... cherche désespérément une aire de grand passage


article de la rubrique roms et gens du voyage > gens du voyage dans le Var
date de publication : lundi 12 juin 2006
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Le schéma départemental du Var pour l’accueil des Gens du voyage, qui doit être réalisé d’ici mai 2007, prévoit l’aménagement de huit aires de grand passage [1]. Mais, selon la déclaration du premier adjoint de la commune du Pradet rapportée ci-dessous, il n’existerait actuellement dans le département aucune aire aménagée conformément à la loi - et pourtant, à Fréjus ... (voir ci-dessous).

Les problèmes soulevés par les passages au Pradet et à Fréjus de communautés d’une centaine de caravanes en mai-juin 2006 [2] laissent prévoir un été chaud dans le Var.


Sur la commune du Pradet


Après un barrage de sept heures, la communauté évangélique a pu s’installer

La sortie du Pradet en direction de La Garde a été bloquée plusieurs heures hier par une centaine de caravanes de gens du voyage. Ceux-ci, après s’être vus refuser l’accès au pré communal de la Voulte (classé en zone inondable), avaient décidé de faire pression sur les autorités pour obtenir une solution de rechange.

Il a fallu attendre la fin d’après-midi pour que la préfecture décide de leur mettre à disposition... le même terrain. Le pasteur Rabuffetti ne cachait pas son soulagement. Et un certain agacement : « Chaque année, c’est le même problème. On prévient le maire et le préfet de notre arrivée. Une fois sur place, on nous dit que nous sommes indésirables. Mais
la loi est pour nous.
 » [3]

De son côté, le premier adjoint au maire, regrettait que « ça soit toujours au Pradet de faire cet effort d’accueil. Depuis trois ans, nous recevons ces grands rassemblements faute d’une aire adaptée dans le département. On pourrait au moins tourner ... » Sur avis de la préfecture et de la municipalité, la communauté évangélique « Vie et Lumière » s’est engagée à quitter les lieux le 15 juin et a offert des garanties de propreté du terrain ainsi qu’à payer consommation d’eau et taxe de séjour.

MA. D., Var-Matin, le 30 mai 2006

La présence des gens du voyage crée des tensions

A la suite de l’arrivée mouvementée des gens du voyage sur la commune (voir ci-dessus), et leur installation dans la plaine de la Voulte grâce à une autorisation préfectorale, des réactions parfois vives ont émané des quartiers voisins. A l’image du CIL Pradet nord-ouest qui souhaite exprimer aujourd’hui son mécontentement.

Un CIL qui reproche notamment au préfet « d’avoir cédé au coup de force des gens du voyage, alors que les autorités ont été mises devant le fait accompli. Nous regrettons ce manque de solidarité envers la municipalité du Pradet alors que celle-ci avait fait des propositions de terrains d’accueil, lesquelles ont été refusées en bloc » insistent les responsables de l’association. « Pourquoi champ libre a-t-il été donné sur un terrain privé d’une part et ne remplissant pas les conditions d’aménagement requises d’autre part ? Ce terrain est situé sur une zone inondable et comportant une flore composée pour partie de fleurs sauvages protégées [...] ». Et de rappeler que le secteur « a déjà été touché par les incendies et demeure une zone à risque. En cas de sinistre, qui sera responsable ? » s’insurgent les riverains.

Pour le CIL Pradet nord-ouest, « l’intérêt des Pradétans n’a pas été pris en compte » dans cette affaire. « Ce sont pourtant les riverains qui auront à subir une
présence aussi nombreuse avec les nuisances qui en découlent, notamment au niveau des risques de pollution des sols et des nappes phréatiques
 ». Pointé du doigt le creusement dans le sol de fosses remplies de déjections humaines, avec les « conséquences qu’on imagine pour l’environnement ».

Nicolas Baratto, Var-Matin, le 8 juin 2006

Fréjus : plus de 100 caravanes dans la plaine du Reyran

« Depuis deux ans que nous avions installé un portail pour rendre ce terrain inaccessible, nous n’avions plus eu de problème. Mais cette nuit à 4 heures du matin, ils sont revenus [...] », déplore Mme Masse, propriétaire d’un terrain situé dans la plaine du Reyran, juste en face du quartier Bellevue.

Cette fois, quelque cent caravanes ont pris leurs quartiers sur ce terrain où se cultive le fourrage. Un chapiteau a également été monté, laissant penser que cette installation sauvage va durer quelques semaines. Selon les fonctionnaires de la police nationale, le camp devrait même rester trois semaines et pourrait être étoffé de nouvelles arrivées dans les jours prochains [4].

Avec un calme olympien, Mme Masse prend son mal en patience. « Ce n’est pas la première fois que cela nous arrive ... lorsqu’ils sont peu nombreux, nous arrivons parfois à discuter, mais là, vue l’ampleur du camp, cela ne servirait à rien. Afin de limiter les dégats, nous avons, dès le début de la matinée, creusé des tranchées afin que le camp ne déborde pas sur les terrains voisins. »

Dès hier matin, la famille Masse a déposé plainte. « Que faire d’autre ? si ce n’est essayer de faire les choses légalement. Nous allons contacter notre avocat et faire constater cet état de fait par huissier. Soit la procédure classique. Ensuite, il ne nous restera plus qu’à attendre ... et surveiller. »

Les années se suivent et se ressemblent pour cette famille fréjusienne, visiblement impuissante. Il existe bien un terrain, proche de la déchetterie de Fréjus, ouvert aux gens du voyage, mais il ne peut accueillir qu’une cinquantaine de caravanes au grand maximum.

A Fréjus, comme ailleurs. rares sont les terrains susceptibles d’abriter un tel convoi.

P.M., Var-Matin, le 6 juin 2006

Elie Brun tance l’Etat

Après l’installation d’une centaine de caravanes sur un terrain prive, le long du CD37 en contrebas du parc Aurélien, le maire Elie Brun réagit : « J’ai écrit au préfet à propos de l’aire de grand passage que nous avons organisée sur un terrain (proche de la déchetterie). Je précise que nous avons fait plus ,qu’il ne faut, en regard de la loi Sarkozy de 2002. J’attends une réponse depuis deux mois et j’en ai encore parlé au préfet Dartout quand il est venu à La Gabelle. Notre aire de grand passage répond au cahier des
charges départemental. Il ne manque qu’une validation pour pouvoir recevoir 200 caravanes.
 »

Quelle différence cette validation entrainerait-elle sur le terrain ? « Si l’aire est légalisée. on pourra déployer la force publique en cas d’installation anarchique de nomades. Mais je crois que l’Etat freine sur ces dossiers car cela lui impose des investissements, toilettes, accueil », conclut le maire de Fréjus.

« Qu’on ne me dise pas que la ville ne fait rien sur ce sujet ! ».

S.M., Var-Matin, le 7 juin 2006

Notes

[2Au Pradet, le responsable de la communauté avait pourtant pris soin de prévenir les pouvoirs publics de leur arrivée.

[3La création d’aires d’accueil et de grands rassemblements est obligatoire depuis la loi Besson. Un récent aménagement a accordé jusqu’à 2007 aux communes pour se mettre en règle.

[4En réalité, les caravanes sont parties au matin du lundi 12 juin. [Note de LDH-Toulon]


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