En ces temps-là, c’était une ville tombée
Au pouvoir des Anglais, maîtres des vastes mers
Victor Hugo
Le triomphe des Montagnards sur les Girondins, en mai 1793 à la Convention, est suivi d’une révolte fédéraliste en province : Bordeaux, Nantes, Lyon, Aix, Avignon, Marseille... Le 12 Juillet 1793, la rébellion gagne Toulon : les fédéralistes chassent la municipalité jacobine.
Dans le courant de l’été le Comité qui détient le pouvoir à Toulon prend un tournant monarchiste. Le 25 août, Toulon proclame Louis XVII et arbore le drapeau blanc. L’amiral Trogoff, commandant l’escadre française de Méditerranée, prétexte une maladie diplomatique pour masquer sa trahison. Le 28 août, la rade de Toulon est ouverte aux navires anglais commandée par l’amiral Hood et à leurs alliés ; le 15 septembre, les clés de la ville leurs sont remises ; la flotte française leur est livrée.
Le siège
De Paris, le Comité de Salut public n’avait pas attendu pour réagir. Une petite armée commandée par Carteaux descend la vallée du Rhône, reprend Avignon le 25 juillet et atteint le 25 août Marseille qui subit des représailles.
Dès lors Toulon peut être assiégé, pris en tenaille par un corps venu de l’armée des Alpes, et par l’armée venue de Marseille, où Carteaux a cédé le commandement à Dugommier.
Bonaparte est nommé capitaine par Dugommier et il reçoit le commandement de l’artillerie dont la judicieuse mise en place sera décisive.
La prise de l’ « infâme Toulon », le 18 décembre, aura un retentissement énorme ; elle est, certes, au point de départ de la carrière de Bonaparte, dont c’était le premier exploit militaire, mais on est aussi à l’origine d’une tendance politique durable : le royalisme provençal, pour avoir livré à l’ennemi le grand port de guerre, va inspirer pour longtemps à la France libérale et patriote une méfiance profonde. (Maurice Agulhon)
"... ses maisons seront rasées et elle s’appellera désormais Port de la Montagne."
(décret du 5 Nivose An II)
Le 19 décembre, les Toulonnais sont convoqués au Champ de Mars, où se déroulent des exécutions sommaires. Une répression sévère, conduite par Barras et Fréron, s’abat sur Toulon ; on estime à un millier le nombre des victimes. La ville, rebaptisée « Port-la-Montagne », est en partie détruite ; elle ne compte plus que 7 000 habitants environ (le quart de la population antérieure).
En décembre 1994, le Docteur François Trucy, Maire de Toulon et Sénateur du Var, a
inauguré, dans le jardin public du Champ de Mars, un monument en souvenir de ces évènements ; en voici l’inscription :
Pour en savoir plus : Histoire de Toulon - sous la direction de Maurice Agulhon - éd. Privat 1980 -
chapitre V, par Michel Vovelle.