Chelsea Manning bientôt libre


article de la rubrique démocratie > Bradley Manning
date de publication : lundi 6 février 2017
version imprimable : imprimer


Lors de sa dernière conférence de presse, le président Barack Obama a annoncé que Chelsea Manning bénéficiera, non pas d’une grâce, mais d’un allègement de peine lui permettant d’être libérée en mai 2017.

L’ancien militaire américain avait été condamné en 2013 à 35 années de détention, pour avoir transmis des documents confidentiels à Wikileaks. Cette décision historique ne manquera pas d’affecter d’autres personnes, et en premier lieu Julian Assange, le cofondateur de WikiLeaks. Le cybermilitant australien est cloîtré depuis quatre ans et demi dans l’ambassade d’Equateur à Londres, où il bénéficie d’un asile politique

La détention de Bradley Manning avait pris une nouvelle dimension lorsque le prisonnier avait annoncé être transgenre, puis entamé une difficile bataille pour faire évoluer son identité. En 2014, la justice reconnaissait son changement de prénom en Chelsea, tout en continuant légalement à le considérer comme un homme.


CHELSEA MANNING BIENTÔT LIBRE !

D’après Amnesty international, le 18 janvier 2017.


Chelsea Manning était membre de l’armée américaine. Témoin de violations des droits humains, elle a partagé avec WikiLeaks des documents confidentiels de l’armée qui documentaient de possibles violations du droit humanitaire et des droits fondamentaux, notamment en Irak.

Chelsea Manning est une lanceure d’alerte. Pour ses actions, elle a écopé de 35 ans de prison. Arrêtée en juin 2010 et placée en détention, elle avait été jugée par une Cour martiale en 2013.

Chelsea Manning a commencé sa transition vers le genre féminin en détention, en ayant été empêchée lorsqu’elle était membre des forces armées. Elle s’est alors vue refuser les traitements appropriés pour accomplir ce changement de sexe et vivre selon son identité de genre dans le respect de ses droits.

Des conditions de détention inhumaines et dégradantes

En détention, ses droits fondamentaux ont été violés. A son procès, elle n’a pas eu le droit de plaider qu’elle avait agi dans l’intérêt général, en vertu d’une loi sur l’espionnage datant de la Première Guerre mondiale (Espionage act), qui rendait les conditions de son procès profondément inéquitable. Elle est restée en détention préventive pendant onze mois, ce qui a été dénoncé par le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture comme un traitement cruel, inhumain et dégradant.

En prison, elle a fait une première tentative de suicide. Les autorités l’ont alors de nouveau placée à l’isolement. Suite à cette sanction, Chelsea Manning a tenté une nouvelle fois de mettre un terme à ses jours.

Un espoir pour Edward Snowden

La libération prévue de Chelsea Manning est une nouvelle dont on ne peut que se réjouir. Toutefois, il faut rappeler que les auteurs des violations des droits humains qu’elle a dénoncés n’ont eux jamais été traduits devant la justice. Au lieu de poursuivre le messager, les Etats-Unis devraient poursuivre ceux qui commettent ces violations. Les lanceurs d’alerte servent l’intérêt public. En commuant la peine de Chelsea Manning, Barack Obama l’a partiellement reconnu.

Selon lui, le procès de l’ancien militaire, aujourd’hui âgé de 29 ans, avait été « équitable », mais la sanction « était disproportionnée par rapport à celle d’autres lanceurs d’alerte. »

Edward Snowden, lanceur d’alerte qui, en cas de retour aux Etats-Unis, risque la même condamnation que Chelsea Manning. au terme d’un procès tout aussi inique, [aurait dû] être gracié.


Suivre la vie du site  RSS 2.0 | le site national de la LDH | SPIP