Toulon : il ne fait pas bon être étranger (maj)


article de la rubrique les étrangers > à la préfecture du Var
date de publication : vendredi 30 janvier 2015
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La situation se tend à Toulon ... Plusieurs familles kosovar avec enfants ont vu leurs demandes d’asile rejetées ; elles vont se retrouver à la rue, si elles n’y étaient pas déjà.
Une “opération de police lancée tôt” mardi matin s’est avérée fructueuse : la police a mis la main sur un marocain (recherché), un Palestinien et trois Syriens ...
(vont-ils être renvoyés dans leur pays respectifs ?)

Et puis Saïd, interpellé à la sortie de son lycée qui court un très gros risque d’expulsion très rapide en dépit de la mobilisation de ses camarades, des démarches en Préfecture des associations et de l’appel du Réseau éducation sans frontières.

Dernière minute (le 30 janvier 21h) – La justice a décidé de libérer Saïd du CRA de Nîmes où il était détenu. Ce soir il est chez lui. Mais la justice ne lui a accordé que quelques jours pour obtenir la levée de son OQTF.
Il faut maintenir la pression : intervenez auprès des autorités – voyez la liste ci-dessous – en demandant que Saïd soit régularisé de façon à pouvoir passer son examen de fin d’année.

[Mis en ligne le 29 janvier 2015, mis à jour le 30]



Une opération de police sur le cours Lafayette

[par E. M., Var-Matin, mercredi 28 janvier 2015]


Une opération de police lancée tôt hier matin a pu surprendre alors que le marché du cours Lafayette se mettait en place. Il s’agissait pour les forces de l’ordre de
retrouver un ressortissant marocain visé par une mesure de reconduite à la frontière.

L’individu, âgé de 27 ans, s’était échappé il y a quelques jours du centre de rétention administrative (CRA) du Canet, à Marseille.
L’opération de police, pilotée par la Sûreté départementale, visait à passer au crible le bâtiment où le jeune homme était habituellement domicilié.
Les policiers ont non seulement mis la main sur l’individu recherché, mais
aussi sur sept autres personnes en situation irrégulière.

Trois mineurs ont été relâchés sans suite, trois Syriens sont sortis de l’hôtel de police avec une obligation de quitter le territoire français sous 30 jours, et un Palestinien a été placé au CRA du Canet dans la perspective d’un éloignement contraint.

Devant la préfecture, au moment où tous les espoirs étaient encore permis, avant la rencontre avec le directeur du cabinet (photo R.A.)

Un lycéen en voie d’expulsion

par Romain Alcaraz, La Marseillaise du 29 janvier 2015


Devant la préfecture à Toulon, juste avant d’être reçue par le directeur de cabinet du préfet du Var, une délégation de personnalités issues du monde associatif (Réseau éducation sans frontières -RESF-, Ligue des droits de l’Homme), syndical (SNUipp, Sud Education, CGT Educ’action) et scolaire (professeurs et élèves du lycée professionnel de La Coudoulière) a manifesté sa colère face à la décision d’expulser Saïd Araike, étudiant en CAP dans l’établissement six-fournais. Interpellé devant son lycée ce lundi 26 janvier, le jeune homme de 20 ans est aujourd’hui retenu au centre de rétention administrative (CRA) de Nîmes avant son procès et sa possible expulsion du territoire. Éventuelle avant le rendez-vous, cette expulsion est devenue probable après que le directeur de cabinet du préfet a expliqué à la délégation que « la procédure arrive en bout de course ». « Nous sommes sonnés, rapporte Matthieu Blondy, élu au comité d’administration du lycée. La décision est entre les mains du juge, elle doit intervenir dans les 72 heures. »

Appel en cours

En France depuis l’âge de 17 ans pour aider son père diabétique dans
les tâches de soins et de vie courante, le Tunisien Saïd Araike n’a pas obtenu un titre de séjour à sa majorité malgré son insertion notamment démontrée par son assiduité au collège toulonnais Django Reinhard. Le 23 juillet 2014, la préfecture du Var lui a notifié une obligation de quitter le territoire français, décision contestée par son avocat, dont la demande d’aide juridictionnelle en vue d’interjeter appel devant la cour administrative d’appel est toujours à l’étude. Seulement voilà : la procédure d’appel n’est pas suspensive, et le contrôle de police subi lundi dernier a suffi à aggraver la situation de Saïd Araike, placé en rétention dès la sortie du lycée. Il est ce mercredi 28 janvier au CRA de Nîmes tel qu’il l’était au lycée : cartable toujours sur les épaules.

Une procédure qui interpelle le corps enseignant et le monde associatif autant qu’elle indigne ses camarades de classe. Avec l’aide de RESF, la mobilisation rapide (pétition en plus de l’appel à se réunir) a donc débouché sur un rendez-vous avec la préfecture, dans l’espoir d’obtenir la levée de la rétention. Espoir douché en fin de journée à l’issue de la rencontre avec le représentant de l’État.

« Choc » au lycée

Kamel Araike, père de Saïd, s’interroge : « Pourquoi l’ont-ils emmené à Nîmes alors qu’il existe un CRA à Marseille, ou à Nice ?  » L’homme dépeint son fils comme étant « sérieux, volontaire, parfaitement intégré à la société ». Un portrait repris par l’ensemble des personnes interrogées mercredi soir. Son professeur de français, Annabelle Laurent décrit « un élève irréprochable dans tous les domaines, charmant, travailleur en classe ou en stage ». Ses camarades parlent du « grand frère de la classe ». Ses amis évoquent « un choc » suite à l’arrestation. « Saïd, il est discret, sans problème », lance Angelina, une proche. Lui qui est « bien parti pour obtenir son CAP » pourrait donc ne pas être en mesure de poursuivre ses études en France.

« Quand je l’ai eu au téléphone, il était inquiet à l’idée de me laisser seul ici. » C’est Kamel Araike qui parle avec toute son émotion. Une émotion qui fait largement défaut dans le traitement de cette affaire (et de tant d’autres) par les services de l’État.

Romain Alcaraz


Communiqué de RESF

Saïd Araike est né en Tunisie. Il est arrivé en France en 2012, mineur, à l’âge de 17 ans.

Après avoir obtenu son Brevet, il a commencé une formation de CAP Agent Polyvalent de Restauration au Lycée La Coudoulière à Six-Fours en 2013, qu’il suit depuis assidûment.

Son père ayant des problèmes de santé, il est venu chez lui à Toulon pour l’aider, quittant sa mère et sa sœur en Tunisie. A sa majorité, il a fait une demande de titre de séjour qui a été rejetée.

Le 23 juillet 2014, la Préfecture du Var lui a notifié une OQTF, qu’il a contestée devant le TA avec son avocat. Le TA a rejeté son recours.

Le 26 janvier 2015, à 14h10, il s’est fait arrêter lors d’un simple contrôle d’identité devant son lycée, en totale contradiction avec la circulaire de Valls du 19 octobre 2013 [1]. La Préfecture du Var a décidé de le placer en rétention à 19h10.

Il est arrivé au CRA de Nîmes le soir même du 26 janvier 2015, vers 21h, avec son cahier de correspondance et ses affaires de cours… Quant à son passeport, il est entre les mains de la PAF.

Le Tribunal Administratif a décidé ce matin jeudi 29 janvier de maintenir la rétention. Saïd risque l’expulsion à tout moment : les centres de rétention sont actuellement bien remplis et les places manquent !

Saïd doit pourvoir rester auprès de son père et continuer sa formation, son examen est dans 5 mois.

Demandez au préfet du Var de le libérer et de lui délivrer sans délai un titre de séjour.

Faxez et/ou mailez au Préfet du Var pour l’abrogation de l’OQTF, l’annulation de la procédure d’expulsion et sa régularisation :
Pierre Soubelet, adresse e-mail : pierre.soubelet@var.gouv.fr – ??? –
Au Secrétaire Général de la Préfecture : pref-secretariat-sg@var.gouv.fr
04 94 18 83 83 ; fax : 04 94 18 83 38 (cabinet du préfet)

A l’Elysée : Secrétaire général : pierre-rene...
Ministère de l’Intérieur : 01-40-07-13- 90
Ministère de la Justice : 01-44-77-60-00

Elysée et Ministère de l’Intérieur :
jean-pierre.jouyet@elysee.fr
premier-ministre@pm.gouv.fr
manuel.valls@pm.gouv.fr
bernard.cazeneuve@interieur.gouv.fr
eric.morvan@interieur.gouv.fr
sec.chefcab@interieur.gouv.fr
antoine.molina@interieur.gouv.fr
raphael.sodini@interieur.gouv.

Notes

[1[Note de LDH-Toulon] –
L’interpellation de Saïd ne semble pas conforme à l’instruction INT K1307763J du 19 octobre 2013, signée par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Manuel Valls.

En effet, cette instruction, relative à l’interdiction de l’intervention des forces de police et de gendarmerie dans le cadre scolaire lors du déroulement de procédures d’éloignement, commence par rappeler que les instructions en vigueur « prescrivent que l’exécution de mesures d’éloignement d’étrangers en situation irrégulière ne doit en aucun cas donner lieu à des interventions au sein ou aux abords des écoles et établissements scolaires ».


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