Big Obama is watching you


article de la rubrique Big Brother > Prism
date de publication : jeudi 4 juillet 2013
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Un informaticien, qui travaillait depuis quatre ans pour l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA), a transmis au Guardian des informations confidentielles concernant les programmes de surveillance des communications mis en place par les Etats-Unis. Le quotidien britannique les a publiées sur son site Internet le 9 juin 2013, et elles ont été confirmées par le Washington Post.

Pour avoir dévoilé le système Prism qui permet au gouvernement américain d’accéder aux serveurs des "géants de l’internet", pour espionner tous les utilisateurs de Google, Facebook etc., Edward Snowden prend rang comme “lanceur d’alerte” – whistleblower – aux côtés de Bradley Manning, actuellement en cours de jugement aux États-Unis.

Par une lettre ouverte adressée à François Hollande le 3 juillet 2013, la LDH apporte son soutien à Edward Snowden.

[Mis en ligne l 13 juin 2013, mis à jour le 4 juillet]



Voir en ligne : sur le blog de Jean-Marc Manach

Lettre ouverte de Pierre Tartakowsky à François Hollande

Paris, le 3 juillet 2013

Monsieur le Président,

La Ligue des droits de l’Homme souhaite attirer votre attention sur la situation de M. Edward Snowden, à qui nous devons les révélations concernant l’existence d’un programme américain collectant des renseignements sur les serveurs de différentes sociétés exerçant dans le domaine de l’Internet.

Grâce au courage de M. Snowden, le monde a appris que la National Security Agency (ci-après « NSA ») et le Federal Bureau of Investigation (ci-après « FBI ») disposent d’un accès direct aux serveurs de neuf sociétés américaines exerçant dans le domaine de l’Internet, soit Microsoft (depuis 2007), Yahoo (depuis 2008), Google, Paltalk et Facebook (depuis 2009), Youtube et Skype (depuis 2010), AOL (depuis 2011) et, enfin, Apple (depuis 2012).

C’est grâce à sa détermination que nous avons appris l’espionnage systématique dont faisaient les frais les citoyens et les institutions de l’Union européenne via le programme Prism.

Vous avez eu à cette occasion des mots forts pour dénoncer ces pratiques et exiger qu’elles cessent immédiatement. De leur côté, les autorités américaines, ainsi d’ailleurs que les grands acteurs privés directement impliqués, ont multiplié des déclarations qui vont du déni à la banalisation pure et simple d’un système d’écoute généralisé initialement présenté comme exclusivement destiné à lutter contre le terrorisme.

Mais corrélativement à ces déclarations, les lanceurs d’alerte tels que M. Snowden sont incriminés, poursuivis et traités de façon infamante. Juan Ernesto Mendez, rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, a déclaré, concernant le soldat Bradley Manning, soupçonné d’avoir été l’informateur de Wikileaks, qu’il avait subi « un traitement cruel » en étant tenu à l’isolement pendant des mois au cours de sa détention préventive aux Etats-Unis.

Dans ce contexte, M. Snowden est légitime à penser qu’il ne bénéficierait pas d’une justice sereine et équitable sur le territoire des Etats-Unis qu’il a préféré quitter. Il est aujourd’hui demandeur d’asile, comme défenseur des droits et lanceur d’alerte. La France s’honorerait en lui offrant l’accueil qu’il mérite à ce double titre.

C’est pourquoi nous vous demandons, Monsieur le Président, d’agir en ce sens en vous remerciant d’avance de l’attention portée à notre démarche et en vous assurant de l’expression de notre haute considération.

Pierre Tartakowsky
Président de la Ligue des droits de l’Homme


Big Obama is watching you

« Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis », disait Sertorius, qui avait perdu un oeil. Washington est aussi partout où l’on est. Et nous a à l’oeil jusque dans notre chambre à coucher si on a le malheur d’y laisser traîner caleçon et liaison Intemet. Un « lanceur d’alerte » vient de confesser à la planète le joli rôle d’ hypervoyeur joué par l’Amérique d’Obama. Cet informaticien de 29 ans, Edward Snowden, ex de la CIA, choqué par l’ampleur des mesures de surveillance, a tout raconté à la presse. « Je ne peux, en mon âme et conscience, laisser le gouvernement américain détruire la vie privée, la liberté d’Internet et les libertés essentielles pour les gens tout autour du monde avec ce système énorme de surveillance qu’il est en train de bâtir secrètement. » La conscience soulagée, il est allé se réfugier à Hongkong, territoire chinois où, en matière de piratage et de surveillance des citoyens, les autorités sont transparentes...

A en croire Snowden, la CIA et la NSA passent leur temps à surveiller tout le monde, au prétexte de lutter contre le terrorisme. Les Américains à partir de leurs appels téléphoniques, mais surtout le reste du globe via les réseaux sociaux. Les deux agences de renseignement ont mis en place le programme Prism, qui leur permet d’espionner hors des Etats-Unis toutes les données circulant sur la Toile (courriels, photos, vidéos...). Les géants de l’Intemet Yahoo, Google, Facebook, Microsof, AOL, YouTube sont complices. Tous démentent, de peur d’y perdre leurs clients et des milliards de dollars. Il est vrai que c’est désagréable pour les intemautes d’imaginer que toutes leurs conversations et toutes leurs commandes à La Redoute finissent sur le bureau d’Obama. Qu’est-ce que ce serait s’il n’avait pas promis de ne pas imiter Bush junior...

Le pire, c’est que Big Brother Obama, dit « Big Mama », a tout confirmé. « Cela ne s’applique pas aux citoyens américains », a-t-il tenu à rassurer, ce qui a fini d’inquiéter les quatre cinquièmes de la planète. Son directeur du Renseignement, James Clapper, s’est lamenté devant la « révélation irresponsable » de ces secret-défense, et le ministère de la Justice a été saisi. Le pauvre Snowden est menacé du même sort que Bradley Manning, 25 ans, qui risque la prison à perpétuité pour avoir fourni à « WikiLeaks » des centaines de milliers de documents secret-défense sur les activités militaires américaines en Afghanistan et en Irak.

« Je suis prêt à sacrifier tout cela (...). Vous ne pouvez pas savoir tout ce qu’il est possible de faire, l’ampleur de leurs capacités est horrifiante », répond Snowden. Les Renseignements français n’en doutent pas, qui pensent que les Américains ont la capacité de s’introduire dans leurs ordinateurs. Prévoyant, Hollande a annoncé, le 10 juin, la création d’une Inspection des services de renseignement pour mieux contrôler les services français. Il ne manquerait plus que toutes ses conversations de président finissent sur le bureau de
Big Mama.

J.-M. Th.
Le Canard enchaîné du 12 juin 2013


Qu’est-ce que Prism ? [1]

Un programme de surveillance mis en place par les Etats-Unis pour suivre de manière étendue l’activité en ligne d’un très grand nombre de personnes.
Il permet à la NSA de collecter des informations auprès d’entreprises américaines, dont la plupart des géants du Web. Le système Prism
collecte courriels, fichiers, photos, le contenu des communications audio et video par Internet, des informations sur les réseaux sociaux et des événements comme la connexion à certains sites. Selon les documents révélés par The Guardian, les entreprises doivent aussi être en mesure de répondre à des requêtes spéciales. La NSA aurait ainsi collecté 97 milliards d’informations au cours du mois de mars 2013.

Les entreprises concernées : Microsoft, Google, Yahoo !, Facebook, PalTalk, Youtube, Skype, AOL, Apple. La plupart des entreprises ont publié des démentis similaires, expliquant que la NSA ne pouvait pas se connecter directement à leur serveur et n’avoir jamais entendu parler d’un programme appelé “Prism”, sans toutefois nier avoir collaboré avec les renseignements américain.

À signer : une pétition de soutien à Edward Snowden


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