connivence UMP-FN à Brignoles : suppression des repas sans porc


article de la rubrique extrême droite > les convergences UMP-FN
date de publication : mercredi 19 novembre 2014
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La mairie UMP de Brignoles a décidé de supprimer les plats sans porc dans les cantines scolaires. Un geste politique qui suscite la colère de nombreux parents d’élèves.

Les plats halal ont disparu des cantines scolaires depuis la rentrée à Brignoles (Var). La maire UMP Josette Pons a décidé de supprimer les repas de substitution sans porc, au grand dam des parents d’élèves qui sont de tradition ou de confession musulmane. « La mesure prise par la municipalité nous pose énormément de problèmes, déclare Sarah, maman de quatre enfants, du coup, j’ai retiré mes enfants de la cantine. »

Sur 1.200 élèves inscrits, environ 300 se retrouvent privés de cantine, suite à la décision de la maire de Brignoles. A noter que cette dernière a édicté d’autres mesures comme la suppression du quotient familial.

[Mis en ligne le 12 novembre 2014, mis à jour le 19]



A Brignoles, colère contre "la connivence UMP-FN"

par Philippe Zamari, Var-Matin, le 9 novembre 2014


A Brignoles, colère contre « la connivence »

Pour les dizaines de manifestants rassemblés hier, « les mesures discriminatoires prises par la municipalité élue en mars créent une fracture ethnique, sociale et morale » à Brignoles.

Plusieurs dizaines de personnes ont dénoncé hier la politique menée par la municipalité, notamment les suppressions du quotient familial et du repas de substitution sans porc à la cantine.

« Sur ce fronton, on peut lire " liberté, égalité, fraternité ". Mais pour les familles pauvres ou musulmanes, depuis la rentrée, c’est tout le contraire…  » Rassemblés hier matin, une cinquantaine de manifestants ont fait connaître leur mécontentement sous les fenêtres de l’hôtel de ville. Dans leur ligne de mire, plusieurs mesures prises par la municipalité de Josette Pons, élue UMP, au premier rang desquelles celles touchant l’école et la cantine.

« Sans aucune concertation, la municipalité a décidé de supprimer le quotient familial pour la cantine et les activités périscolaires », expliquait Djamila Mehidi, ancienne adjointe du maire Claude Gilardo, et à l’initiative du rassemblement.

« Cela implique que pour les Brignolais modestes, ces tarifs ont été fortement augmentés, tandis qu’à l’inverse ils baissent pour les familles aisées ! Bel exemple de justice sociale… », ironisait d’ailleurs l’ancien maire Claude Gilardo.

La fin des repas sans porc

Autre décision qui passe mal, « la suppression du repas de substitution, sans porc, alors qu’il existe depuis plusieurs décennies à Brignoles comme ailleurs ». Pour l’ancienne élue, « le maire parle de laïcité, mais c’est tout le contraire : la laïcité consiste à ne pas, comme ici, stigmatiser les communautés, et à leur permettre de vivre ensemble, librement  ».

Dans l’assemblée, on cite d’ailleurs « une circulaire de 2011, du ministre Claude Guéant - que l’on ne peut pas vraiment qualifier de gauchiste - qui invitait les maires à ce que les services de restauration respectent les convictions des usagers ».

Pour Djamila Mehidi, « la municipalité de droite extrême impose ainsi aux Brignolais ce que même les municipalités d’extrême droite Front national n’imposent pas à leurs concitoyens ailleurs ». Elle évoque d’ailleurs « une connivence évidente ici entre UMP et FN : c’est en réponse à une demande de Laurent Lopez(élu FN d’opposition et conseiller général) que le repas de substitution a été supprimé » (1).

Selon l’association « Agir en pays brignolais », « ces mesures ont exclu de fait 300 enfants brignolais des cantines. Et le centre aéré de la Toussaint a connu une fréquentation inférieure de 50 % à celle de l’an passé. Tous ces petits Brignolais ont ainsi passé leurs vacances dans la rue… »

« Les cocus du front républicain »

En dehors des raisons de fond qui motivent ces mesures, « l’absence de concertation » est également mal digérée. « Malgré de nombreuses sollicitations, nous n’avons jamais pu être reçus par madame le maire ». Pour la gauche brignolaise, ces choix politiques et ce silence sont d’autant plus durs à avaler que « par trois fois, nous avons fait le choix, douloureux, du retrait républicain pour faire barrage au FN », rappelait Claude Gilardo.

«  C’est à ce seul prix que Madame Pons a pu être élue, elle devrait s’en souvenir…  » Parmi les manifestants, des électeurs de gauche se qualifiaient d’ailleurs de « cocus du front républicain ».

« On est en train de supprimer, sous la pression du FN, des droits à des citoyens français selon leurs cultes. Ici, la digue républicaine a explosé », estimait la conseillère régionale Elsa Di Méo venus soutenir les manifestants.

Si leurs rangs étaient assez clairsemés, ceux-ci revendiquent« une pétition de 400 signatures qui sera remise, vendredi, au sous-préfet  ».

Un peu plus d’un an après une cantonale partielle ultra-médiatisée qui a vu l’élection du conseiller général FN Laurent Lopez, la cité des comtes de Provence est toujours en quête de sérénité.

Josette Pons : "Un même traitement pour tous les enfants"

Dans un communiqué, le député-maire de Brignoles Josette Pons exprime son incompréhension et son étonnement face aux reproches. Elle assume et défend les mesures aujourd’hui pointées du doigt. Au sujet du repas de substitution, elle s’étonne que sa décision donne lieu à une telle polémique.

"En effet, cette décision est autant légale (CE 25 oct. 2002 ; l’absence de plat de substitution ne méconnaît pas la liberté religieuse) qu’elle se justifie", observe-t-elle.

"Pourquoi ? Tout d’abord car l’établissement d’un menu de substitution favorise le gaspillage et va à contre-courant de notre politique budgétaire. Mais plus encore car en proposant un menu de substitution, on admet le fait que les enfants ne soient pas tous traités de la même manière, au sein de l’école de la République, ce que je ne peux admettre. C’est pourquoi, attentive au respect du principe de laïcité de la République qui s’applique aux services publics et dont la règle fondamentale est la neutralité, j’ai décidé que serait servi un menu unique dans les restaurants scolaires à compter de la rentrée 2014."

"Équité entre les administrés"

Pour l’instauration d’un tarif unique dans les cantines, et donc la suppression du quotient familial, elle assure ne pas avoir pris cette décision "pour plaire aux uns ou déplaire aux autres".

"D’ailleurs, poursuit-elle, je ne crois pas que l’équité sociale soit liée une tarification progressive du repas selon les revenus des familles. Ce que je recherche, en ma qualité de maire, c’est l’équité entre les administrés lorsque la prestation apportée est la même pour tous. Or, le système du quotient familial a ce défaut qu’il favorise les uns au détriment des autres et qu’il présente un risque de déséquilibres si les tranches de quotient familial sont mal calibrées ou si les tarifs plancher ou plafond sont trop élevés. Aujourd’hui, le repas coûte 3 euros pour tout le monde. La fourchette des prix l’an dernier variait du simple au triple avec des repas aux prix compris entre 1,75 euros et 4,55 euros ! (...) Cette mesure a aussitôt permis à la moitié des enfants inscrits à la cantine de toute la commune de bénéficier d’un maintien ou d’une baisse tarifaire."

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A Brignoles, la maire UMP accusée « d’aller plus loin » que le FN

par Gilles Rof (envoyé spécial dans le Var) Le Monde le 18 nov.


Une pétition de 400 signatures a été déposée à la sous-préfecture du Var à Brignoles pour demander l’annulation de mesures jugées « discriminatoires » prises par la députée et maire de la commune, l’UMP Josette Pons. Déclencheur de cette protestation ? Une série de décisions touchant les écoles primaires de la ville depuis la rentrée de septembre, au premier rang desquelles la suppression du quotient familial sur le tarif des cantines et la disparition des repas de substitution « sans porc ».

«  Trois cents enfants, sur les 1 700 élèves de la commune, ont été retirés de la cantine suite à cette dernière mesure, assure Cedric Omet, ancien directeur de cabinet de l’ex-maire communiste. Et, avec la disparition du quotient familial, 55 % des foyers, les plus modestes, voient leur facture de cantine augmenter alors qu’elle baisse pour les foyers les plus aisés… Mme Pons va plus loin que les maires du Front national.  » Portée par l’association Agir en pays brignolais, fondée par des élus de la précédente mandature de gauche, la mobilisation se place clairement sur le plan politique.

« Trahison »

En octobre 2013, Brignoles, 16 171 habitants, a vécu une cantonale partielle très médiatisée. Le candidat FN, Laurent , avait alors été élu au second tour. Aux municipales, six mois plus tard, M. Lopez avait, toutefois, été battu par la candidate UMP, soutenue par la gauche locale dans le cadre d’un « désistement républicain ».

Laurent Lopez, le chef de file du FN à Brignoles, le 13 octobre 2013.
«  Je reconnais la paternité de cette mesure, confirme le chef de file du FN à Brignoles. Mais je ne crois pas que l’on puisse parler de suivisme. J’ai juste rappelé en conseil municipal que l’école de la République ne reconnaissait ni communauté ni religion. Mme Pons a réagi avec bon sens en appliquant le principe de laïcité. »

«  Les menus sont connus un mois à l’avance, poursuit le seul conseiller général frontiste du Var, les parents ont le temps de réagir. Personnellement, je n’ai eu que des retours positifs.  » « La laïcité, ce n’est pas stigmatiser la population musulmane ou juive de Brignoles, rétorque Djamila Mehidi. Ici, on casse un service public qui fonctionnait pour des raisons idéologiques. »

« Banalisation des idées du FN »

La députée et maire UMP de Brignoles refuse désormais de répondre aux journalistes et de donner des chiffres officiels sur la baisse de fréquentation des cantines. Le 18 septembre, elle rappelait dans le quotidien Var Matin, que sa décision était «  légale  ». « Le menu de substitution favorise le gaspillage et va à contre-courant de [notre] politique budgétaire », répondait-elle. Quant au quotient familial, elle jugeait que le système a « un défaut » : « Il favorise les uns au détriment des autres.  »

«  Ces mesures sont l’exemple flagrant de la banalisation des idées du FN dans le Var, s’inquiète Marie-Claude Dussol, porte-parole du collectif de citoyens brignolais Affront national. On a l’impression que tout ce que demande le FN est accepté par Mme Pons. Ici, tout le monde pense aux prochaines cantonales. Et l’UMP aussi.  » «  Brignoles montre que, même dans l’opposition, nous pouvons faire avancer les choses, savoure Frédéric Boccaletti, secrétaire fédéral FN dans le Var. Cinq mille tracts seront imprimés pour rappeler que nous sommes bien à l’origine de cette décision.  »

Gilles Rof, journaliste au Monde



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