conflits et démissions au FN du Var


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date de publication : samedi 4 juin 2016
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Le Var est le département comptant le plus grand nombre d’adhérents au Front national ; c’est du moins ce qu’affirme son sulfureux secrétaire départemental, Frédéric Boccaletti.

Le département compterait actuellement 154 élus se revendiquant du FN, dont : 1 sénateur, 3 maires, 5 conseillers départementaux et 10 conseillers régionaux.
Mais le Front national a perdu une vingtaine d’élus au cours des dernières années, suite notamment à des conflits internes : Le Luc en est aujourd’hui à son troisième maire, et le maire de Cogolin se voit menacé d’être mis sous tutelle ...


Ils quittent le navire [1]

[dossier de Karine Michel, publié dans Var Matin, le 8 mai 2016]


En deux ans dans le Var, plus de vingt élus ont démissionné du FN tout en conservant, pour la plupart, leur fauteuil d’élu local.

Ils étaient 175 élus dans le Var en 2014, ils sont 154 aujourd’hui : à un an des prochaines échéances électorales, le Front national fait face à une vague de démissions qui vient égratigner l’image « apaisée » du parti. [2]

  • La situation est-elle inédite en France ?

Non. Depuis 2014, des démissions se succèdent dans les rangs des élus FN. Dernier exemple en date en mars dernier à Marmande, où le conseiller municipal Laurent Gay a remis sa démission du Front national. Cependant, la situation reste plus exacerbée dans le Var, où l’on a enregistré 12 % de démission en deux ans, contre « 8 à 10 % en moyenne » selon la direction nationale du Parti.

  • Que reflète-t-elle ?

Un parti tiraillé entre différents courants, victime de guerre d’ego, la situation reflète différents cas de figure : d’un côté, les « néo FN » ont surfé sur la vague bleu marine, adhérant d’ailleurs non pas au parti mais à une « association de pensée politique », le Rassemblement bleu marine. C’était le cas de Patricia Zirilli, ancienne maire du Luc, par exemple.

Les historiques pour leur part, choisissent de claquer la porte, comme Jean-Louis Bouguereau (ancien conseiller municipal de Toulon, ancien conseiller régional Paca), par fidélité à Jean-Marie Le Pen, comme le commandant Robert Lalanne, ancien conseiller régional à Draguignan également, mais aussi parce qu’ils ne se reconnaissent pas non plus dans le nouveau FN.

  • Que reprochent les démissionnaires ?

Là encore, les avis sont partagés : d’un côté la main-mise de Florian Philippot vice-président du FN au niveau national. Mais aussi la personnalité « complexe » du secrétaire départemental.

  • Fréjus, un bon contre-exemple ?

Les plus aguerris à la vie du Front national diront que la situation n’y est paS plus calme qu’ailleurs, sauf que le linge sale ne s’y lave pas sur la place publique. Force est de constater cependant que la majorité y tient bon. Pour Frédéric Boccaletti, cette « stabilité » de l’équipe fréjusienne repose essentiellement sur l’implantation de David Rachline : militant depuis ses 16 ans, conseiller municipal d’opposition (certes peu présent...), l’actuel sénateur-maire de Fréjus a eu le temps de se préparer comme de former une équipe solide. Ce qui n’est pas le cas des maires de Cogolin et du Luc, arrivés un an seulement avant les municipales.

  • Quelles leçons en tirer, avant les prochaines élections ?

Au FN en tout cas, on n’en tire aucune et l’on préfère se mettre en ordre de marche pour les législatives. Les pré-investitures auront lieu en juin prochain. Les candidats retenus auront alors jusqu’à décembre pour faire leurs preuves. La direction du Front national confirmera en fin d’année seulement, les investitures. Des noms sont déjà avancés dans certaines circonscriptions. Aucune décision n’a, pour l’heure, été prise.

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Cogolin menacé d’être mis sous tutelle

[par Gaël Vaillant, Le Parisien, le 3 juin 2016]


Dénonçant "les dérives financières" du maire FN Marc-Etienne Lansade, des élus de Cogolin ont demandé au préfet du Var la mise sous tutelle de leur commune. Plus étonnant, la requête, révélée par Le Parisien vendredi, a été adressée par deux anciens élus FN passés dans l’opposition.

Le Front national le savait : la gestion des municipalités remportées en 2014 est surveillée de près par l’opposition. Si Hénin-Beaumont, le laboratoire de Marine Le Pen dans le Nord, fait figure de bon élève, les finances de Cogolin, dans le Var, pourraient concentrer l’attention médiatique dans les prochaines semaines. En effet, selon Le Parisien qui révèle l’information vendredi, deux conseillers municipaux ont demandé au préfet du département la mise sous tutelle de cette commune de 12.000 habitants.

Dans une lettre, dont le quotidien présente des extraits, Anthony Giraud et Pascal Corde, inscrits dans l’opposition, dénoncent "les dérives financières" du maire FN Marc-Etienne Lansade, 43 ans, un proche de la députée Marion Marchéal-Le Pen. Onze millions d’euros de dette auraient ainsi été contractés en moins de trois ans. "Le maire a presque doublé notre niveau d’endettement qui était de 13 millions d’euros avant son élection", explique Anthony Giraud. Didier Monin, qui soutient aussi la démarche, assure encore au Parisien que "Marc-Etienne Lansade est uniquement là pour faire fructifier ses affaires personnelles".

Un concert d’Hélène Ségara qui plombe les finances locales ?
Dans le détail, les détracteurs de l’édile lui reprochent des "projets immobiliers pharaoniques" - notamment un complexe très décrié dans une zone inondable - ou encore des concerts, très coûteux à organiser semble-t-il, d’Hélène Ségara et Daniel Lévi, le chanteur des Dix commandements. Le maire, lui, réplique en soutenant au Parisien les importants retours sur investissements des projets engagés.

L’accusation est forte, d’autant plus qu’elle émane... d’anciens membres du FN. En effet, Anthony Giraud et Pascal Corde ont fait campagne pour Marc-Etienne Lansade avant de passer dans les rangs de l’opposition. Quant à Didier Monin, il portait les couleurs du Front à Cogolin avant 2013, date à laquelle il a rejoint le Parti de la France, la petite formation d’extrême droite de Carl Lang. En se penchant sur le dossier de Cogolin, le préfet du Var va ainsi se projeter dans une guerre interne au FN local.

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Mise à jour, dimanche soir 5 juin

L’édition de Saint-Tropez de Var Matin, datée du 5 juin 2016, publie les réactions de Marc-Etienne Lansade après la demande de mise sous tutelle de Cogolin.

Notes

[1Le dossier de Karine Michel a été publié avec le titre : “L’affront national se joue-t-il dans le Var”

[2Les démissionnares du Front national sont répartis comme suit
- 1 démissionaire dans chacune de ces communes :Draguignan, La Seyne, Le Muy, Saint-Cyr
- 2 démissionaires à Cogolin et à Brignoles
- 3 à Vidauban et 4 au Luc.

Dans le même tmps, le fN a été rejoint par 3 élus locaux, à Cogolin, Fréjus et Fayence.


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