Ils ont rencontré sur leur route, des hommes, des femmes, des enfants, apeurés, épuisés, blessés parfois, démunis ... parce qu’ils ont fait le geste de les secourir, ce geste que d’autres, en d’autres temps, ont pu faire pour nos parents ou pour nos grands-parents, ils sont traînés en justice et condamnés. Lisez leurs témoignages
Alors que les poursuites pour « délit de solidarité » sont en pleine recrudescence, nombreux sont ceux qui ne veulent pas renoncer à faire acte d’humanité, même s’ils doivent affronter la justice. Leur détermination les honore et, à tous, elle fait chaud au coeur ! [1]
Ils ont tendu la main à des hommes, à des femmes, à des enfants en détresse. Témoignages :
Affaire Félix Croft – 17 mars 2017 (extraits) :
Le 22 juillet dernier, Félix Croft est interpellé au péage de Vintimille, à la frontière franco-italienne. 51 heures en garde à vue pour avoir tenté de traverser la frontière avec une famille de migrants soudanais originaires de la région du Darfour. Le jeune homme (28 ans), explique : "C’était la première fois que je faisais ça. Il y avait deux enfants, de trois et cinq ans. La femme était enceinte de six mois. Six personnes au total, si on compte le bébé. Ils ont quitté le Soudan parce que leur village a brûlé... Le petit de cinq ans en a gardé des séquelles : tout son flanc droit a été brûlé. Pour moi, il n’y avait aucun doute sur le fait qu’il fallait que je les aide..."
Jeudi 16 mars, le tribunal d’Imperia a requis 3 ans et 4 mois de prison ferme ainsi que 50 000 euros d’amendes à l’encontre de Félix Croft.
INFO : 28 avril 2017, Félix CROFT, poursuivi pour "aide à l’immigration clandestine" a été relaxé par le Tribunal. Le ministère public pourrait faire appel de la décision.
Message du collectif Roya Citoyenne – 23 mars 2017 (extraits) :
« Une politique migratoire de plus en plus meurtrière… Nous continuons d’égrener ces morts « accidentelles », neuf à présent !…. Mardi 21 mars, un jeune homme est décédé suite à une terrible chute au « Pas de la Mort », en tentant, encore et toujours, de franchir la frontière, et d’accéder vainement au « droit d’asile (…). Mercredi 22 mars, un trentenaire est dans un état très grave après une chute de plus de vingt mètres dans la même zone frontalière (…) Ce jour-là, Roya Citoyenne a accompagné, comme elle l’avait annoncé, une famille de réfugiés érythréens (avec un petit garçon de 5 ans), à la gendarmerie de Breil, afin de faire valoir leur droit à l’asile, comme il est prévu par la loi française. Malgré la présence d’avocats et de médias, cette démarche a tourné en une sombre farce, une parodie d’Etat de non-droit. Les avocats ont été empêchés d’assister leurs clients et ont pu constater de nombreuses irrégularités. (…) cette famille a honteusement été refoulée en Italie.
Affaire Pierre-Alain Mannoni – 24 mars 2017 (extraits) :
Pierre-Alain Mannoni, un Niçois interpellé le 18 octobre à un péage autoroutier près de Menton avec trois Erythréennes à bord de son véhicule qu’il convoyait de la vallée de la Roya jusqu’à son domicile de Nice, raconte : « Il était 1 h du matin, c’était sur la route pour rentrer à Nice, je me suis arrêté par curiosité ». Il y avait trois jeunes Érythréennes blessées aux jambes. Il fallait les amener à Marseille pour les soigner, il accepte. « Elles avaient mal, ça se voyait sur leur visage, elles avaient froid, elles étaient effrayées, et là, dans le centre il n’y avait rien pour les soigner. J’aurais dû faire quoi ? »
M. Mannoni avait bénéficié devant le tribunal correctionnel de Nice, le 6 janvier 2017, de l’immunité qui s’applique lorsqu’il est reconnu que l’aide aux étrangers est effectuée pour préserver la dignité de ces derniers. Le parquet, qui avait requis six mois d’emprisonnement avec sursis, a fait appel de cette décision. M. Mannoni sera jugé le 26 juin devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence.
Message de Cédric Herrou – 25 mars 2017 (extraits) :
« Réveillé par un gosse de 6 ans et sa mère, tous deux arrivant à pieds, de nuit sous la pluie depuis l’Italie. Une part de peine de les voir une part de réconfort de les savoir à l’abri (…) Je suis éveillé, 40 personnes de 4 à 30 ans, dans ce camping improvisé, attendant désespérément de pouvoir faire une demande d’asile et pour les mineurs isolés d’être pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (…), je n’ai plus sommeil, que me reste-t-il... écrire.
Écrire à qui ? au maire ? au procureur de la république ? au préfet ? Aux présidents du conseil départemental, Régional ? Aux ministres ? Au pape ? Au peuple ?
A quoi bon... Tous ont connaissance de ce que nous endurons dans la vallée de la Roya et ailleurs en France. (…) Nous sommes en 2017 et des gens inexistant aux yeux de la justice souffrent de l’indifférence générale.
Nous avons essayé pourtant, seul résultat, une dizaine de procès en cours (…) Ma grand-mère ayant fui les nazis en Allemagne aurait dit « Pauvre France » mais elle est morte alors elle ne dit plus rien. (…) Les habitants de la Roya crient à l’aide et aucune réponse, seuls quelques procès et barrages de police. Comme si le problème était créé par les citoyens de la Roya … (…)
[1] in LDH Info n° 272 – janvier 2017 – Editorial de Françoise Dumont, Présidente de la LDH