Marc-Etienne n’aime pas Aïcha (maj)


article communiqué de la section LDH de Toulon  de la rubrique extrême droite > FN : le cru 2014
date de publication : dimanche 22 mai 2016
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Après avoir interdit ou tenté d’interdire des spectacles bien innocents qui devaient se dérouler dans sa ville [1], le maire Front national de Cogolin, Marc-Etienne Lansade, a fait pression sur une école pour qu’elle déprogramme la chanson Aïcha – dont vous trouverez un enregistement vidéo ci-dessous, à la suite du communiqué de la section LDH de Toulon.

Devant le refus de l’école et la montée des protestations, le maire de Cogolin a préféré faire machine arrière, et déclarer : « nous avons rétabli les subventions et cette école ne subira aucune baisse de dotation drastique ».

[mis en ligne le 14 mai 2016, mis à jour le 15, puis le 22]



Communiqué de la section LDH de Toulon

Interventions intempestives du maire de Cogolin dans le domaine pédagogique

Décidément, le maire Front national de Cogolin, Marc-Etienne Lansade, ne recule devant rien. Il y a quelques jours, il paradait au milieu des tristes vestiges d’un camp de Roms [2]. En septembre 2014, il avait interdit un spectacle de danse orientale lors du gala des associations, en déclarant « on est en Provence, pas en Orient » et un tel numéro risque de « heurter la sensibilité » du public.

Nouvel objet de son obsession, une école avait choisi la chanson Aïcha de Jean-Jacques Goldman, interprétée par Cheb Khaled, pour leur participation à la fête de fin d’année... au grand dam du maire qui a utilisé des moyens injustifiables pour tenter de faire déprogrammer cette chanson, évoquant la possibilité de diminuer de façon drastique les subventions de fonctionnement de l’école. Soutenue par les syndicats enseignants et par les familles, l’école a refusé de céder. Devant la montée des protestations, le maire de Cogolin a préféré faire machine arrière.

Il aurait dû savoir qu’un maire n’a aucun droit d’intervenir dans les méthodes pédagogiques des établissements d’enseignement.

A Toulon, le 17 mai 2016


Le maire de Cogolin baisse la dotation d’une école pour faire supprimer la chanson “Aïcha” de son spectacle

par Place publique, le 13 mai 2016


Après avoir interdit la représentation de danses orientales à une association, après avoir censuré un projet d’animation du centre de loisirs sur le thème des “différences”, le Maire de Cogolin Marc Etienne Lansade met la pression sur une école pour qu’elle retire la chanson “Aïcha” du spectacle qu’elle a préparé dans le cadre d’un projet pédagogique musical, validé par l’inspecteur, sur le thème d’un “voyage autour de la Méditerranée”, avec des chansons italiennes, grecques, françaises, provençales etc...

L’ingérence politique du maire dans le projet d’une école est une atteinte inacceptable à la liberté pédagogique des enseignants. Le procédé qu’il utilise pour arriver à ses fins est quant à lui odieux.

Tout a commencé par l’annonce faite à cette école que sa dotation financière allait être réduite de 64%, alors que celles allouées aux autres écoles diminuaient de 20%. La raison invoquée était que d’importants travaux de climatisation étaient nécessaires dans l’école visée et qu’il fallait compenser cette dépense importante. Cet argument ne tient pas la route, puisque les dépenses d’équipement et d’entretien des bâtiments scolaires primaires sont bien à la charge des communes, indépendamment de la dotation allouée aux écoles pour financer leurs projets pédagogiques, leurs sorties et matériels scolaires. Par ailleurs, une baisse différenciée de cette dotation entre les écoles crée une rupture d’égalité des élèves devant le service public. Le motif invoqué est tombé de lui-même quand on a appris que les travaux de climatisation ne concernaient finalement pas cette école, mais un autre établissement scolaire de la commune.

Ensuite, il y a eu la remarque faite lors d’un conseil d’école par l’adjointe aux affaires scolaires qui, alertée par quelques parents, a fait savoir que la présence de la chanson “Aïcha” dans le répertoire du spectacle projeté n’était pas bienvenue. Pour clôturer ce scénario lamentable, il y a eu enfin cet horrible chantage fait par le maire à l’école à qui il a proposé de rétablir la dotation à condition qu’elle retire la chanson “Aïcha” de son projet pédagogique et du spectacle !

Place Publique dénonce avec force cette nouvelle atteinte grave à la laïcité et la méthode utilisée par le maire pour essayer d’arriver à ses fins.

Dernière minute : Sous la pression des représentants de l’institution scolaire, des syndicats et du mouvement de colère grandissant, le maire a fait marche arrière en renonçant à la baisse de la dotation à l’école Fontvieille. Va-t-il comme à son habitude déclarer qu’il n’est pour rien dans cette affaire ?

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Chanson ou subvention ?

France inter, le 13 mai 2016

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Après s’être mis en scène dans une vidéo tournée dans un camp de Roms en cours de destruction [3]. Après avoir l’an passé, interdit la représentation de danses orientales à une association, le maire Marc-Etienne Lansade, aurait fait pression sur une des écoles de sa ville pour qu’elle retire la chanson "Aïcha" - écrite par Jean-Jacques Goldman et interprétée par Khaled - de son spectacle de fin d’année prévu le 14 juin. Un projet pédagogique pour les élèves de CM1-CM2 sur le thème d’"un voyage en Méditerranée" avec des chansons italiennes, grecques, françaises et donc orientales.

Si toutes les subventions accordées aux écoles de Cogolin ont baissé de 25% cette année, celle dédiée au groupe scolaire Fontvieille a été, dans un premier temps, amputée de 64%.

"Rien à voir avec le choix de la chanson" dit le maire, qui n’a pas souhaité être enregistré. Il fallait refaire la climatisation dans cette école. L’élu parle de "corrélations capilotractées".

L’Inspecteur d’Académie est directement intervenu jeudi auprès du maire pour qu’il revoit sa position. Face à la polémique et "pour [faire] taire les rumeurs", dit le maire Marc Etienne Lansade, la subvention de l’école concernée vient d’être réévaluée. Francis Jose-Maria, président du collectif cogolinois "Place Publique" qui s’oppose à la municipalité FN dénonce la méthode du maire

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La musique met le feu aux poudres à récole Fontvieille

par D. Z., Var-Matin, le 14 mai 2016


Cogolin. Plusieurs parents d’élèves accusent la municipalité FN de faire pression pour que le spectacle de fin d’année de leurs enfants soit amputé de la chanson Aïcha. Démenti du maire.

Aïcha, Aïcha, écoute-moi ;
Aïcha, Aïcha, t’en vas pas ;
Aïcha, Aïcha, regarde-moi ;
Aïcha, Aïcha, réponds-moi...

Les paroles lancinantes de cette chanson écrite et composée par Jean-Jacques Goidman - interprétée il y a vingt ans par le chanteur Khaled - est au centre de tous les débats derrière les murs de la vénérable école primaire Fontvieille de Cogolin.

En effet, si la musique est censée adoucir les moeurs, il n’en est rien dans cet établissement niché entre le Cosec et le gymnase, le « gym B ». Au contraires, la chanson, bien malgré elle, déchaîne les passions depuis l’annonce aux élèves de CM1 que le spectacle de fin d’année Autour de la Méditerranée, préparé depuis la rentrée, n’aura pas lieu au centre Maurin-des-Maures comme il est de coutume.

« Pression » et « chantage »

«  Lorsque mon fils, Adel, m’a raconté mercredi que sa maîtresse avait expliqué, des larmes dans la voix, les raisons de cette décision, mon sang n’a fait qu’un tour, explique Malika Ouarezki, maman d’élève mais également élue d’opposition au conseil municipal. Il m’a dit les adultes qui décident en mairie ont fait annuler le spectacle car ils ne voulaient pas que l’on chante une chanson en arabe. La mairie a fait pression pour que la chanson Aicha soit retirée du spectacle ! C’est une atteinte aux libertés pure et simple. Une chanson n’a pas de frontière, et surtout pas aux yeux des enfants. Si celle-ci ne plaît pas à nos responsables municipaux, Aicha fait partie intégrante du spectacle de fin d’année. »

Devant le portail, les parents sont consternés mais surtout en colère. «  C’est dégueulasse, lance une maman. Les enfants étaient fiers de chanter tout ce qu’ils ont appris dans l’année. Sous prétexte que c’est une chanson à connotation arabe, la mairie veut l’enlever du programme. »

«  Les enseignants ont subi une énorme pression pour retirer cette chanson, confirme Suzanne Merlen, déléguée des parents d’élèves. On les a menacés de baisser les subventions à l’école de 64 %, au lieu de 25 % pour les autres écoles, s’ils ne retiraient pas la chanson. C’est du chantage. Lors du conseil d’école du 23 février, le problème avait été abordé. La représentante du maire avait même demandé ce qu’une chanson israélienne soit intégrée au spectacle pour compenser. La directrice avait répondu que le programme d’action École-Collège, dans le cadre duquel s’inscrit le spectacle de fin d’année, avait été validé tel quel et qu’un changement soudain n’était pas envisageable. »

Réunion des parents mercredi prochain

Contactée, la directrice de Fontvieille, Aurore Debackère, nous a engagés, en vertu de son devoir de réserve, à nous retourner auprès de l’inspecteur d’académie pour évoquer ce sujet polémique. M. Bernard Revest, à son tour, n’a pas souhaité évoquer le sujet du jour mais a tenu à rappeler que l’école Fontvieille était « réputée pour la qualité de ses projets pédagogiques » et qu’à ce titre « elle intégrerait l’année prochaine le projet de La main à la pâte en tant qu’école pilote.  »

Une réunion entre les enseignants et les représentants des parents d’élèves est programmée mercredi prochain, à 8 h, afin d’évoquer la situation. Fati Fiantino, déléguée aux Affaires scolaires et périscolaires, présente lors du conseil d’école du 23 février, sera peut-être là...

« Encore un procès d’intention ! »

[Publié dans Var-Matin le 14 mai 2016]


« La mairie n’ayant aucun droit de regard sur un programme éducatif, il n’est évidemment pas question pour nous d’intervenir dans le contenu d’un spectacle de fin d’année d’une école primaire ! »

Le maire de Cogolin rejette vertement les accusations dont il a « entendu parler » depuis quelques jours. « Qui se sent morveux se mouche ! Nous avons toujours à faire à des gens mal-intentionnés qui font courir des bruits destinés à nuire, poursuit Marc-Etienne Lansade. Il y a eu effectivement des réflexions au niveau des subventions cor de nombreux travaux sont nécessaires. Mais qu’ils se rassurent, nous avons rétabli les subventions et cette école ne subira aucune baisse de dotation drastique. »

« Ceux qui font courir de telles informations font preuve d’une ignorance rare du rôle de chacun. C’est encore un procès
d’intention ! Quand on veut piquer son chien on dit qu’il a la rage. Ensuite, si certains spectacles programmés peuvent ètre annulés ou reportés c’est le plus souvent pour des raisons de sécurité. Une notion que tout le monde devrait avoir assimilé aujourd’hui. Il est désormais plus compliqué et coûteux d’organiser autant d’animations qu’auparavant. Ces accusations, encore une fois ne sont que pure fantaisie.
 »

Affaire "Aïcha" : enseignant et parents d’élèves montent au front

par S. Chaudhari et P. P., Var-Matin, le 15 mai 2016


II fallait s’y attendre. Les prises de parole publiques ont été logiquement nombreuses et ce, avant même la publication dans nos colonnes, hier, de l’article intitulé « La musique met le feu aux poudres à l’école Fontvieille ».
En première ligne de la levée de boucliers : les syndicats enseignants et ceux de parents d’élèves, qui sont très vite montés au créneau via également les réseaux sociaux.

Rappel des faits : plusieurs parents d’élèves accusent la municipalité FN de faire pression pour que la chanson écrite et composée par Jean-Jacques Goldman, Aïcha, et interprétée par Khaled soit retirée du spectacle de fin d’année Autour de la Méditerranée (prévu le 14 juin) et préparé depuis la rentrée.

Ils invoquaient également des « menaces de baisse de la subvention allouée à l’école  » de 64 % (au lieu des 25 % pour les autres écoles de la ville) suscitant sidération puis colère
 [4].

- Du côté du SE-UNSA, c’est carrément le secrétaire général, Christian Chevalier, qui est monté au filet.
«  En prenant une telle décision, c’est une liberté fondatrice de l’école de la République qui est remise en question : la liberté pédagogique des enseignants dans le cadre des programmes nationaux, rappelle-t-il.« La mesure de rétorsion, si elle est, au final, vraiment appliquée, va toucher les ménages les plus modestes qui devront mettre la main à la poche pour équiper leurs enfants des fournitures scolaires indispensables. »

Le responsable national du syndicat tient par ailleurs à assurer « de toute sa solidarité l’ensemble de l’équipe éducative de cette école et, plus largement, des autres écoles de Cogolin. »

Et de conclure par une note plus politique : « Pour ceux qui en doutaient encore, la "France apaisée" (slogan de la nouvelle affiche du FN, Ndlr) du Front national est une France de la mise au pas. »

- Une deuxième organisation, la FCPE [5] du Var a immédiatement fait savoir qu’elle « s’insurge contre cette décision du maire FN de Cogolin de diminuer le budget d’une école pour désaccord avec le projet pédagogique.

- Le SNUIpp-FSU a lui aussi longuement élevé la voix et « dénonce ces procédés arbitraires et inappropriés ». (...) Sanctionner financièrement une école est une pratique scandaleuse et inacceptable qui, de plus,
pénaliserait les élèves.
 » Le groupe a annoncé qu’il avait interpellé la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, à ce sujet « pour qu’un rappel à l’ordre contre ces intrusions dans les programmes et les projets soient faits. Il met en garde tous ceux qui cherchent à instrumental& ser l’école à des fins partisanes et politiciennes pour véhiculer des idées d’exclusion », avant de soutenir les enseignants, les élèves et les parents.

Notes

[4Contacté par nos soins vendredi, le premier magistrat s’est voulu rassurant en affirmant avoir « rétabli » les subventions

[5Le SE-UNSA et le SNUIpp-FSU sont des syndicats d’enseignants, alors que lq FCPE est une fédération de conseils de parents d’élèves. (note de LDH Toulon)


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