de multiples hommages à François Nadiras


article de la rubrique la section LDH de Toulon
date de publication : vendredi 15 septembre 2017
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"J’ai compris que l’engagement n’est pas une option mais un devoir. Ne pas s’engager, c’est se rendre complice…" - Brahim Senouci (universitaire)


Répondant à Thierry Turpin, journaliste à la Marseillaise, qui lui demandait :

"Concrètement, vous pouvez nous donner un exemple d’information qui a du mal à être relayée parce que trop complexe ou pas assez consensuelle ?"

François Nadiras répondait :

"Le fait, par exemple, que la dépouille d’un soldat français mort et enterré en Algérie en 1956 ait été rapatriée en France et que dans le même temps la restitution par la France des crânes des résistants algériens tués dans les combats du XIXe siècle contre la colonisation française ne semble toujours pas à l’ordre du jour. Et ce malgré la pétition qui a déjà recueilli plus de 30 000 signatures. C’est un sujet qui mérité d’être médiatisé dans une ville comme Toulon où il est encore difficile de dire que l’Algérie était une colonie et que le combat d’émancipation mené par les Algériens est sur bien des points tout à fait comparable à celui des résistants français." (18/08/2017)

"François Nadiras, l’engagement d’une vie (extraits) :

"François Nadiras vient de mourir. Cette phrase tombe de ma plume et je n’y crois pas. Je le savais malade, d’une de ces maladies qu’on appelle dégénératives qui condamnent celles et ceux qu’elle affecte. (...) Il a mis la même ardeur à défendre l’indépendance de l’Algérie qu’à combattre le fascisme des inconsolables de l’Algérie française. Il l’a fait par des écrits. Mais il l’a fait aussi de façon beaucoup plus physique, plus directe, en étant présent sur le parcours des nervis qui infestent les rues de Toulon, en brandissant des pancartes proclamant le rejet de l’extrême droite. Il l’a fait aussi en fondant une section de la Ligue des droits de l’homme dans cette ville dans laquelle, en 1995, le Front national avait remporté les élections municipales.

Oui, lui, si frêle, si malade, avait la force de manifester par sa présence la permanence du refus de la haine et du racisme.

Il a été aussi de celles et ceux qui ont pétitionné avec succès pour exiger l’abandon de la funeste idée de transférer les cendres de Bigeard aux Invalides. (...)

Il m’a apporté un soutien constant, extrêmement utile dans la popularisation de la pétition pour la restitution des crânes de nos martyrs, hélas toujours sous séquestre au Musée de l’Homme. Il avait fait sien ce combat. (...) [1]

C’est grâce à lui que j’ai appris que les signataires de France étaient bien plus nombreux que ceux d’Algérie. (...)

La mort l’a saisi avant que ce partage définitif se fasse, mais il est en bonne voie et va être poursuivi…

Je voudrais ajouter une dernière chose, pour les lecteurs d’El Watan et pour tous mes compatriotes. Ma fréquentation de François Nadiras m’a fait prendre conscience de la « perversité » du désespoir. (...) J’ai compris que l’engagement n’est pas une option mais un devoir. Ne pas s’engager, c’est se rendre complice…" -

Brahim Senouci Universitaire - [2]

P.-S.

A LIRE : "Les crânes de la colonisation (8/12/2016), par nf - Un millier de crânes et d’ossements d’Africains, amenés en Allemagne à l’époque coloniale, pour la "recherche scientifique raciale", sont toujours stockés à Berlin par une institution publique ..." [3]


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