en PACA, l’ouverture du FN aux identitaires


article de la rubrique extrême droite > FN : le cru 2014
date de publication : mercredi 5 août 2015
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Le mystère a duré jusqu’au bout : quel groupe allait, vendredi soir 31 juillet 2015, aux Arènes de Fréjus, assurer la première partie de La Souris Déglinguée (LSD), groupe de rock alternatif français né en 1976 ? La boîte d’événementiel "La Patrouille de l’événement", proche du FN, n’avait pas communiqué le nom de l’élu.

C’est le groupe de rock identitaire In Memoriam, aux paroles haineuses et à la réputation sulfureuse, qui s’est donné en spectacle vendredi soir.
D’après Var-matin de nombreuses voix se sont élevées sur les réseaux sociaux, pour protester contre cette programmation pour le moins provocatrice.
Des bagarres se sont produites en marge du concert, vers minuit.

L’organisation de ce spectacle confirme l’ouverture du FN vers le groupe identitaire Nissa rebela dont le leader, Philippe Vardon, devrait figurer en 5e position sur la liste conduite par Marion Maréchal-Le Pen aux prochaines élections régionales.


Fréjus : le maire FN ouvre les arènes aux identitaires

par Mathias Destal, Marianne le 4 août 2015


Pour le deuxième été consécutif le maire FN de Fréjus, David Rachline, a confié les clés des arènes à ses amis de La patrouille de l’événement, une société chargée de gérer la programmation estivale pour le compte de la mairie. La Patrouille s’est payée un petit plaisir, vendredi dernier : un bon vieux concert de rock identitaire à l’ancienne avec de la baston à la fin.

Vendredi 31 juillet, les arènes de Fréjus étaient réservées aux amateurs de rock à l’ancienne. Pour 20 euros, la Patrouille de l’événement, avec la bénédiction du maire FN, David Rachline, leur promettait un concert de qualité. Le groupe de rock alternatif, La souris déglinguée, assurait le spectacle, précédé d’un invité mystère. Jusqu’au dernier moment le nom du « guest » est resté secret. Pas un mot dans la presse ni sur les sites et réseaux sociaux annonçant le concert de LSD, groupe phare des années 80. Les autorités n’ont pas été mises dans la confidence non plus. Il aura fallu attendre la dernière minute pour que l’identité du groupe soit révélée et diffusée par Var-matin le lendemain. Son nom : In Memoriam, figure du rock identitaire Français (RIF) dans les années 90. Du lourd.

Fondé en 1996 par de jeunes étudiants nationalistes, In Memoriam fut l’une des formations les plus influentes de la scène rock d’extrême droite durant ses six années d’existence (1996-2002). Elle a bâti l’essentiel de sa réputation sur le terrain de l’activisme ultra nationaliste ou le combat en faveur de la Serbie de Milosevic, en pleine guerre du Kosovo. Ses membres qui ont mouillé dans les réseaux du GUD du FN ou du MNR dans les années 1990 ont largement contribué à diffuser le discours identitaire. Exemple d’un couplet du titre « Persona non grata », sorti en 2002 : « Nulle part où aller sans qu’on nous dévisage/Notre couleur de peau n’est plus à la page/Les uns nous rejettent, les autres nous baîllonnent/Nos pensées sont suspectes, il faut qu’on change la donne ! »

En 2002 toujours, l’un des fondateurs du groupe, Julien Beuzard, expliquait dans un obscur fanzine d’extrême droite, Fier de l’être, déniché par le site antifasciste REFLEXes, comment les membres de In memoriam envisageait leur musique et leur rôle politique : « Nous voulons faire de notre communauté de pensée une communauté musicale, culturelle, économique… Pour cela notre communauté se doit d’être attrayante pour attirer de nouveaux individus. Ça ne passe pas forcément par une stratégie d’ouverture au « monde » qui implique souvent compromissions et reniements mais par une stratégie de séduction. »

Cette programmation très communautaire revient donc aux dirigeants de la Patrouille de l’événement, Romain Petitjean et Minh Tran Long qui, pour la deuxième année consécutive, organisent les festivités d’été aux arènes de Fréjus pour le compte de la Ville. Interrogé par Var-Matin sur le choix de In Memoriam, Romain Petitjean assume : « C’était un plateau rock, on ne peut pas faire plus rock. Comme la Souris Déglinguée, il s’agit de rock contestataire, mais il n’y a pas de propos racistes dans les paroles d’In Memoriam ». En tout cas, il y a de l’hostilité dans leur public : aux alentours de 00h30 un groupe d’une dizaine de loulous s’est payé une bonne bagarre à l’intérieur du site historique. La police municipale a d’abord tenté d’intervenir avant de demander le renfort des fonctionnaires de la police nationale mobilisés à l’extérieur. « Ils sont arrivés face à une rixe impliquant une dizaine d’individus, des spectateurs avertis qui se battaient entre eux », nous a-t-on précisé au commissariat de Fréjus, joint par Marianne. Les policiers ont fini par user de gaz lacrymogène pour disperser la fine équipe, sifflant la fin du concert. Aucune plainte n’a été enregistrée suite à ces événements.

Romain Petitjean sait parfaitement qu’il n’a pas invité de simples rockeurs aux morceaux contestataires. Ancien militant identitaire reconverti dans la communication depuis une dizaine d’années, Petitjean s’est initié aux joies des chants païens auprès des membres d’Europe Jeunesse, le mouvement scout du GRECE, comme l’a raconté Mediapart. Il compte aussi parmi les anciens animateurs de Radio courtoisie. Sous le pseudonyme de Romain Lecap, c’est lui qui animait au moins jusqu’en 2013 « le libre journal des lycéens ». En février 2013 il consacrait par exemple une émission entière au mouvement néofasciste italien Casapound, une référence pour l’extrême droite radicale française. Quelques mois plus tôt, le 26 mai 2012, lors de la fête de cette même organisation, plus d’une centaine de militants hexagonaux faisaient le déplacement jusqu’à Rome. Ce jour-là, un groupe de rock remontait sur scène pour la première fois après dix ans d’absence : In Memoriam...

Le cabinet de David Rachline a fait savoir qu’il n’avait pas été mis au courant de l’initiative mais soutien ce choix, invoquant « la liberté
d’expression
 » et « la liberté artistique ». Minh tran Long et Romain Petitjean peuvent souffler. Et continuer à implanter leur petite boutique à l’ombre du FN, aux côtés d’autres prestataires proches du parti. Les deux associés, qui ont ouvert une antenne à Fréjus en avril 2014, ont en effet installé leur « siège » au 27 rue des vignes dans le XVIe arrondissement de Paris. Soit à la même adresse que la structure de Frédéric Chatillon, Riwal, et le micro-parti de Marine Le Pen, Jeanne, dans le « QG secret » de la fille Le Pen. Ces deux entités intéressent actuellement la justice qui a ouvert une information judiciaire au printemps 2014 sur le financement des campagnes du FN en 2011 et 2012.

Quoi qu’il en soit, dans un article à la gloire de la Patrouille publié dans le journal municipal de Fréjus cet été (voir la page 29 de la gazette), Petitjean a d’ores et déjà annoncé que la machine était lancée pour la saison prochaine.

Il promet même « un très grand spectacle » aux arènes... Avec un tas d’invités mystères ?

P.-S.

David Rachline veut faire travailler bénévolement les artistes fréjusiens

Le sénateur-maire Front national de Fréjus, David Rachline, a annoncé, lors du dernier conseil municipal du 21 juillet, son intention de demander à une quinzaine d’artistes en résidence de participer bénévolement à l’accueil d’enfants d’écoles maternelles et primaires. [1]

Notes

[1Référence : Var matin
http://www.varmatin.com/frejus/davi....


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