Cannes : la liberté de manifester est-elle réservée à certains ?


article communiqué de la LDH  de la rubrique libertés
date de publication : jeudi 16 septembre 2010
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Le 4 septembre dernier, le préfet des Alpes-Maritimes avait décidé d’interdire sans explication la manifestation organisée à Cannes contre la xénophobie et la politique du pilori. Aujourd’hui, l’un des responsables de cette manifestation a été convoqué par la police.

On n’a pas souvenir que la manifestation organisée à Cannes le 21 mai dernier par des nostalgériques qui protestaient contre la présence au festival du film Hors la loi ait rencontré la moindre difficulté de ce genre.

[Mis en ligne le 13 septembre 2010, mis à jour le 16]



Communiqué de la LDH

Paris, le 13 septembre 2010

Cannes : on interdit bien les manifestations

C’était le 4 septembre. A Cannes, comme dans tant de villes de France, une manifestation d’associations, de syndicats, de partis politiques et de citoyens a crié son opposition à la xénophobie et à la politique du pilori.

Stupeur ! Le préfet décide de l’interdire sans qu’aucun élément d’explication ne permette de déterminer la raison de cette décision. Le rassemblement et la manifestation ont eu lieu pour affirmer ce droit fondamental qu’est celui de s’exprimer, et de le dire publiquement.

Aucun élément de trouble à l’ordre public n’étant visible, on peut se demander si le préfet ne s’octroie pas personnellement le privilège de fixer les conditions de l’exercice de la démocratie. Serait-ce que la seule politique gouvernementale mérite d’être publique ?

Lundi 13 septembre, Henri Rossi, vice-président de la section Cannes-Grasse de la LDH et membre de son Comité central, était auditionné dans le cadre d’une procédure diligentée par le préfet pour la tenue de cette manifestation interdite. Il convient que le préfet sache que Henri Rossi bénéficie du soutien de toute l’organisation, et que l’on ne s’attaque pas impunément à ses militants.

C’est une conception bien limitée de la démocratie, qui consiste à la réduire aux aguets et à l’intimidation. Car, enfin, qui trouble l’ordre public ? Celles et ceux qui manifestent pacifiquement leurs opinions et leur respect de tous les droits fondamentaux, ou bien les agents d’un ministre, donneur d’ordres aux préfets, qui se révèle être un multirécidiviste, déjà condamné pour injure à caractère raciste, et auteur d’une circulaire indigne incitant à la discrimination envers les Roms ?

La LDH restera très attentive à la suite qui sera donnée par la justice à cette procédure dont la disproportion avec les faits frise le ridicule.

Un des organisateurs de la manifestation du 4 septembre pourrait avoir affaire à la justice. (Photo D. R.)

Convoqué au commissariat pour une manifestation

par P. V., Nice-Matin, le 13 septembre 2010


Le responsable de la Ligue des droits de l’homme est entendu ce lundi matin à propos du rassemblement du 4 septembre contre la politique de Nicolas Sarkozy.

La manifestation organisée le 4 septembre (lire notre édition du 5 septembre) par un collectif d’associations contre la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy tourne maintenant au vinaigre. L’un des organisateurs, Henri Rossi, responsable de la section cannoise de la Ligue des droits de l’homme (LDH), est convoqué aujourd’hui à 9 heures au commissariat de Cannes pour s’expliquer sur « l’occupation illicite de la voie publique ».

Le samedi 4 septembre, les manifestants avaient prévu de se regrouper devant le monument aux Morts pour défiler ensuite sur 100 mètres de voie publique. Mais la veille, ils ont appris que la manifestation n’était autorisée par le sous-préfet qu’à la condition qu’elle reste statique et cantonnée aux allées de la Liberté. Les organisateurs ont néanmoins maintenu le rassemblement au pied du monument aux Morts de l’hôtel de ville et tenté deux incursions sur la voie publique. Rapidement refoulés par la police nationale, ils ont fini par se disperser.

« Restreindre nos libertés »

« Sur les allées, le samedi, il y a les boulistes, les terrasses de restaurant, le marché des artistes et des brocanteurs, explique Henri Rossi. Alors nous n’y sommes pas allés. Mais ce qui m’inquiète dans cette histoire, c’est cette façon de restreindre nos libertés et de s’en prendre au droit de manifester. Une manifestation peut être effectivement interdite mais seulement quand elle occasionne un trouble grave à l’ordre public. Ce qui n’était vraiment pas le cas. »

Il n’empêche, la justice pourra éventuellement décider d’une sanction qui, selon Hervé Lavisse, co-organisateur de cette manifestation et militant du Front de gauche, confirme une tendance qu’il veut dénoncer. « Les atteintes aux libertés publiques se multiplient. On ne peut même plus tracter sur les marchés de Cannes, du Cannet et de Mandelieu sans voir arriver la police qui tente de nous interdire de continuer  », renchérit-il à l’unisson des élus communistes du département qui ont interpellé, jeudi par courrier, le préfet Francis Lamy.

P.-S.

Dernière minute

Convoqué au commissariat lundi, soutenu par de nombreux militants, je suis ressorti libre.

Jeudi 16 ce sont mes deux cosignataires de la "déclaration de manifestation" qui sont convoqués au commissariat : à 15h00 pour Hervé LAVISSE et 15h30 pour Dominique HENROT.

Lorsque l’officier de police m’a téléphoné pour m’en informer il m’a demandé aimablement si nous serions nombreux pour les soutenir. J’ai répondu qu’évidemment nous serions au moins autant qu’avec moi.

L’intérêt serait d’être encore plus nombreux pour montrer la montée en puissance du ras le bol.

Henri Rossi



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