en finir avec les idées fausses propagées par l’extrême droite


article de la rubrique extrême droite > FN : le cru 2014
date de publication : mardi 15 avril 2014
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Un petit livre, édité dans un format poche (164 p. - 5 €), par les éditions de l’Atelier [1]. Un livre accessible à tous, qui répond à 73 idées reçues diffusées par l’extrême droite en les contrecarrant une à une. Syndicats de salariés et d’étudiants, associations s’unissent pour soutenir la publication d’un livre antidote au discours du Front national. Un argumentaire développé par Pierre-Yves Bulteau, précédé d’une introduction de Gérard Aschieri, Frédéric Bodin, Agnès Naton et Pierre Tartakowsky. [2]


Les 73 affirmations relatées et contrecarrées dans ce livre ressortent de conversations quotidiennes, trouvent de l’écho chez les salariés, les jeunes et les milieux populaires. Dans une France et une Europe traversées par une crise sociale et économique aigüe, l’extrême droite et son parti en France, le Front national, sont de plus en plus compris comme un parti de protestation contre l’iniquité social qui serait capable de réaliser une partie des promesses non tenues par les gouvernements successifs. De plus en plus de citoyens s’interrogent sur ces propositions, certains reprennent, souvent sans le savoir, des idées fausses. D’autres se demandent comment défendre au mieux les valeurs de la République.

Aujourd’hui, pour faire reculer l’extrême droite, il ne suffit plus de dénoncer ses dérives antirépublicaines, de combattre un clan et un parti politique, tout comme de s’en tenir à la posture de l’antifascisme. Il faut s’atteler à combattre les idées fausses qui contaminent insidieusement nos discours, en les contrecarrant une à une.
Ce livre est un antidote indispensable au discours de l’extrême droite et invite à refuser la tentation autoritaire, le « chacun chez soi » et le « chacun pour soi », pour construire une société d’égalité, de liberté et de fraternité pour tous. Il démasque cette propagande selon laquelle l’égalité des êtres humains ne serait pas une chance mais une menace.

Pierre-Yves Bulteau a bénéficié du concours précieux de syndicats (CGT, FSU, Union syndicale Solidaires) et d’associations (FIDL, JOC, MRAP, UNEF, UNL) dont les militants sont quotidiennement confrontés aux questions d’un monde de la jeunesse et du travail sensible à la propagande de l’extrême droite. Ce livre est le symbole de la mobilisation de syndicats et d’associations, pour faire barrage à ces idées qui sous le masque de l’évidence véhiculent des mensonges et remettent en cause le fondement de notre démocratie : le droit de chacun à vivre dans la liberté, l’égalité et la fraternité. Le devoir des citoyens et des organisations qui les rassemblent est de dissiper le mensonge, de se défaire du poison de la division et de la haine. On ne peut laisser le soin aux seuls partis politiques qui se reconnaissent dans l’idéal républicain de répondre à la propagande de l’extrême droite. Les idées de l’extrême droite ne circulent plus seulement dans les meetings électoraux et les isoloirs, elles se propagent dans les campus, les lycées, les quartiers, les territoires, sur les lieux de travail, jusqu’à occuper les conversations quotidiennes et se banaliser.

Ci-dessous deux extraits de l’ouvrage : sur la colonisation puis sur l’OAS :

Une idée fausse propagée par l’extrême droite :
« La colonisation française n’était pas un système injuste, elle a produit de grandes choses. »

Coloniser, c’est prendre le territoire d’un autre pour s’y installer et le dominer en l’exploitant. Pourtant, avec l’article 4 de la loi du 23 février 2005, le gouvernement Villepin a voulu que soient reconnus les aspects « positifs » de la colonisation dans les manuels scolaires. Une proposition qui a provoqué un tollé tel que L’exécutif a dû modifier La loi un an plus tard, reconnaissant de fait que la colonisation n’est rien d’autre que la négation de toute valeur d’humanité et de progrès. Ses fondements politiques, juridiques, administratifs et économiques instaurent un rapport de force qui s’appuie sur une logique d’asservissement et qui induit que certains peuples seraient culturellement supérieurs à d’autres. C’est drapée de ce mythe civilisateur que La France a mis en place un
système de domination dans ses colonies. Pendant des décennies, l’inégalité s’y est exercée dans tous les domaines : en matière d’état civil et de citoyenneté, de justice, d’accès à l’enseignement et à la fonction publique. Jusqu’à, par exemple, subordonner le statut des Algériens à celui des Français. Privés de la citoyenneté et dotés de droits civiques réduits, ces derniers, aussi appelés « indigènes » par La puissance coloniale, étaient en possession d’une nationalité vide de tout sens, assortie de la mention « Français musulman », cela pour imprimer aux yeux de tous Leur supposée infériorité. « Rappelons ici, parmi mille exemples, cette décision de la cour d’Alger prise en 1865 : "Tout en n’étant pas citoyen, l’indigène est Français." C’est la doctrine "dite de la nationalité sans la citoyenneté, c’est-à-dire sans aucun des droits conférés au citoyen français [3]. » Car, contrairement à ce qu’affirme l’extrême droite, l’édification de ces fameuses routes, de ces hôpitaux et de ces écoles n’avait pas pour but de désenclaver et de développer le pays, mais bien de valoriser les intérêts des colons venus exploiter les ressources humaines et naturelles de ces pays au seul profit de la métropole. Ces « bienfaits » ne contribuant en réalité qu’à empêcher le développement de L’Algérie par la confiscation des ressources et par la formation d’une élite triée sur le volet, véritable rempart à l’autodétermination de tout un peuple.

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Une autre idée fausse : « Les membres de l’OAS [4] ont été des combattants courageux. »

Ces « héros » dont parle l’extrême droite sont en fait des terroristes, poseurs de bombe, au nom de l’Algérie française et de la colonisation dans son ensemble. Contrairement à ce qu’elle affirme, ces hommes n’avaient rien de résistants. Se battant au nom de l’impérialisme français, ils n’étaient pas en position d’occupés mais bien d’occupants. Ils ne se sont pas battus pour la France, mais au nom d’une idéologie raciste postulant la supériorité des Français « européens » sur les « indigènes », en instaurant une terreur de masse et en commettant des meurtres ciblés, et aussi en voulant attenter à la vie du président de la République, le général de Gaulle. Dans leurs rangs, on trouvait des membres de l’extrême droite, des Européens parmi les plus ultras, des militants en rupture, des pieds- noirs se sentant trahis par de Gaulle et même des patriotes se disant inspirés par la Résistance. Aussi brève que sanglante, cette dernière guerre civile que connut ta France sur son territoire provoqua 13 000 attentats en Algérie et en France, tuant 2 200 personnes — Français et Algériens — dont 71 dans la métropole. Une guérilla terroriste au terme de laquelle 10 000 membres de l’OAS seront arrêtés, 3 682 condamnés à de lourdes peines de prison, et quatre fusillés pour avoir participé à l’attentat du Petit-Clamart contre le général de Gaulle.

Notes

[1Ce livre est édité par Les Editions de l’Atelier en partenariat avec l’Institut de recherches de la FSU, La Ligue des Droits de l’Homme, Union syndicale Solidaires, VO Editions ; avec le soutien de la CGT, FIDL, FSU, JOC, MRAP, UNEF, UNL.

[2Un entretien avec Pierre-Yves Bulteau : http://www.regards.fr/politique/on-ne-peut-pas-repondre-a-l,7607
Le livre est en vente dans toutes les bonnes librairies et à la boutique de la LDH : http://boutique.ldh-france.org/en-finir-avec-les-idees-fausses-propagees-par-l-extreme-droite.html

[3Karim Amellal, maître de conférences à Sciences Po Paris.

[4L’Organisation de l’armée secrète, apparue au printemps 1961 et dissoute en juillet 1962, était une organisation clandestine créée pour tenter d’empêcher l’accès de l’Algérie à l’indépendance.


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