de forage dans le paysage varois ? Des puits à la place des arbres ? De l’eau polluée ?
Environnement : des risques importants
« Si l’entreprise trouve ces gaz partout, il y a de grandes chances que ce scénario-cauchemar voit le jour… », s’inquiète encore Christian Desplats. « Sans notre intervention, explique cet élu, le permis de rechercher puis d’exploiter ces gaz aurait été délivré. Et, surtout, sans que l’on en soit informé… Sans que les maires et autres élus soient sollicités. » Après la date butoir de juin donnée par la ministre, Christian Desplats et les élus EELV préviennent : « On sera vigilant en juillet, quand tout le monde sera en vacances. »Surtout que, selon eux, l’exploitation de ces gaz de schiste « génère des risques environnementaux particulièrement importants ». Notamment en termes d’impacts paysagers : « Il y a besoin de creuser partout, de créer des puits distants de quelques centaines de mètres. » Ou en terme de consommation d’eau. Sans oublier le risque de pollution des nappes « par des métaux lourds et produits chimiques particulièrement toxiques. »
Les élus EELV prônent d’autres méthodes pour contrecarrer la pénurie annoncée de pétrole. « Il faut s’opposer aujourd’hui à ces prospections, mais il faut aussi aller très vite pour mettre en place une société qui a besoin de moins d’énergie. C’est une course entre le gaspillage et la sagesse », analyse Jean Matéo. « Parce que l’on a moins de pétrole, la société moderne pousse les technologies plus loin », regrette-t-il. « On va forer à 1500 m et on tente des situations extrêmes. À force de prendre des risques, cela va nous “ péter ” à la figure… »
GASLAND par latelelibre
[1] Source : http://www.michele-rivasi.eu/non-classe/gaz-de-schiste-des-techniques-brutales-bientot-a-l%E2%80%99oeuvre-suite-a-la-visite-de-terrain-a-villeneuve-de-berg/
[3] Gasland est un documentaire consacré aux ravages causés par l’exploitation du gaz de schiste aux États-Unis. Dans l’une des images fortes du film, l’eau d’un robinet est tellement polluée qu’elle devient… inflammable.