Non à l’homophobie !


article de la rubrique discriminations > homosexuels
date de publication : février 2004
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"Ce qui fait problème, ce n’est pas l’homosexualité, ce sont les conditions faites à l’homosexualité. Il n’y a pas de problème homosexuel, il y a un problème de la société dans laquelle vit l’homosexuel. L’homosexualité pose une queston sociale, et non médicale ou religieuse." [1]


“Les pédés au bûcher !” C’est un des appels à la haine entendus parmi d’autres lors d’une manifestation contre le PACS organisée à Paris le 31 janvier 1999. Chaque jour des hommes et des femmes se font moquer, injurier, discriminer, uniquement en raison de leur homosexualité. Contrairement au racisme et à l’antisémitisme, aucune loi n’interdit spécifiquement les propos injurieux envers les homosexuels, aucune association représentative homosexuelle n’a la possibilité de se porter partie civile lorsqu’un journal, une organisation ou un groupe tient un discours homophobe. Que faire quand une feuille d’extrême droite publie un dessin accusant tous les homosexuels d’être des pédophiles ?

C’est pour cela qu’un certain nombre d’associations, dont la LDH, ont proposé d’élargir la loi du 29 juillet 1881, ainsi que les articles du Code de procédure pénale s’y rapportant, pour que toute association (régulièrement déclarée depuis cinq ans à la date des faits) qui se propose par ses statuts de combattre le racisme ou l’homophobie, ou d’assister les victimes de discriminations fondées sur le sexe ou l’orientation sexuelle, puisse se porter partie civile dans tout ce qui concerne l’injure, l’incitation à la haine, les atteintes à l’intégrité ou les discriminations en raison du sexe ou de l’orientation sexuelle.

Comme pour d’autres haines et discriminations, la LDH demande que l’on se dote des outils nécessaires de prévention et de répression. Pour en finir avec le rejet, l’intolérance et le mépris. Pour ne plus laisser les victimes seules avec leur lutte. Et dire enfin clairement ceci : l’homophobie n’est pas le problème des homosexuels, c’est celui des homophobes.

Lutter contre l’homophobie, c’est lutter pour l’égalité !

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Jean-Jacques Aillagon [2] :
« L’homophobie doit être un délit »

par Pascale NIVELLE, Libération, samedi 14 février 2004

Vous avez écrit au Premier ministre après le drame.

La seule raison de la persécution systématique et de la sauvagerie subies par Sébastien Nouchet est son homosexualité. J’éprouve un sentiment de révolte. En tant que ministre d’abord, car ce genre de comportement d’une extrême violence est indigne d’une société évoluée comme la nôtre prétend l’être. Et je suis choqué en tant que citoyen. Je suis homosexuel, je n’en ai jamais fait ni un étendard ni un mystère. Ce fut pour moi une grande conquête de pouvoir vivre le plus simplement du monde ma sexualité, sans m’exposer à l’ostracisme de mes semblables. Il faut que nous restions très vigilants et que nous soyons mobilisés pour combattre ce qui peut menacer cette liberté. J’ai écrit à Jean-Pierre Raffarin pour témoigner de ma profonde émotion.

Que lui demandez-vous ?

Il est important que l’homophobie soit désormais désignée comme un comportement délictueux. Il faut que le droit dote notre pays de moyens de réprimer de façon nette les agressions verbales ou plus directes. J’ai pris note que le garde des Sceaux a reçu la mère et l’ami de Sébastien Nouchet. Je serai très attentif à ce que cette sollicitude s’exprime au plus vite par une initiative législative. Il y a lieu de montrer par une loi que nous sommes attachés au respect des gens à conduire leur vie sexuelle de façon sereine. Il faut sortir de ces comportements d’un autre temps, l’homophobie est un délit qui insulte la dignité des gens.

En faites-vous un engagement personnel ?

J’ai connu une époque, heureusement révolue, où l’aveu d’homosexualité était quelque chose de dramatique et blessant dans la vie d’un individu. Le seul avantage de ce triste événement est de nous inciter à ne plus tergiverser et ne pas en faire une affaire politicienne qui oppose droite et gauche. Il est temps de désigner le mot « homophobie » comme un délit et d’affirmer que nous sommes respectueux des choix sexuels de tous les individus. J’ai ma part à prendre dans ce combat.

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Non à la barbarie homophobe !

Communiqué du 10 février 2004 de l’interassociatif de lutte contre l’homophobie.

Le 16 janvier 2004, à Nœux-les-Mines (Pas de Calais), Sébastien a été brûlé vif par une bande d’individus du fait de son homosexualité ! Après 15 jours de coma, brûlé au troisième degré, il se bat pour rester en vie.

L’interassociatif de lutte contre l’homophobie est effrayé par la cruauté de cet acte, qui fait suite à de multiples agressions subies précédemment par la victime. Il entend témoigner son soutien et sa solidarité à Sébastien, son ami, sa famille et ses proches.

Au delà de cet acte abominable, ce sont des dizaines, voire des centaines d’actes violents qui sont commis tous les ans dans notre pays du fait de l’orientation sexuelle des victimes. Les insultes, les agressions, les viols et les crimes dont sont victimes les homosexuel(le)s doivent être identifiés et réprimés sans attendre.

L’interassociatif est par ailleurs consterné de l’absence de réaction des pouvoirs publics et de la quasi-totalité de la classe politique à la suite de cet événement.

De tels actes démontrent, s’il en était encore besoin, qu’il est urgent de mettre sur pied l’autorité indépendante de lutte contre les discriminations dont de nombreuses associations notamment celles qui sont réunies au sein du collectif pour une autorité indépendante universelle de lutte contre les discriminations, réclament la création depuis de longs mois.

Car au delà de la répression, c’est bien la prévention et l’éducation aux sexualités qu’il faut développer. Il est en effet urgent de mettre en œuvre une véritable politique publique de lutte contre les discriminations fondées notamment sur l’orientation sexuelle, consistant à :

• mettre sur pied des campagnes de communication et de sensibilisation,
• mettre en œuvre des programmes de formation,
• répertorier l’ensemble des violences commises,
• aider les victimes dans leurs actions en justice,
• compléter et réformer les textes juridiques symboliques de lutte contre les discriminations.

Contacts

Olivier Denoue (AIDES) 01 41 83 46 56

Thierry Lesellier (SIS) 01 44 93 16 30

Notes

[1Jean-Louis Bory et Guy Hocquenghem- Comment nous appelez-vous déjà ? Calman-Lévy 1977.

[2En février 2004, Jean-Jacques Aillagon était ministre de la Culture.


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